Chapitre 14

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Karl n'avait que jusqu'au surlendemain pour arranger ses affaires. Le temps manquait. Je devais intervenir le lendemain soir. Voilà une bribe de la conversation nocturne que nous avions eue :

- Je ne sais plus quoi faire. Les anciennes méthodes ne marchent plus. J'ai trop tardé... Tu m'avais dit une fois que tu serais prête à m'aider, c'est toujours d'actualité ?

- Bien sûr, tout ce qu'il faudra. 

- Ce mec, qui me réclame l'argent, tu le connais. Tu l'as vu une fois au resto, à Paris. Les cheveux gris, plutôt petit, un peu grassouillet. Il était avec une grande rousse, tu te souviens ? 

- Avec Laeticia, oui ! Et bien ? 

- Tu l'as vu donc. Il t'a vue aussi. Tu lui as plu.

- Mais je suis avec toi !

- Oui, c'est pour ça que j'ai autant tardé pour t'en parler... Je voulais arranger tout ça autrement. Tu as connaissance de la somme qu'il me demande, je ne pourrais pas la réunir en deux jours. Il y a deux semaines, il m'a dit qu'il me pardonnerait la dette si...

Je me doutais déjà de ce qu'il allait dire et je ne voulais pas intervenir. J'en étais malade, sidérée. Je sentais que je ne pouvais pas refuser. C'était l'homme que j'aimais et il avait besoin de moi... 

Ce n'est que maintenant que je me rends compte que, s'il m'aimait, il ne m'aurait pas demandé pareille chose. 

- ... il me pardonnerait la dette si tu acceptais de passer toute une nuit avec lui. 

Là encore, je suis restée muette. Je ne pensais plus. C'était très étrange. D'habitude les pensées se bousculent dans ma tête, je pensais que, dans une telle situation, ce serait pire encore pire mais là, c'était le néant. 

Il a repris la parole.

- Tu es choquée ? Je suis désolé... J'ai essayé de trouver une autre solution, je n'y suis pas parvenu. Je suis désolé, ma chérie, désolé...

Il a commencé à semer des baisers sur mon cou, ma poitrine, mes lèvres... Je restais vide et silencieuse. 

Quelques minutes après, je suis revenue à moi : 

- Que faut-il faire, concrètement ?

- Tu acceptes alors ? Tu acceptes de le faire ? 

- Je t'avais bien dit que je t'aiderais si je le pouvais...

Il m'a lancé un regard qui, sur le moment, m'a paru être celui d'un homme soulagé et amoureux. En réalité, c'était un regard plein de satisfaction, un regard qui disait « j'ai ce que je voulais ». Mais ça, je ne l'ai su qu'avec le temps.

- Très bien. Tu es géniale ! Fabuleuse ! On ira chez Cartier dès demain matin. Tu mérites tout. Je ne te mérite pas. 

- Que dois-je faire ? 

- Demain soir, tu iras dîner avec lui, puis vous irez dans cet hôtel où on a été une fois... tu sais, dans le VIIIème. Je ne sais pas ce que ce tordu pourrait te demander... Surtout pour une telle somme ! Oh, c'est horrible ! C'est comme si je te vendais. Je regrette.

Il me vendait, oui. Il ne regrettait pas, non. 

- Tu n'y peux rien. Allons dormir.

Cette nuit là, aucun rapprochement n'eût lieu ni même fut tenté... Dos à dos, chacun dormait de son côté. Lui, avec ses pensées. Moi, face aux miennes.

Savez-vous ce que c'est, vous, que de dormir face à ses pensées ?

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