Chapitre 6 (partie 2)

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Le vieux phare était beaucoup plus impressionnant que je n'aurais pu le penser en l'apercevant de mon appartement, je me sentais minuscule à côté de cette grande tour. En le regardant je sentais l'air marin et je visualisais les puissantes vagues qui avaient pu venir se fracasser contre la falaise autrefois quand la mer rejoignait Tyem. J'étais fascinée par ce que je voyais et toutes les sensations que je pouvais éprouver, c'était comme si je voyageais dans le passé. Sans que je ne le réalise, j'avais inconsciemment avancé jusqu'au phare et avait posé la main sur la pierre froide qui le constituait. Je me sentais immédiatement troubler, je retirais ma main de la pierre et reculais de quelque pas pour rejoindre les siamoises et le vieux Jack. Depuis ce qui s'apparentait à une vision du passé, je me sentais étrange, je ne savais pas ce qui m'arrivais mais entre la sensation que je venais d'avoir et ce qui était arrivé durant la montée des marches je sentais mon corps énormément éprouvé. La grosse voix de Jack me sortit de mon introspection.

- Bon déjà une bonne chose de faite, maintenant que nous sommes en haut, prenons-nous le thé ou entrons-nous ?

Il est vrai que cela faisait déjà plusieurs minutes que nous avions atteint le sommet de la colline et la patience ne semblait pas être une des grandes qualités de mon vieux mentor. Je m'avançais alors en direction de l'épaisse porte en bois, la matière était abîmée et la couleur complètement passée mais je pense qu'à l'origine elle devait être rouge, cela collait bien avec ce que j'avais imaginé de ce vieux bâtiment. Je pris la poignée et l'actionna pour entrer mais l'entrée était verrouillée. Cela allait être un véritable problème si nous ne pouvions pas entrer, je me tournais quelque peu stressée vers mes compagnons.

- La porte est fermée à clef, comment faire pour entrer ?

- Tadam !

Migi sortit une clef qui semblait extrêmement ancienne d'une de ses poches en affichant un sourire des plus satisfaits.

- Comment avez-vous eu la clef du bâtiment ?

- Nous l'avons vol…

Hidari écrasa immédiatement sa main sur la bouche de sa sœur et corrigea calmement ses dires.

- Nous l'avons empruntée aux locaux du commissariat, avec l'accord de Mr. Frederikson bien entendu.

Ces deux-là étaient définitivement bizarres mais totalement géniales, nous allions pouvoir continuer notre petite enquête. Je m'écartais pour laisser passer les deux sœurs qui ouvrirent sans problèmes la lourde porte du phare. Elle grinça fortement lorsque nous l'avons ouverte puis dans une brume de poussière où traversaient quelques rayons de lumière nous avons pénétré dans le vieux phare qui fut pendant des années l'atelier de recherche de l'éminent professeur Herneim. Ce n'est pas sans anxiété que je m'avançais à l'intérieur, il faisait extrêmement sombre, les volets étaient fermés le phare était resté clos depuis la disparition de son occupant, une odeur d'humidité et de renfermé circulait dans la pièce où nous venions d'entrer. Tout était fait en bois à l'intérieur, et de la table aux étagères, des feuilles et des livres ainsi que des dossiers pleins à craquer étaient répandus dans un désordre sans nom. On aurait dit qu'une tornade avait complètement retournée cette pièce. Nous avons commencé à inspecter ce que nous trouvions un peu partout, je pris les piles de papiers qui se trouvaient sur la table, Hidari et Migi prirent les étagères et Jack parti inspecter l'étage. Je trouvais beaucoup de croquis du train ainsi que beaucoup de papiers froissés et raturés, le professeur avait semblé passer énormément de temps à ses travaux sur le phénomène, je trouvais en suite des notes concernant le Persian, il avait dû commencer à chercher des informations sur cet autre monde après sa rencontre avec les siamoises, comme cela a été mon cas. Sans le vouloir je bousculais une pile de feuilles avec mon coude, je me baissais pour les ramasser quand je vis qu'il s'agissait de documents sur les déesses fondatrice du Persian.

"Versia : Déesse de la vie et de la mort elle est à l'origine et à la fin de toute chose sur terre et dans le monde du Persian auquel elle appartient. Condamnée pour sa liaison avec un être humain, elle eut un fils nommé Sarde, elle créa pour l'épauler dans sa peine et dans ses lourdes tâches quatre déesses.

Aqua : Déesse des eaux et du chagrin, elle est connue comme une femme froide et sanglante, lorsqu'on l'implore il est très rare qu'elle vienne en aide à ceux qui la prie.

Tania : déesse de la terre et de la vitalité, elle possède une personnalité aussi vivante que la nature cependant elle est en recherche de justice et ne vient en aide qu'à ceux le méritant réellement. Elle possède une énorme force physique.

Eloa : déesse des vents, elle est des plus réservées tout comme Aqua, elle n'hésite pas à passer sa colère en déclenchant de fortes bourrasques de vent. Elle entretient de mauvais rapports avec sa sœur Aqua.

Pyra : déesse des flammes, elle est la plus jeune de ses trois sœurs et possède une personnalité enflammée, cette déesse très puissante n'agit jamais sans le contrôle de Versia.

