Chapitre 1 (partie 2)

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Dans les trois livres qu'elle eut trouvés, une quasi même description seulement auditive était donné, on entendrait le phénomène mais on ne le verrait pas, ou du moins il était extrêmement difficile de le voir. Le bruit décrit se résume à assourdissant, strident, semblable a des cris humains. Le reste des informations présentes dans les trois livres sortaient purement de l'imagination des auteurs, rien ne collait, on décrivait un monstre avec une tête de nouveau-né, un corps de lion et des ailes de vautour dans un livre et un singe rachitique aux grandes canines dépassant de sa gueule et aux griffes acérées dans un autre. Après avoir perdue son temps sur ces informations fictives, Sierra se pencha sur les études de Mr. Herneim. Son étude bien qu'inachevée était très précise et plus sensée que ce que Sierra avait pu lire jusqu'à présent. Elle commença sa lecture par ce qui s'apparentait au journal de bord du scientifique.

« Lundi 3 février

Depuis maintenant cinq ans que j'habite à Tyem je n'avais jamais vu le nombre de disparition augmenter à ce point et la peur s'installer aussi profondément chez les habitants, ou tout cela n'est qu'une pure fiction créée par des esprits peu éclairés pour semer le trouble, ou nous sommes face à quelque chose que nous ne pouvons expliquer et auquel on ne peut faire face. En tant qu'ingénieur et scientifique invétéré, une explication rationnelle est la seule chose que je peux imaginer. Si l'on regroupe les éléments que nous avons obtenus au fur et à mesure que l'affaire a pris de l'ampleur, nous avons : des disparitions mystérieuses, aucun indice sur le lieu des enlèvements ni sur leur auteur, aucune idée de comment le choix des victimes est réalisé, aucune trace des personnes disparues et des légendes qui parlent de mystérieux phénomènes divins. J'ai alors décidé de mener mon enquête durant une semaine dans la ville, tout d'abord il me fallait savoir depuis combien de temps le "phénomène" s'était abattu sur Tyem. Je suis alors allé dans la vieille ville trouver les anciens qui habitent dans cette ville depuis plus longtemps que quiconque maintenant. J'ai été reçu chez une femme qui est née ici et qui y a passé toute sa vie. Ce qu'elle m'a révélé m'a littéralement laissé sans voix, la vieille dame se nommait Mathilda Obensky, elle était d'une gentillesse immense et appréciée de tous dans la ville, cependant tandis qu'elle m'accueillait chez elle, une lueur espiègle dans ses yeux me mettait comme mal à l'aise, je m'efforçai de ne pas regarder ses yeux mais en même temps je ne pouvais m'en empêcher. Mathilda me raconta que depuis qu'elle est née dans cette ville il y a de cela quatre-vingt-cinq ans, il y a toujours eu des disparitions inexpliquées mais il s'agissait uniquement de personnes âgées ou atteintes de maladies graves qui étaient condamnées à mourir, aucune personne en pleine santé n'avait jamais été enlevée auparavant.

Puis je lui parlais autour d'une tasse de thé de ce que tout le monde appelle Saigai et des descriptions uniquement sonores et des croyances qu'on avait à son propos, je lui demandai son avis sur toutes cela. Je fus abasourdi par sa réponse, elle posa sa tasse de thé, me sourit tendrement et m’annonça : "Ooh mais oui ! Je l'ai déjà vu plus d'une fois et très récemment d'ailleurs." Je l'ai regardé quelque peu interloqué et j'ai voulu lui demandé si elle ne voulait pas plutôt dire qu'elle l'avait déjà entendu, mais je n'ai pas eu le temps, Mathilda se lançait dans une description très précise de ce qu'elle avait bel et bien vu. "Ce que vous appelez Saigai n'est pas un monstre vous savez." Elle riait en reprenant une gorgée de thé. "Cependant il semblerait que tout le monde n'est pas la faculté de le voir mais ce que vous décrivez comme un monstre au cri terrifiant est plutôt du genre mécanique. J'ai vu un soir le ciel se fendre en deux comme on coupe un bout de pain et des rails descendre telle une échelle, ensuite un train noir avec une devanture en métal brillant glisser le long des rails. C'est le bruit du train sur les rails rouillés que l'on entend en se demandant ce que c'est." Et elle rit de nouveau me laissant perplexe face à ma tasse de thé encore pleine. Puis elle reprit : "C'est vrai que ce bruit est assez insupportable. Le train descend alors sur notre ville depuis les nuages, et croyez-moi pour l'avoir vu plus d'une fois, il n'a rien d'effrayant il est magnifique ! A bord du train, il y a une jeune femme vêtue de noir avec une grande cape aussi rouge que ses yeux, c'est une jeune fille charmante, elle descend une fois le train arrêté et récupère les malades et les personnes en fin de vie, elle les aide à monter dans le train puis repart comme elle est arrivée." Lorsque Mathilda me parle de ce train ses yeux pétilles de joie et elle semble totalement fascinée par ce qu'elle raconte, je lui demande alors si elle s'est déjà approchée plus près du train ou de la jeune femme pour en savoir plus. La vieille femme me répondit alors "Oui je me suis approchée à chaque fois que j'ai la chance de le voir, je m'approche pour voir de plus près ce magnifique train et en particulier les motifs très détaillés qui ornent la devanture métallique du train, je me suis aussi approchée de la jeune femme et je lui ai parlé, elle avait l'air surprise que je puisse la voir la première fois, elle me regarde toujours mais ne me répond jamais, elle se contente toujours d'un signe de tête lorsqu'elle repart à bord de son train. Cependant la dernière fois que je l'ai croisée elle emmenait quelqu'un de jeune et en bonne santé avec elle et son regard était triste et froid. Voilà tout ce que je sais à ce propos si cela peut vous être utile Mr. Herneim je n'en serai que des plus heureuse." Après l'avoir remercié et fini ma tasse de thé, j'ai quitté sa demeure plein de questions en tête, soit cette femme débloque complètement, soit elle dit vrai et nous sommes face à quelque chose qui nous dépasse complètement.

