Chapitre 7

4 minutes de lecture

« Une heure plus propice au travail » avait-il dit ? Il est vrai qu'à vingt heures, dans un restaurant, avec un plat de pâtes semble être un cadre spatio-temporel idéal pour discuter d'un travail. À l'époque, cela ne m'avait pas paru si étrange que cela... j'étais trop excitée à l'idée d'aller dîner dans le restaurant de l'hôtel le plus prestigieux de la ville.

Je m'étais changée plusieurs fois, d'une tenue formelle je passais à des tenues de moins en moins sérieuses. Je dirais même, de plus en plus osées. J'ai opté pour la robe la plus luxueuse que j'avais. Une robe courte, noire, avec un décolleté dans le dos qu'un collier venait orner. Depuis que j'avais vu un collier dans le dos dans une publicité Chanel, je voulais en porter un. Je trouvais cela d'une élégance folle.

La météo n'était pas vraiment mon alliée, un temps venteux avec, parfois, de la pluie, le tout assorti d'un froid quasi-hivernal. Je me suis dit que je n'aurais pas le temps d'attraper froid puisqu'il viendrait me chercher en voiture et ne suis sortie qu'avec une petite veste.

Je me revois dans le hall de l'immeuble, une belle jeune femme tremblante de peur attendant un homme mûr en qui elle avait placé, sans se l'avouer, tant d'espoir.

L'arrivée était à la hauteur de mes attentes, une Bentley noire. Simple, chic, élégant. Il est sorti et, naturellement, m'a fait la bise. Me devançant, il a ouvert la porte côté passager. Gentleman ! Nous voilà partis. Nous avions pas mal de chemin à faire, j'appréhendais beaucoup les silences, mais son attitude si simple et naturelle m'a mise à l'aise dès les premiers instants.

Il m'a, bien sûr, complimentée sur mon apparence. Puis il a enchainé sur la folle journée de travail qu'il avait passée, s'est excusé de ne pas avoir appelé plus tôt. Pour finir, il m'a expliqué que j'étais le seul événement « heureux » de toute sa journée. Cette dernière ne semblait pas avoir été si réussie que cela si bien que je me suis demandée si c'était vraiment un compliment. Oui, oui. Je vous avais prévenus, réfléchir à tout ce qu'on me dit et tout ce qui se passe, c'est mon truc. Paranoïa ?

Arrivés au restaurant, le stress prit le dessus. Pour accéder au restaurant, il fallait emprunter l'ascenseur et donc traverser le hall. Un hall ne m'a jamais paru aussi grand... Celui-là était, en plus, rempli d'une atmosphère très guindée, luxueuse, limite hautaine. Je n'avais pas l'habitude d'aller dans ce genre d'endroit, une ou deux fois tout au plus, avec mes parents, pour des événements particuliers.

Nous voilà dans l'ascenseur... Toutes sortes de pensées déplacées sont venues dans mon esprit. L'ascenseur est l'élément aphrodisiaque par excellence dans bon nombre de romans érotiques à la lecture desquels je m'adonnais à mes heures perdues. On sait tous ce qu'il s'y passe, n'est-ce pas ?

Je me suis alors dit qu'il fallait une attirance pour envisager quoi que ce soit de tel. Son attirance m'était évidente. Il n'aurait pu résister à ce jeune corps si près du sien. Mais de mon coté, avais-je du désir pour cet homme ?

Si je devais décrire Karl, le premier mot qui me viendrait à l'esprit serait « ténébreux ». Ses cheveux étaient sombres, ses yeux aussi. Je sentais qu'il avait fait, dans sa vie, des choses dont il était peu fier, peut-être même le genre de choses inavouables mais, il me semblait tout de même être quelqu'un de bien. Ce qui me plaisait chez lui, c'était son charisme ; dès qu'il apparaissait, il remplissait tout l'espace par sa prestance. Un charme indéniable. Il m'attirait. Peut-être même plus que je ne l'attirais, moi...

Le voyage dans l'ascenseur, malgré mes pensées osées, s'était passé dans un calme absolu malgré une ambiance un peu tendue. Je sentais son regard sur moi mais faisais mine de ne rien percevoir. Je le regardais parfois en souriant puis je jetais un coup d'oeil sur le compteur des étages qui défilait avec un air de dire que c'était long. Il répondait par un sourire à son tour puis, l'ambiance redevenait tendue. Non pas tendue à cause d'un malaise mais, j'en suis persuadée, par nos pensées analogues et inassouvies.

Le dîner était succulent. La conversation ? Délicieuse. Comme le dessert. Nous avons ri, parlé psychologie, philosophie puis de la vie en général. Le temps était passé à une vitesse phénoménale. Voilà que le restaurant fermait ses portes et qu'on nous priait de bien vouloir quitter les lieux.

« Nous avons complètement oublié de parler du poste ! Encore une fois... C'est de ma faute, je parle trop ! Ecoute, j'avais réservé une chambre au cas où je n'aurais pas été en état de pouvoir conduire et... on peut aller en discuter calmement là-bas. Si tu es toujours intéressée bien sûr. »

Naïve, une fois de plus, j'ai accepté.

D'une, l'argent manquait. De deux, sa compagnie m'était agréable. Et puis je n'ai pas à me justifier. Comment dit-on déjà ? Ah oui ! "Majeure et vaccinée".

Le stress m'avait quittée dès le début du repas mais le voilà qui revenait au fur et à mesure que l'on avançait vers l'ascenseur. Encore lui... Encore ce voyage, long, en tête-à-tête. Et ces pensées qui emplissaient déjà mon esprit.

Annotations

Vous aimez lire Guerda ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0