Chapitre 3 (partie 1)

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A la sortie du Porte Parapluie, Hidari et Migi confièrent un livre très ancien à Sierra afin qu'elle puisse en apprendre plus sur la relation entre Tyem et Pandéorans avant de commencer son entraînement avec Jack.

Le livre à l'épaisse couverture brune faite de cuir et de sangles sous le bras, la jeune fille traversait les rues désertes de Tyem pour rentrer chez elle, ses pensées se bousculaient à mesure qu'elle se remémorait la soirée qu'elle venait de passer et tout ce qu'avait pu lui expliquer Hidari sur le train et sur un monde inconnu. Il semblait tellement improbable à Sierra mais pourtant si réel à la fois, elle avait envie d'y croire même si son grand sens de la rationalité venait d'en prendre un coup. Elle s'arrêta un instant laissant échapper un soupire entre ses lèvres légèrement ternies de violet par le froid de la nuit, son souffle devint blanc au contact de l'air, formant un léger nuage devant elle. Les yeux levés vers la nuit sombre, elle songeait à ce monde, elle songeait à son amie partie blessée, comment allait-elle ? Sierra craignait d'arriver trop tard pour pouvoir l'aider ou d'être impuissante une fois à Pandéorans malgré tous les efforts qu'elle pourrait faire. La nuit se reflétant dans ses yeux, elle resta un moment-là, sans bouger. Elle repensait aux légendes qu'on lui racontait lorsqu'elle était plus jeune, notamment celles que sa grand-mère aimait à lui conter. Une des légendes de Tyem parle de la colline où se trouve le vieux phare, on dit qu'autrefois un temple était érigé en haut de cette dernière et servait de sanctuaire pour les cérémonies funéraires, la colline et son temple étant liés à un autre monde. Le point le plus élevé de la cité de Tyem était considéré comme un lieu sacré de passage du monde des vivants à celui des défunts. Les nombreuses marches qui menaient au temple avaient elles aussi une valeur importante, on disait dans les vieilles légendes que les proches du malheureux défunt avaient pour devoir de le porter à bout de bras en montant toutes ces marches jusqu'au sommet de la colline afin d'élever l'âme du mort et la justesse dont fut composée sa vie. Plus un nombre n’important de personnes venaient aider à la montée du défunt plus on considérait que la personne décédée avait été aimée et avait été quelqu'un d'important durant sa vie sur Terre. Des centaines de personnes du monde entier n'hésitaient pas à voyager des jours durant dans le but de porter leurs défunts sur la colline de Tyem et honorer son temple, la légende stipule que les corps devaient être entourés de présents et salués de prières jusqu'à tard dans la nuit puis laissés dans le temple. Le lendemain ils n'étaient plus là, ni les corps, ni les présents destinés au passeur vers l'autre monde.

