Chapitre 25

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Ce n'était pas ce que je souhaitais. Après une introspection, j'ai porté un regard sobre et honnête sur moi-même. Ce que j'arrivais à faire de mieux dans ma vie, c'était "suivre", m'exécuter, recopier. Tout avait commencé lorsque j'ai imité la beauté de cette fille à la fac et puis, toute ma vie, je n'avais fait que suivre Karl... Je me disais sans cesse "tu ne peux pas faire ce que tu veux... tu dois être là pour lui sinon il t'en voudra", je ne sais pas s'il m'en aurait vraiment voulu, je sais que je n'ai jamais essayé. Je n'ai jamais eu d'intérêts ni d'envie autre que celle de vivre dans le luxe et ne manquer de rien. 

Avec cette idée en tête, je me suis dit qu'il me faudrait un "mac" qui me dirait où aller, quoi faire et avec qui. De cette façon, je me dédouanais en quelque sorte de toute responsabilité. Des proxénètes, j'en connaissais mais, leurs clientèle n'était, selon moi, pas à mon niveau. Il fallait voir plus grand. Ce que j'aimais, donc, c'était le luxe. Quoi d'autre ? Les voyages, la chaleur, la mer. Il fallait donc quelque chose qui me permette de voyager. Une agence avec une clientèle mondiale serait l'idéal. 

Je me suis lancée dans les recherches dès l'aube. Plusieurs sites d'escorting de luxe ont correspondu à mes critères. J'ai toujours pensé que ce monde était fermé, difficile d'accès... En réalité, en quelques clics, des agences des quatre coins du monde étaient à ma portée. Mon choix s'est dirigé vers des agences suisse et russe. Il a fallu que j'écrive à un manager, s'en suivaient un entretien téléphonique, envoi de photos sous toutes coutures ainsi que du passeport. 

Pour quelqu'un d'aussi persuadé de sa supériorité que moi, cela a été un coup dur d'apprendre que mon profil était "pas mal". Après mon étonnement, on m'a précisé quine escort se devait aujourd'hui de pratiquer régulièrement le sport, de connaître plusieurs langues étrangères, être diplômée du supérieur, s'intéresser à l'art et à la culture... Tout un business de geisha ! 

J'ai promis de me mettre à la lecture de quelques classiques et on m'a même fourni une liste d'ouvrages "appréciés par les clients". Ma page serait publiée sous deux jours au bout desquels on me communiquerait les identifiants afin que je puisse y ajouter mes préférences et mes interdits. On m'a aussi "suggéré" de booster mon profil Instagram car ainsi, les hommes auraient l'impression d'avoir affaire avec une "star" ce qui augmente les prix et les pourboires. 

J'avais passé la journée à réfléchir à toute cette situation. Moi qui ai toujours cru que c'était un métier facilement accessible aux jolies filles j'apprenais qu'il fallait en plus être cultivée et diplômée. Ce qui suscitait une question... Si les exigences sont aussi élevées, c'est que de plus en plus de filles qui se lançaient là-dedans étaient diplômées ? Qu'est ce qui pousse une belle femme à se prostituer à la sortie de son master ? Peut-être les mêmes raisons que moi mais peut-être que la précarité touchait maintenant aussi des gens fortement qualifiés...

C'est avec des pensées sur le sens de la vie, de la mort et des études que ma journée s'était déroulée. Le soir, je me suis mise à chercher des idées originales pour des photos pour rendre plus intéressant mon Instagram et à regarder des vidéos sur les "secrets d'une retouche réussie". Des choses qui me paraissaient jadis être d'une facilité infantile... Savez-vous ce que c'est vous, que la facilité ?

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