L'amour, ce noble sentiment... Qui m'a poussé à faire des choses qui le sont nettement moins !

Est-ce que j'avais envie d'aller dîner avec cet homme ? Non. Est-ce que j'avais envie de passer la nuit avec lui ? Encore moins. Allais-je le faire ? Et comment ?! Je sentais qu'il était de mon devoir de sauver l'homme pour lequel j'avais les plus tendres sentiments. Je pense qu'à ce moment là, j'aurais pu mourir pour lui s'il en avait été question. Je pensais que mon amour était réciproque ; que c'était le seul obstacle qui nous séparait d'une vraie vie de couple, d'un foyer, de la stabilité. L'ultime épreuve avant d'atteindre ma vie rêvée.

Êtes-vous amoureux ? Êtes-vous déjà tombé en amour ? Que seriez-vous prêts à faire pour votre « moitié », au lieu de me juger. Malheureusement, les sentiments nous aveuglent et parfois, ce qu'on croit partagé ne l'est pas. Ce n'est que manipulation et stratégie.

Quoi qu'il en soit, il ne s'agit pas pour moi de susciter votre pitié. Je ne fais que raconter en essayant de ne pas devenir trop sentimentale. C'était donc le début de ma « carrière ». C'est marrant, il m'avait promis un travail lors de notre rencontre et, en quelque sorte, il avait tenu sa parole.

L'homme « un peu grassouillet » était répugnant. Le genre de personne avec laquelle on n'a pas même envie de partager les cabinets... Il avait un regard vicieux, voire malsain, il me mettait très mal à l'aise. Tout chez lui inspirait le dégoût... Son crâne dégarni, son visage, sa façon de parler, de rire...

Je l'avais vu une fois seulement, avec une charmante jeune fille nommée Laeticia. Paix à son âme. Elle a été victime de son amour des belles choses. Peut-on la blâmer ? Elle ne savait pas sur qui elle tomberait, pour ses autres amies, tout s'était très bien passé...

« Je suis partie une semaine sur la Côte d'Azur : carte de crédit illimitée et trois mille balles à l'arrivée ! Sur place, évidement, le palace, la suite panoramique avec jacuzzi... J'ai adoré ! »

Voilà ce qu'elle avait entendu avant de se lancer dans l'escort. Elle voyait ses amies heureuses, sans soucis financiers, certaines s'étaient faites offrir des appartements en plein centre de Paris. Le vie était belle, elles semblaient insouciantes, elles paraissaient tellement heureuses.

Le détail dont Laeticia ne s'était pas doutée, c'est que ces filles étaient des actrices hors pair... Elle dissimulaient à la perfection leur instabilité psychologique, leurs problèmes de conscience et leur addiction aux drogues derrière une vie parfaite, des voyages, des « rêves devenus réalité ».

Trois ans après notre rencontre, Laeticia ne faisait plus partie de ce monde. Seule, dans un appartement de la Place Vendôme.

Elle n'arrivait plus à se forcer, se plier aux désirs de ces messieurs. Elle ne pouvait plus sortir de cet engrenage non plus... Une fois qu'on y rentre, on a une réputation et, le monde peut vraiment paraître petit. Elle avait pris des cachets d'abord, elle n'avait pas trouvé cela assez rapide, elle s'est pendue sous son plafond haut, entourée des belles choses qu'elle aimait tant.

L'exemple de Laeticia est assez éloquent... Pendue dans un appartement luxueux en plein centre de Paris entourée de boutiques Chopard, Dior et Louis Vuitton.

C'est cocasse, l'histoire de Laeticia, on apprécie tellement les plafonds hauts de nos jours, « cela donne une impression d'espace, de pouvoir respirer". Savez-vous ce que c'est, vous, que de ne pouvoir respirer ?