Chapitre 28.1

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— Écoute, Will. Nous ne sommes plus sur la Terre. Au diable les conventions. Tu en as envie et moi aussi. Je te dis oui, tu me dis oui… Enfin, c’est toi qui voies. Après tout, je peux aussi me tromper.

— Non, au contraire. C’est que je ne m’y attendais pas trop…

— Pourquoi tergiverser ?

— Oui… Non…

Il était paniqué, même s’il essayait de ne pas trop le montrer. Peut-être l’avait-elle un peu trop brusqué.

— Je veux dire, oui. Je suis d’accord. J’aimerais bien, mais là, tu viens de rentrer d’une expédition qui semble t’avoir secouée… et j’ai peur que dès demain matin, tu le regrettes.

— Je ne le regretterai pas, lui assura la jeune femme. C’est promis.

— Je ne le sens pas.

— Alors, c’est non ?

En guise de réponse, il la prit dans ses bras.

— C’est oui. Mais cela ne veut pas dire que je n’ai pas peur que tu m’en veuilles… Demain ou un autre jour.

— Si cela peut te rassurer, c’est moi qui vais profiter de toi.

— Tu es consciente que sur Terre, ce n’est pas le genre de phrase qui doit être prononcée.

— Ce qui montre à quel point j’ai confiance en toi. Mais je pense ce que j’ai dit. J’ai besoin de ton réconfort. J’ai besoin de ton soutien, de ta force… Que tu me prennes dans tes bras… Que tu m’aimes. Qu’en penses-tu, maintenant ?

Il ne répondit pas. Il la prit dans ses bras et la souleva pour l’emporter du pont jusqu’à sa cabine sans rencontrer âme qui vive sur leur chemin.

Lorsqu’elle commença à se dévêtir, il aurait pu opposer un nouveau refus. Il n’en fit rien. Il la couvrit du regard jusqu’à ce qu’elle se retrouve en sous-vêtement, puis il se dévêtit à son tour. Elle accompagna ses gestes posant de tendres baisers sur chacune des parties de son corps qu’il découvrait. Il lui répondait de la même manière, de toute la douceur dont il était capable.

— Comment te sens-tu ? lui demanda-t-elle.

Son visage penché au-dessus du sien, il lui sourit :

— C’est plutôt à moi de te le demander.

— Est-ce que tu m’aime, Will ?

Il ne répondit pas immédiatement. Non qu’il ignorât la réponse. Au contraire. Il ne la connaissait que trop bien. Il craignait surtout de donner corps à quelque chose qu’il ne parvenait pas encore à croire tant il l’avait espéré.

Il trouva néanmoins quelque chose à répondre :

— Tu es tout en haut de ma liste de Terriennes préférées, ironisa-t-i.

— Pas de concurrence, alors, fit-elle avec un sourire en coin.

— Pas la moindre.

— En dehors des Terriennes ?

— J’ai l’impression qu’elles ne sont pas prêtes à tenter l’expérience. Je ne sais pas si tu as remarqué, je suis assez loin des canons du mâle sumérien. Et les autres dieux, ils sont comment ? Tu en as vu quelques-uns, n’est-ce pas ? Ils ont le même caractère que notre hôte ?

Elle haussa les épaules et soupira :

— On en parlera plus tard, Will. Prends-moi dans tes bras, et aime-moi, s’il te plaît.

— On fait du mieux qu’on peut, Esmelia, tenta-t-il de la rassurer.

— Avec toi, c’est bien plus. Beaucoup mieux que tout ce dont je pouvais rêver.

*

Au petit matin, elle sentit immédiatement que son compagnon n’était plus allongé à ses côtés. Elle entrouvrit les yeux. Il était assis au pied du lit et l’observait dans la semi-obscurité de la cabine. Il savait qu’elle venait de se réveiller. Que devait-elle lui dire ? Qu’elle avait vraiment apprécié leurs étreintes ? Que, durant quelques heures, grâce à lui, elle avait oublié l’entité qui l’habitait et qui la contrôlait une partie du temps ? Et cette emprise qui l’effrayait tant ?

Par-dessus tout, elle se sentait bien. Elle était vivante.

Elle ouvrit complètement les yeux et s’étira, avant de s’asseoir en remontant le drap pour se couvrir, même si la pudeur n'était plus de mise, contrairement à une forme d'élégance, certes un peu désuète.

— Will ? Je…

— Tout va bien. Du moins, en ce qui me concerne. Et toi ?

Elle se contenta d’un sourire qui en disait long sur ce qu’elle ressentait à cet instant. Will vint s’asseoir à côté d’elle. Elle sentit sa main se glisser dans la sienne. Will, l’homme apaisant, l’homme rassurant, l’homme fou d’amour pour elle, le compagnon idéal pour une autre femme qu’elle, et surtout l’allié fidèle contre la fin de toute chose.

Sans qu’il le lui demande, elle lui raconta tout ce dont elle se souvenait de son voyage avec Baal. Lorsqu’elle acheva son récit, il resta silencieux un moment, se contentant de la prendre dans ses bras et de la serrer très fort contre lui.

Elle lui laissa le temps d’assimiler les détails de son histoire.

Les minutes s’écoulèrent lentement. Elle ne voulait pas qu’il en soit autrement. Elle se sentait en sécurité dans la chaleur enveloppante de ses bras.

Enfin, Will se décida parler :

— Je t’ai déjà parlé de mon meilleur ami à l’AMSEVE ? Il s’appelait Kilani. Kilani-Stah-Et. Nous n’étions pas dans la même équipe. En fait, il effectuait ses dernières missions lorsque je commençais à m’entraîner… Et c’est le premier extraterrestre que j’ai rencontré. En fait, je ne l’aurais pas deviné s’il ne me l’avait pas dit lui-même. Sa planète était parmi les premières qu’une équipe de Terriens était parvenue à atteindre. C’est lui qui m’a quasiment tout appris sur les mondes extraterrestres. Son peuple était au cœur d’une guerre entre deux civilisations extraterrestres : les Yam-nas et les Drægans. Les politiciens de sa planète jouaient sur les deux tableaux, et il n’aimait pas cela. Quand il en a eu l’occasion, il a accepté de participer au programme d’échange mis en place par l’AMSEVE. Cela avait mis une dizaine d’années à se concrétiser. Pour faire court, Kilani était intarissable sur les Yam-nas et les Drægans. J’ai des carnets de notes entiers sur le sujet… à l’AMSEVE. Il me semble, si je me souviens bien de ce que m'a raconté Kilani, qu'Amaterasu soit morte depuis des centaines d’années. Il disait qu’elle avait été tuée par des… Gobelems. Des créatures biomécaniques d’une galaxie inconnue des Satiniens, l’espèce sapiens à laquelle appartenait Kilani.

— Soit c’est encore un exemple de résurrection dræganne, le sport interplanétaire de leur espèce, soit c’est un autre Drægan qui a pris sa place, mais je peux te certifier que ce sont ses vaisseaux qui nous ont attaqués. C’était des guêpes, et nous nous en sommes sortis de justesse.

— Des guêpes ?

— À cause des guêpes japonaises. Je trouve que cela convient bien à cette furie d’Amaterasu et ses guerriers.

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