Partie 2

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C’est ainsi que la tranquille petite vie d’Alister Treno prit fin. Il n’y avait bien sûr pas grand-chose à regretter. Il n’avait que très peu d’amis et pas vraiment de famille. Ses parents morts quand il était encore en bas âge, l’ébéniste avait plus ou moins toujours vécu de manière recluse et solitaire. Malgré tout, il lui était impossible de se départir d’une sensation désagréable qui n’avait cessé de croître en lui. Jour après jour, bal après bal, le malaise des débuts, qu’il crut d’abord passager, n’avait fait que s'amplifier. Ce, bien malgré la présence constante et rassurante de Lenaciel, qui, en toutes circonstances, a toujours fait montre de patience et de bienveillance envers lui. Avant cette semaine, il ne l’avait pourtant aperçu de loin qu’une poignée de fois, néanmoins il se sentait irrésistiblement attiré par sa présence. Sans pouvoir mettre un mot sur ce sentiment, il avait l'étrange impression d'être plus proche de cette femme que d’aucunes des rares personnes qu’il n'eut jamais côtoyées.

Alister se hissa hors de son trône et se dirigea vers le balcon. A pas lent, il marchait silencieusement au milieu de la grande salle de cérémonie qui, il y a quelques heures encore, vibrait au rythme des discussions et des rires des centaines de convives présents pour le banquet final. Maintenant seul, il ne devait plus rester que quelques minutes avant qu’on ne vienne le chercher pour débuter l'ascension.

Il écarta un pan de l’imposante tenture carmin qui le séparait de l'extérieur, s'adossa sur le rebord de la balustrade, et plongea son regard dans le ciel étoilé. D’ici, il pouvait assez clairement apercevoir l’éclat magenta émanant de la grande tour d’Aestria. La cité flottante en elle-même n’était guère plus imposante qu’une pomme à cette distance, mais l’intense lumière qu’elle produisait en permanence ruisselait ostensiblement sur ses frontières. Laissant nettement deviner ses contours spiralés. Telle une toupie que l’on aurait soigneusement évidé, ne laissant que des petites bandes constellées d’habitations s’enrouler autour de l’axe central, elle tournoyait paisiblement dans les cieux. Je me demande bien comment sera ma nouvelle vie là-haut. On dit que le haut peuple vit en toute tranquillité, sans avoir à se soucier de l’argent, de la nourriture, ou même de la mort. A quoi peuvent-ils bien occuper leurs journées ? Passent-t-ils leur temps à faire des fêtes comme au palais ? Cette idée lui déplaisait fortement. J’espère que je pourrais continuer à fabriquer des meubles, juste un peu, c’est la seule chose que je sache faire.

− Saint Ascensionné ?

Dans un bruissement de tissu, la robe vanille de la chancelière apparue au creux de la tenture entrouverte.

− Je suppose qu’il est l’heure d’y aller, Lenaciel ?

− Effectivement. Les prêtres vous attendent, il est temps de débuter l'ascension.

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