Chapitre 38.5

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Elle eut beau chercher dans l’esprit de Grama, elle ne trouva rien. Aucune trace de contact, de lien avec d’autres extraterrestres. Elle rencontra néanmoins quelques difficultés. Baal lui avait sans doute appris à se défendre contre les attaque psychiques. Pourtant, il l'avait laissée entrer. Elle éprouva un certain respect à son égard, rapidement tempéré par la possibilité qu'il avait sûrement appris à cacher certains souvenirs plus profondément que d'autres. Prudemment, elle préféra se retirer et revenir au présent.

— Il y a ceux qui cherchent le moyen de repartir dans l’espace, expliquait-il. Même si les humains n’ont pas de vaisseaux extrasolaires, du moins officiellement, cela pourrait être possible. Toutefois, les autorités terriennes interdisent le moindre vol hors de l’atmosphère terrestre à cause de l’encombrement orbital.

— Néanmoins, quelques vaisseaux sont parvenus à traverser, lui fit-elle remarquer.

— Ils sont rares, répondit Grama. De nombreux vaisseaux qui ne possédaient plus de bouclier de protection errent parmi les débris. Même les Humains sont prisonniers de leurs planètes, que ce soit la Terre, Mars ou les satellites où ils ont pu s’établir. Là-haut, c’est un vaste cimetière dont personne n’a encore pris la mesure.

— Il leur faudrait une porte ? suggéra Will à voix basse.

— Nous avons cette chance, répondit simplement Grama.

Puis il ajouta :

— Mais je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas remettre cette technologie entre les mains des Humains.

— Je ne sais pas si c’est le cas ici, mais à l’AMSEVE, nous en avions aussi une. Esmelia et moi en sommes les preuves vivantes.

La jeune femme résuma ce que venait de dire Grama :

— Il y a donc ceux qui n’ont plus rien à perdre et veulent reprendre la planète, dominer les humains. Ceux qui essaient de vivre normalement en s’adaptant aux conditions de vie terrestres et en s’intégrant aux autochtones. Et ceux qui n’ont pas encore choisi de camp.

— La Terre est devenue une poudrière où la moindre étincelle peut entraîner une réaction en chaine, les prévint Grama. Pas seulement la Terre. Ici, l’exploration de l’espace est plus avancée que dans nos présents d’origine. Les Humains ont dépassé les limites du système solaire, expliqua-t-il. Ils ont commencé à terraformer des planètes ou des satellites dans leur système, comme Mars ou la Lune. On ne peut pas dire qu’il y ait encore eu une migration massive des Terriens en directions de ces nouveaux habitats, pour les raisons que je viens de vous expliquer. Toutefois, quelques milliers d’hommes et de femmes s’y sont déjà installés. Il paraîtrait aussi que les listes d’attente pour de potentiels vols extra-planétaires à venir ont été rapidement saturée.

— Qu’attendent-ils pour partir ? s’étonna Will. Comment…

— Ils attendent juste qu’une fenêtre s’ouvre, ou qu’une solution soit trouvée pour déblayer l’orbite de la Terre, et même récupérer les débris les plus intéressants. Malheureusement, toutes les expérimentations ont échoué, que ce soit le désorbitage, l’envoi ou la construction d’une station laser pour détruire les débris, ou les tentatives de capture à l’aide de filets ou de bras robotisés.

— Les listes complémentaires sont certainement complètes, elles aussi, supposa Esmelia. Les bases construites en commun par une vingtaine de nations sur la Lune, Mars ou Vénus sont habitées essentiellement par des scientifiques, des techniciens et des militaires. Leurs infrastructures ne sont pas suffisantes pour accueillir plusieurs centaines d’habitants.

— En plus, il doit faire un peu chaud sur Vénus, tenta de plaisanter Will que les connaissances de son amie sur cette nouvelle réalité commençaient à inquiéter.

Grama acquiesça :

— C’est sûr que ce n’est pas la planète la plus hospitalière de ce système. Mais en dehors de la Terre et de Mars… Au moins, tous les états, ou presque, ont pu construire leurs bases, plus petites, sur ces deux planètes, et sur la lune.

Il aurait aussi pu ajouter que seuls les états les plus riches, aidés de consortiums industriels qui avaient payé parfois jusqu’aux deux tiers les frais des recherches sur la propulsion, la construction des vaisseaux spatiaux et des bases, avaient pu s’installer sur les lunes de Jupiter, Europe, Ganymède et Callisto, ou celles de Saturne, Titan, Rhéa, Téthys et Dionée.

La recherche spatiale était à la fois un enjeu politique et commercial.

— Il y a des extraterrestres…

Will se corrigea aussitôt :

— … des extrasolaires sur ces bases ?

— S’il y en a, ils doivent être dans des cellules de contention, supposa Esmelia.

Il y avait trop peu de vaisseaux capables de voyager, et surtout de les conduire en dehors de leur système solaire. La plupart de ces embarcations extraterrestres était des ruines qui avaient dérivé jusque dans ce système. Ils ne valaient pas un dixième de celui de Baal, pourtant déjà bien éprouvé. Pourtant, dans la catégorie épave volante, il était déjà bien classé.

— Si Baal est arrivé sur la Terre, il n’a pas pu en repartir, se hasarda Will. S’il n’a pas été détruit, son vaisseau se trouve en orbite quelque part, parmi les autres débris. Les système de survie ont dû être sérieusement endommagés au point d'être mis hors service.

— De quel Baal, parles-tu, Will ? Celui de ce présent, ou du nôtre ?

— Celui d’ici. Le nôtre, normalement, n’a plus de vaisseau.

— Ce n’était pas vraiment son vaisseau, leur rappela Grama. Il l’a volé à un autre Drægan du nom de Cassibel.

— Je croyais qu’il l’avait gagné au jeu, s’étonna Will.

— Sur les planètes où Cassibel était adoré, celui-ci était considéré comme le dieu de la bonne fortune aux jeux de hasard et de l’amour.

— Je devine comme Baal a obtenu son tas de ferraille, railla Esmelia. J’espère que ce Drægan a été plus heureux en amour.

Will ne put s’empêcher d’ironiser à son tour :

— Sur ce point, je peux vous répondre avec certitude que non.

Avant que quelqu’un lui demande ce qu’il savait sur le sujet, Will préféra en changer :

— J’ai pourtant cru comprendre que Baal avait été un genre de flibustier de l’espace, avant de revenir d’entre les morts. Il avait donc un autre vaisseau.

— Il en a possédé plusieurs, et il les a tous perdus dans des batailles. Sauf un. D’un genre que personne n’a encore jamais vu dans une flotte dræganne. Mais il n’a jamais eu l’occasion de le commander. Son père, Baal L’Ancien, l’a fait déplacer avant sa disparition.

— Faut croire qu’il connaissait bien son fils, railla Esmelia.

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