En y réfléchissant cela collait plutôt bien avec ce qu'avaient dit les siamoises, le train servait de transport entre les deux mondes pour les mourants. Cela signifiait également que le train était lié à cette ville depuis une éternité si déjà dans les plus anciennes légendes que la jeune femme avait pu entendre on parlait de corps disparaissant et d'un passage vers un autre monde. Sierra quitta le ciel des yeux et se remit à marcher lentement en direction de son appartement. En marchant elle se rappela d'une autre légende que sa grand-mère lui avait racontée sur Tyem, elle racontait l'histoire d'un homme né d'une mère d'un autre monde et d'un père de la Terre, il devint l'homme le plus fort et protégeait les deux mondes dont il faisait partie voulant maintenir une paix éternelle entre eux. L'homme de la légende se nommait Sarde, on disait qu'il possédait l'épée la plus belle que personne n'avait jamais vu et qu'il magnait le fer comme personne. Mais la suite de la légende stipulait que Sarde le très sage avait cependant un dessein plus sombre que l'on ne pouvait l’imaginer ; fils d'un humain, il était fort. Fils de la Mort il avait reçu un don bien trop fort pour un être humain, s'il souhaitait tuer un de ces ennemis, il le pouvait en le touchant simplement mais en contre parti le nombre d'années que Sarde volait à sa victime était ajouté à sa vie. Plus il utilisait ce don plus il vieillissait à vue d'œil et en ayant abusé de l'héritage de sa mère suite à un chagrin d'amour qui lui fit voler les années futures d'un jeune homme, trop d'années pour l'homme qui n'avait qu'une vie humaine. Sarde décéda vieillissant à tel point que son corps se décomposa et qu'il ne restait de lui que ses os. Craignant de la magie noire ou une malédiction, les habitants de Tyem choisirent d'enterrer Sarde qui s'était fidèlement battu toute sa vie pour sa patrie. Ils construisirent un tombeau dans les souterrains de la ville et déposèrent le corps sur une table de pierre avec son épée. L'entrée du souterrain fut scellée et personne ne la retrouva jamais, aucun document ne fut laissé à son propos ni aucun plan. Sierra se rappelait qu'à ce moment de l'histoire elle demanda à sa grand-mère pourquoi on cherchait à retrouver le tombeau de Sarde et pourquoi on ne le laissait pas juste tranquille comme les morts dans les cimetières. Ce à quoi elle répondit que ce n'était pas Sarde qu'on cherchait à retrouver en particulier mais plutôt son épée avec laquelle il avait été enterrée que l'on convoitait. Une lame pure à l'éclat incomparable, qui se nourrissait de la volonté et des intentions de son possesseur de sorte à devenir plus puissante si les intentions de son possesseur sont nobles et de mener à l'échec une personne la maniant avec de mauvais desseins. Sierra se rappelait que petite, elle avait cherché l'entrée des souterrains pour retrouver l'épée elle aussi en compagnie de sa grand-mère, elle se demandait désormais si sa grand-mère n'avait été au courant de beaucoup plus de choses que la jeune fille ne le pensait, il est vrai qu'elle connaissait toutes les légendes sur Tyem avec énormément de précisions et de détails qui donnaient l'impression qu'elle aurait pu y être en personne.

Arrivée à son appartement, Sierra prit une douche pour se détendre et se vider un peu l'esprit, mais l'eau coulant sur son corps lui rappela une dernière légende qu'on lui avait raconté dans son enfance. Tyem est une ville majoritairement urbaine mais une partie assez importante de sa superficie n'est qu'une épaisse forêt pentue, la légende dit qu'un endroit dans la forêt est invisible pour ceux qui ne savent pas où regarder. Depuis des années voir des siècles probablement, plusieurs personnes cherchent cet endroit caché dans la forêt, des battues sont organisées pour trouver le moindre indice et fouiller chaque parcelle de la forêt. Mais en vain, personne ne trouva jamais quoique ce soit dans cette forêt et de moins en moins de personnes s'y rendent. La jeune fille se souvenait de tous les repas et sorties en famille qu'elle avait pu faire dans cette forêt qui avait été son terrain de jeu favoris enfant. La partie invisible de la forêt cache selon l'histoire une cascade venant d'un point tellement haut qu'on aurait beau lever la tête, on ne pourrait apercevoir son sommet et d'un lac formé par la cascade. On parle d'une eau incroyablement pure, d'une eau plus translucide que le verre et fraîche comme le vent de l'hiver peu importe la saison. Cette cascade comme venant du ciel était considérée dans sa légende comme les larmes d'une déesse condamnée à pleurer et vivre un immense chagrin tout au long de sa vie d'immortelle, condamnée à la souffrance infinie. On dit que cette eau si limpide possède des vertus particulières concernant les soins et la guérison des maladies et des blessures. Et plus incroyable encore, on dit que l'eau de cette source divine pourrait sauver de la mort mais cependant la source ne peut se montrer qu'une fois à une personne et seule une petite fiole est mise à disposition de celui ou celle qui saura où regarder afin de récolter le précieux liquide. Ce cadeau des dieux et de la nature ne peut donc être utilisé qu'une fois par personne et la petite quantité disponible oblige à agir et en user précautionneusement. Sierra regardait l'eau couler le long de ses bras et pensait comme cette petite fiole d'eau pourrait lui être utile une fois dans le Persian, si seulement elle existait réellement. Et quand bien même la source serait réelle, il ne serait pas mince à faire de la trouver. La jeune femme soupira et coupa l'eau de la douche.

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