Bien qu'elles régissent le monde en le créant ou en le détruisant, elles n'ont aucun droit d'intervenir de leur plein gré pour une quelconque raison qui soit personnel."

Il semblait déjà qu'Herneim était parvenu à rassembler plus de choses sur ces déesses, impuissantes quant à la situation de Pandéorans et de Tyem, que je n'avais pu le faire. A vrai dire j'en avait appris à leur sujet uniquement grâce aux siamoises. Je me tournais vers elles des feuilles plein les mains pour leur dire ce que je venais de trouver et leur demander leur avis étant donné qu'elles étaient celles qui en savaient probablement le plus sur les déesses du Persian. Elles fixaient toutes deux un même papier avant de le plier et de le mettre dans une de leurs poches, Migi tourna la tête vers moi suivie par Hidari, elles me jetèrent un regard des plus sombres qui me glaça sur place en un instant, je ne les avais jamais vu ainsi. Je me demandais bien ce qu'elles avaient pu cacher dans leur poche de si important pour qu'elles veuillent me dissuader de poser la moindre question avec un simple regard. Bien que mes poils se soient dressés sur mes bras, je n'allais pas les laisser me cacher des choses, nous étions ensemble dans cette aventure et le moindre détail pourrait s'avérer essentiel. Au moment où j'allais prendre mon courage à deux mains pour leur demander de quoi il s'agissait, le phare entier se mit à trembler, je perdais l'équilibre et me rattrapais sur le premier meuble venu, toutes les feuilles et les dossiers du professeur volèrent dans la pièce qui s'emplie de poussière. Puis, un fracas assourdissant se fit entendre comme l'écho du tonnerre qui déchire le ciel, c'était insupportable. Je me retrouvais forcée de couvrir mes oreilles le plus fort que je pouvais, le bruit devenait strident, je croyais devenir sourde. C'est alors que Jack descendit les escaliers à tout allure, il manqua de tomber à plusieurs reprises en s'écriant :

- Là dehors ! Il est là ce train de malheur ! Là !

Comment ça ? Saigai là dehors, je n'en revenais pas, il fallait à tout prix que je le vois de mes yeux c'était ma seule chance. Et qui disait train, disait son mystérieux conducteur qui avait emmené Oriane, je devais faire vite. Je me précipitais vers la première fenêtre, le bois humide avait gonflé et je peinais à ouvrir les lourds volets restés fermés des années durant. Les volets cédèrent enfin, je regardais au travers du ciel nocturne de Tyem et je le vis descendre sur la ville, il était immense, noir je ne le voyais quasiment pas dans l'obscurité, il semblait glisser dans l'air mais je pouvais apercevoir des rails. Ces derniers étaient à l'origine de ce bruit assourdissant, le train en lui-même était silencieux. Le fléau allait encore frapper et emmener une autre personne innocente dans le Persian, nous devions faire quelque chose.

- Nous devons l'intercepter maintenant ! C'est notre seule chance !

Je me mis à courir hors du phare sans attendre les autres, je dévalais les interminables escaliers le plus vite que je pouvais, je ne quittais pas le train des yeux pendant ma course, il n'était toujours pas à terre. Arrivée au pied de la colline je ne le voyais plus nulle part ; il était à terre, je devais me dépêcher. Je me lançais à sa poursuite dans les rues désertes de Tyem, je pouvais entendre derrière moi, Migi, Hidari et Jack.

- Attends nous !

- Ne fais rien de stupide Sierra !

Je ne pouvais pas m'arrêter, le temps était compté c'était ma seule chance d'avancer un peu plus dans ma quête pour retrouver ma meilleure amie et tenir ma promesse de libérer Pandéorans. Je courrais, je courrais, j'avais l'impression que chaque seconde durait une éternité et que les rues de Tyem que je connaissais si bien était anormalement longues. Je pouvais sentir mon cœur battre à toute vitesse dans ma gorge mais je ne pouvais pas m'arrêter là, pas si près du but. Essoufflée et à bout de force je tournais à un croisement de rues et me trouvais face à lui, il était juste là. Cependant mes jambes n'avaient pas été suffisamment rapides, il était déjà trop tard, le train allait repartir. Je ne pus croiser que le regard ardent et rouge d'une femme voilée de noir aux commandes du train avant qu'il ne se remette en marche. Je me trouvais désespérée et je me remis à courir, à bout de force, derrière le train noir, je tendais le bras pour m'accrocher à l'arrière du dernier wagon, j'y étais presque, j’évitais une pierre et me lançais. Mes doigts effleuraient la barre métallique du wagon, je parvins enfin à m'y accrocher de toute mes forces, mais ce ne fut pas suffisant, je sentis lentement mes doigts lâcher prise et je me retrouvai projeter sur le pavé froid de la ruelle. Quand je relevai la tête, je vis le démon Saigai prendre son envol vers le Persian, emportant avec lui une autre personne qui n'avait en rien mériter ce qui l'attendait là-bas. Ce que je vécu ce soir-là fut extrêmement difficile, déception, frustration, colère, je restais à genoux sur le sol les larmes coulant à flot sur mes joues, une envie de crier ma rage m'emplissant l'esprit.

Hidari, Migi et Jack m'avaient rejoint, leurs visages consternés partageaient ma peine, ils me raccompagnèrent chez moi ou nous avons passé le reste de la nuit, sans un mot.

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