Chapitre 28

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Mon vol jusqu'à Dubaï pouvait rappeler celui des quatre amies de Sex and The City 2 pour Abu Dhabi. Les vols et escale m'ont offert assez de temps pour entamer L'Amour monstre de Katherine Dunn et, au risque de faire peur à ceux qui l'ont lu, je trouvais que dans un sens, il représentait un aspect de la société que je connaissais, dans un autre, il renvoyait clairement à ma vie puis... il restait une part de fiction et de folie.

A mon grand étonnement, le stress ne s'est fait ressentir qu'au moment où l'avion allait se poser à Dubaï lorsque, derrière le hublot, ce n'était plus un défilé de nuages mais de grattes ciels avec une multitude de lumières. C'était à ce moment là, que je m'étais rendue compte que je venais de commencer quelque chose. Une sorte de nouvelle vie ? J'ai réalisé que j'avais sauté le pas, j'étais devenue une escort, une vraie.

Une fois à l'aéroport, mes pensées, et l'ambiance qu'il y avait avec les hommes en dishdash me faisaient me sentir comme une princesse orientale. Finalement, ce serait comme un harem avec un homme qui choisira celle(s) qu'il voudra. A la différence que nous sommes payées. Après avoir traversé l'aéroport immense et les nombreux contrôles, je suis arrivée dans le hall. En voyant les gens retrouver leurs familles et amis je me suis demandée vers où je devais me diriger, quelle direction, quelle sortie, quelle voiture... et me suis mise en retrait le temps de réfléchir et de relire les mails de l'agence en espérant y trouver des indications que j'aurais ratées. Rien.

Je me suis mise à scruter tout ce qui m'entourait, les panneaux, les portes, les personnes et, j'ai remarqué une fille que j'ai trouvée très attirante avec ses longs cheveux noirs, perchée sur des talons très hauts. Elle aussi était en retrait, elle aussi regardait son portable, elle aussi avait cet air perdu. Je me suis demandée si ce n'était pas l'une de mes "collègues" et, alors que j'hésitais à aller la voir, un mail arriva sur mon iPhone.

"Bienvenue à Dubaï. [...] une limousine, que vous partagerez avec une autre modèle, vous attendra près de la sortie numéro 5."

Voilà de quoi calmer mes angoisses ! J'ai cherché les indications sur les panneaux, la sortie 5 était deux portes plus loin je m'était dirigée en ce sens tout en fantasmant sur l'identité de l'homme que j'allais combler, de la chambre que j'occuperais, des massages que j'aurais à l'hôtel... Des bruits de talons m'avaient tirée de mes songes, à ma droite, cette fille haut perchée marchait dans la même direction, son portable à la main. Elle a remarqué mon regard sur elle et s'est tournée vers moi avec un regard empreint de dédain. Evidemment, comment osais-je marcher à côté d'elle chaussée de baskets et d'un costume de sport ?!

Ce regard m'a poussé à presser le pas pour la semer. Dans ma tête, j'imaginais déjà la scène : moi, montant dans une limousine, devant cette fille, jalouse à en crever. C'était une petite revanche puérile dont mon estime avait besoin à ce moment là.

Dehors, une chaleur étouffante, je ne sais plus quelle était la température exacte mais, le nombre de degrés était clairement supérieur à 30. Je n'ai eu aucun mal à reconnaître ma voiture, c'est l'avantage des limousines ! Quand l'homme devant la voiture m'a vu m'approcher d'un pas décidé, il s'est précipité vers moi pour prendre les bagages puis ouvrir la porte. A l'intérieur, la limousine était tout à fait classique, je ne sais pour quelle raison, je m'attendais à un intérieur plus somptueux que d'habitude. Je me suis servie un verre de champagne pour me détendre et allumé la radio. Je me demandais quel genre de fille allait me rejoindre... je pariais sur une blonde aux cheveux très longs, une fille de Sibérie avec des airs de Alena Shishkova.

Imaginez donc ma surprise lorsque la fille brune aux talons hauts pris place à coté de moi. A cause du regard qu'elle m'avait lancé dans l'aéroport, mon visage a pris la couleur du mépris. L'ambiance était lourde. D'un coup, je me suis sentie seule car, je comptais sur le soutien des autres filles pour ma "première fois". Compter sur une pute... Surement la plus drôle des idées que je n'ai jamais eues ! Savez-vous ce que c'est vous, que les drôles d'idées ?

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