Chapitre 8

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Vous vous attendez sûrement à la description d'une scène d'amour bestial dans l'ascenseur. Restituons les choses dans leur contexte. J'étais vierge. Je ne voyais cet homme que pour la deuxième fois. Il m'attirait. J'avais peur. Avec ces précisions, une scène de sexe torride paraît-elle envisageable ? Que nenni. Une fois de plus, l'ascenseur a été le lieu à l'ambiance tendue. Regards croisés. Sourires gênés.

Ce voyage ne fût pas aussi long que le premier. Arrivés au bon étage, nous étions engagés dans le couloir luxueux, comme tout le reste. Je repensais aux moments où, passant devant l'hôtel, je rêvais un jour d'y entrer... Voilà qui est fait ! Tout était au-delà de ce que je m'étais imaginée. Epuré mais opulent, une contradiction qui plaisait à mon œil.

Toutes ces pensées m'avaient presque fait oublier avec qui je me trouvais et où nous étions en train de nous diriger. L'arrêt de Karl devant la porte d'une chambre m'a fait revenir au moment présent. Me voilà face à la réalité. J'avais toujours pensé que j'étais, au fond, un peu dévergondée. N'étant pas timide, il m'était même arrivé de faire des remarques salaces sans être gênée. Ce n'est rien, évidemment, mais plein de petites choses comme celle-ci m'avaient fait croire que, le moment venu, je ne serais pas « coincée ».

Mon entrée dans la pièce fut lente et très hésitante. On ne peut pas en dire autant de lui en moi. Des préliminaires ? De la tendresse ? Rien de tout cela. Pourquoi s'importuner de telles choses ? Inexpérimentée, effrayée, réticente. Une première que je ne pourrai oublier. Je ne suis pas sensible, non. Mais même pour moi, ce souvenir demeure douloureux et enfoui. Vous n'en aurez pas les détails.

Je vous vois venir avec vos « Ah ben voilààà ! Une première expérience violente ! Voilà pourquoi elle en est arrivée là... il aurait mieux valu un psy, tiens ! ».

Vous n'aurez pas tort. Cela a dû être un déclic. Mais le déclic de quoi ?

Vous êtes vous déjà surpris avec une pensée « pas très orthodoxe » ? En vous remettant de suite dans le droit chemin, vous disant que ce n'est qu'une petite pensée, puis passant à autre chose. Mais cette pensée ne vous quitte pas vraiment, elle fait partie de votre inconscient. Je pourrais développer là toute une philosophie freudienne mais je ne voudrais pas vous ennuyer.

Ce soir-là, une pensée effrayante a traversé mon esprit. Ce soir-là, j'ai ressenti du plaisir dans la douleur. Envers cet homme, j'ai ressenti du désir. Non pas une attirance sexuelle, non. Un désir de violence, de plus d'ardeur. Étrange pour une première fois, n'est-ce pas ?

En buvant le scotch, une fois nos affaires finies, j'ai enfoui cette pensée quelque part dans ma tête... Pas aussi loin ni aussi profond que j'aurais peut-être dû.

Je voudrais faire ici une parenthèse, et vous dire combien nos pensées sont importantes et combien leurs conséquences peuvent être dramatiques. Désormais, je ferai attention à ce que je pense, je ne prendrai rien à la légère.

Savez-vous mesurer l'ampleur de vos pensées, vous ?

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