La nuit porte conseil.

Mercredi 5 février

J'ai passé la nuit à me retourner dans mes draps sans trouver le sommeil, je suis quelqu'un qui ne jure que par la rationalité et pourtant je me refuse à croire que Mathilda soit folle. Je dois essayer de rencontrer Saigai.

Jeudi 20 février

Cela fait maintenant deux semaines que je passe mes nuits dehors à chercher le mystérieux train mais il n'a pas l'air de vouloir se montrer en ce moment. Je verrai demain soir s’il en est encore de même. Mes recherches prennent du retard...

Vendredi 21 février

Je pensais encore rentrer bredouille ce soir quand tout à coup sur le chemin du retour, j'ai entendu un bruit insupportable qui me poussa à me couvrir les oreilles de toutes mes forces. Je compris alors de quoi il s'agissait, j'ai levé les yeux vers le ciel et je l'ai vu. J'ai vu de mes propres yeux le train noir descendre du ciel, je n'en revenais pas, je pensais que ma fatigue m'avait rendu fou. Saigai était là et je le suivais tandis qu'il descendait, je courrais aussi vite que possible dans les rues de la ville pour le retrouver quand il sera à terre. J'y suis arrivé, caché derrière un mur je l'ai vu s'arrêter dans une ruelle, de la fumée s'en dégageait, on aurait dit la fumée sortant du nez d'un dragon il était comme vivant. Comme Mathilda me l'avait dit, une jeune femme vêtue de noire est descendue du train et y est remontée avec une personne inconsciente dans les bras. Je me suis alors dis que c'était ma seule chance et j'ai couru vers elle, mais une fois que j'ai croisé son regard d'un rouge pénétrant je me suis trouvé incapable de dire quoique ce soit, et je suis resté là sans bouger pendant que le train repartait.

Samedi 22 février

Mathilda avait raison ! Elle avait raison ! Les voyantes aussi ! Je retourne ce soir dans les rues de Tyem pour espérer les voir encore et cette fois ci réussir à demander à cette femme toutes les explications que je cherche ! »

Après avoir lu l'étude inachevé du professeur Herneim, Sierra s'en trouva doublement abasourdie du fait de ce qu'elle venait de trouver dans cette étude enfouie au fond de la réserve des archives et du fait que Mathilda Obensky n'était autre que la grand-mère de Sierra.

Sierra, bouleversée, referma le carnet d'étude du professeur Herneim. Elle se leva et prit tous les livres qu'elle avait étudié pour les ranger, lorsqu'elle souleva la pile de livres, un papier s'échappa d'un de ces derniers. La jeune fille reposa la pile et ramassa le papier tombé, elle le déplia et y trouva plusieurs croquis de Saigai réalisés par le professeur. Pendant qu'elle observait avec attention les croquis, la responsable des archives apparue à la porte.

- C'est l'heure de fermeture mademoiselle.

Sierra sortit de ses pensées et sursauta avant de se tourner et de répondre :

- Oui bien sûr, je m'apprêtais justement à ranger ces livres et à partir.

La responsable lui sourit et repartit dans l'autre pièce. Une fois qu'elle fut partie, la jeune fille replia le papier comportant les croquis du train et le glissa dans sa poche. Elle rangea les livres et quitta les archives. Fatiguée, elle jeta un œil à sa montre et soupira en voyant qu'il était dix-neuf heures. La jeune femme se mit en route pour rentrer chez elle, elle traversa les rues désertes de Tyem dans le froid, il faisait déjà quasiment nuit noire.

Sierra demeurait pensive de tout ce qu'elle avait découvert aujourd'hui, un train descendant du ciel, cela lui paraissait totalement absurde, mais le fait que le professeur Herneim qui était un homme de raison et scientifique reconnu affirme l'avoir vu et le fait qu'il ait puiser ses connaissances à ce propos de sa propre grand-mère la laissait complètement perplexe. Si la grand-mère de Sierra était encore en vie, elle aurait pu apporter des réponses aux questions de sa petite fille comme elle l'avait fait pour le professeur Herneim. Hélas Mathilda Obensky était décédée il y a six ans déjà. La jeune fille n'avait donc aucun moyen d'obtenir des réponses. Mais elle se disait qu'elle finirait par trouver, et si le professeur Herneim avait réussi à apercevoir le train, pourquoi n'y arriverait-elle pas ? Cependant il lui fallait plus d'information sur Saigai avant de tenter quoique ce soit, ce serait trop risqué.

De retour chez elle, la jeune femme se doucha, contenta sa faim avec quelques chips devant la télé et alla se coucher une photo de son amie posée à côté de son oreiller.

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