Chapitre 39.4

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Ils étaient allés à Paris, en France, et en avaient profité pour visiter le Musée du Louvre qui ne ressemblait pas à celui qu’ils avaient connu. Une grande partie des œuvres majeures avaient disparu des exposition et de nouvelles section dédiées aux arts extraterrestres avaient les honneurs des rares visiteurs physiques, et de ceux, incalculables, virtuels. Ils dinèrent ensuite dans un restaurant typiquement parisien.

Ils s’étaient aussi téléportés à Glasgow. Elle l’avait incité à voir sa famille de loin, juste pour savoir qui ils étaient vraiment, et comment ils avaient continué à vivre après son décès officiel, mais il avait refusé. Elle n’avait pas insisté et, finalement, ils s'étaient seulement baladés un peu en ville, histoire de n'avoir pas fait le voyage pour rien.

Il avait respecté sa décision de ne pas être scannée, le moins qu’elle puisse faire, c’était d’accepter ses décisions à lui. Elle avait voulu lui faire plaisir, mais au moment même de leur arrivée en Ecosse, elle avait compris que cette destination était une erreur. Revoir son pays ne ferait que raviver la douleur de Will d'être à jamais séparé des siens.

Pourtant, il lui semblait avoir assez bien accepté la mort du Will alternatif, et le fait qu’il était lui-même devenu une singularité. D’après lui, deux personnes identiques venant d’univers parallèles, ou d’une ligne temporelle différente, ne pouvaient coexister dans le même espace-temps. De la même manière que deux espace-temps ne pouvaient coexister.

Sans doute avait-il raison sur ce point. C’était lui le scientifique. Bien qu’en la matière, elle n’avait que son expérience récente pour y croire. Par contre, elle ne partageait pas les inquiétudes de Will concernant les risques qu’ils prenaient à voyager instantanément, sans précaution ou protection, d’un bout à l’autre de la planète.

Will ne cessait de lui répéter qu’à un moment ou à un autre, une caméra, ou même un satellite, capterait leurs soudaines apparitions et leurs toutes aussi soudaines disparitions, même s’ils prenaient soin de se cacher pour cela.

Elle s’était surprise à lui répondre que c’était l’un des risques qu’ils devaient prendre. En fait, elle s’était rendu compte que, depuis son retour sur la Terre, elle n’aimait plus ces mondes où la vie s’écoulait lentement, tranquillement, sans le moindre soubresaut. Elle ressentait désormais une insatiable soif d’aventures. Ce désir de se frotter à l’inconnu, elle ne le craignait plus. Au contraire, elle le sentait désormais ancré en elle et elle le désirait.

Ces derniers mois de ballades galactiques et interplanétaires avaient autant changé ce qu’elle avait été avant de rencontrer son double, que ce qu’elle était devenue après la fusion.

... Et voilà que des momies congelées étaient découvertes dans l’un des endroits les plus inhospitaliers de la planète. La réalité s'était rappelée à eux juste après une excursion à Hawaï.

Ce fut Will qui entendit parler le premier de la découverte de corps non humains momifiés de Prudhoe Bay, Alaska. Pas franchement le genre l’endroit où les individus se font momifier après leur mort. À moins que dans leur cas, cela ait eu lieu avant leur trépas. Le fait que des cadavres ressemblant à des momies congelées remontent à la surface de la neige ou de la glace, et qu’en plus ils soient d’origine extraterrestre, avait immédiatement interpellé Will.

Au cours de son séjour sur Feloniacoupia, Will avait entendu parler d’une espèce extraterrestre qui se nourrissait d’énergie pure. À leur mort, il était d’usage de brûler leur corps afin que ceux-ci ne reviennent pas pour aspirer l’énergie des vivants. Pour les Feloniacoupians, ce n’était rien de plus qu’une légende, au même titre que les vampires sur Terre.

N’ayant pas trouvé de meilleure explication, Will avait supposé que des créatures peu habituées aux conditions de vie sur la Terre avaient pu se laisser surprendre par le froid et la neige, il avait de cela des années, peut-être des siècles.

Un mouvement terrestre, comme un tremblement de terre, ou l'ouverture d'une faille, ou encore un problème de rayonnement solaire comme il pouvait y en avoir dans l'Arctique de ce monde, les avait sûrement mis à jour. Ou bien quelqu’un avait collectionné les dépouilles comme des trophées avant de s’en débarrasser pour une raison ou pour une autre, près de Prudhoe Bay.

Esmelia avait une préférence pour la première explication, bien que les deux lui semblaient tirées par les cheveux.

Cependant, Will n’avait trouvé une mention sur les extraterrestres que dans le premier article qui avait relaté cette découverte. Les autres ne l’évoquaient pas. Pas plus qu’ils ne parlaient d’êtres humains ou d’animaux terrestres du reste. Pour cette raison, il était persuadé qu’il tenait enfin une piste. Quelles que soient les victimes, c’était exactement le genre d’affaires que les autorités voulaient étouffer et qui intéresserait Bradley Carnaham.

Elle savait qu’ils ne pourraient pas se rendre sur place, en Alaska, sous leur véritable identité, sauf s’ils arrivaient à mettre la main sur quelqu’un capable de leur fournir de faux papiers en un temps record. Ce qui s'avérait impossible. Donc, pas d’autres solutions que d’y aller à visage découvert. S’il s’agissait d’extraterrestres, les autorités n’avaient sûrement pas encore capté le message qui annonçait aux initiés : « Attention, présence d’E-T. Mais pas du genre à faire voler les petits vélos au clair de lune et à demander à rentrer à la maison ». C’était plutôt « Troisième planète après le soleil, terrain de chasse privé pour vampires de l’espace ».

Grâce aux ouvrages fournis par Baal, Will avait appris que certains extraterrestres possédaient, soit un ou plusieurs systèmes biologiques, soit des technologies médicales, qui leur permettaient de régénérer leur corps, entièrement ou en partie, afin de rester en vie après une blessure mortelle ou lorsqu’ils semblaient en fin de vie naturelle. Ce qui leur assurait quasiment l’immortalité. L’un de ces dispositifs, artificiel, ressemblait autant à des scanners qu’à des plexitubes hermétiques. Will lui avait dit que Baal en avait un dans son vaisseau.

Lorsqu'il lui avait raconté cela, elle n’avait pu s’empêcher de ciller. Elle n'avait pas vu cet appareil, malgré les différentes recherches qu'elle avait pu faire dans les différents compartiments de l'épave volante. Elle supposait donc que, s'il était si bien caché, c'était parce qu'il fonctionnait et que l'ancien dieu en faisait usage.

Baal avait-il eu recours à ce genre d’appareil récemment ? Elle avait tenté de le savoir, mais Will avait éludé la question, en lui répondant que ces machines, allant jusqu'à recombiner les molécules et ayant une action offensive sur les gènes, pouvaient altérer l’esprit de celui qui en faisait un usage trop fréquent, ou si elles étaient mal réglées.

Elle pensa que Baal avait l’esprit déjà bien tordu…Possible qu’il en ait trop fait l’usage pour conserver une éternelle jeunesse et son charme qu’il savait ravageur auprès des femmes. Franchement, elle le devinait un peu dandy, mais pas au point de vouloir arrêter un vieillissement déjà, par nature, lent. Une nouvelle ride tous les cents ans, plus d'un Terrien se damnerait pour cela.

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