Chapitre 1

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« Félicitations mademoiselle, voici votre diplôme, bon courage pour la suite ! »

C'est ainsi qu'avait commencé ma vie d'adulte. Ce n'était pas un mauvais début, il n'était pas exceptionnel non plus. Disons qu'il était neutre et qu'il laissait envisager un large éventail de possibilités d'avenir. Les compteurs à zéro.

Je ne vous dirai pas mon prénom, ni mon nom. Je ne décrirai pas mon aspect physique non plus. Du moins, pas en détail. J'ai appris à aimer l'anonymat. Et puis comme ça, vous pourrez solliciter votre imagination, ce n'est pas plus mal.

J'en avais donc terminé avec le lycée. Tout le monde m'avait félicitée. Les professeurs, les amis, la famille. D'ailleurs, je ne vous parlerai pas de ma famille non plus. Je vous dirai juste que je ne suis issue ni de la haute bourgeoisie ni de la grande misère. Une famille lambda de la classe moyenne. La seule originalité, c'est que mes parents n'ont jamais divorcé. Et Dieu sait que c'est à la mode de nos jours !

Parlons de mes amis... il faut bien que je vous parle de quelque chose ! Je n'en avais pas beaucoup. Je privilégiais la qualité à la quantité. J'avais deux amies et un ami, le reste n'était que biomasse. D'ailleurs, maintenant que je n'ai plus d'amis, c'est la seule chose qui m'entoure. Triste réalité.

La relation avec mon ami m'a toujours paru ambiguë... Mais bon, je ne m'y connaissais pas très bien malgré mon âge. Et non, à la sortie du lycée, je n'avais jamais eu de copain, ni même reçu de baiser. Non, je vous arrête de suite, je ne suis pas un laideron et je n'en étais pas un. Le problème, cela doit plutôt venir de mon caractère. Mon ami était le seul à pouvoir le supporter... Mais il n'a jamais rien tenté et... moi non plus !

La fin du lycée marqua mon entrée dans la vie d'adulte, « la vie de grand ». L'entrée dans la folie des soirées sans fin. Nous étions tous très excités à l'idée d'aller à la fac. On n'avait jamais brillé à l'école et aucun d'entre nous ne savait ce qu'il voulait faire plus tard. C'est plus ou moins comme ça que je me suis retrouvée en faculté de psychologie, l'une de mes amies en art, une autre en économie et enfin, le représentant de la virilité de notre quatuor, en médecine.

Pour des raisons évidentes de compréhension, je vais donner des noms à mes amis. Mais toute ressemblance avec des personnes réelles est fortuite, sachez-le ! Nous appellerons l'artiste Ornella, l'économiste Gabrielle et le médecin, Charles. En ce qui me concerne, vous pourrez m'appeler comme vous le voudrez. Je n'ai pas mis artiste entre guillemets bien que j'aurais pu le faire... Cette fille n'a jamais eu de talent pour quoi que ce soit... Ses dessins étaient des gribouillages, ses statues tombaient en lambeaux mais, j'ai appris il n'y a pas si longtemps, qu'elle exposait dans une galerie parisienne. J'irai voir ses « œuvres » un jour, pour avoir ma dose de rire.

Nous logions tous les quatre en collocation dans un quartier proche des bars animés de la ville. Soyons honnêtes, nos intérêts n'étaient pas tournés vers les études mais bien vers le divertissement. Mes intérêts à moi allaient vers notre voisin du dessus, puis un agent immobilier, puis un mec croisé dans un bar, puis à un autre croisé à la fac... En réalité, mon intérêt était assez changeant, c'était surement la faute des hormones... C'est en tout cas ce que disait Gabrielle. Elle devait s'y connaître en hormones vu les perpétuelles prises de poids et éruptions cutanées en tous genres qui rythmaient ses cycles menstruels.

Sans être dotée d'une beauté extraordinaire, Gabrielle s'est toujours considérée comme la plus belle fille du groupe... Elle ne l'a jamais dit, mais c'était évident. Je ne dirai pas mon avis (si, je vais le faire, j'étais clairement mieux). Elle pensait ça parce qu'elle plaisait aux garçons. Pour être honnête, c'était plus grâce à sa personnalité qu'à son physique... Mais cette idiote pensait avoir les deux. Fichue confiance en soi ! Pour plaisanter, les gens disaient qu'il y avait une différence de taille entre elle et moi ; j'attirais la gent masculine grâce à mon physique tandis qu'elle la gardait grâce à sa personnalité.

C'est vrai qu'elle était toujours souriante, vraiment de bonne humeur, plutôt drôle, intelligente sans être prétentieuse. Elle avait une sorte d'équilibre, tout dans la mesure. Chez n'importe quelle autre personne, la bonne humeur pourrait faire penser à de l'inconséquence. Chez elle, il s'agissait de légèreté, cela mettait de bonne humeur, redonnait même parfois goût à la vie. C'était ce que je pensais à l'époque. Maintenant qu'elle me revient à l'esprit, je la trouve simplement barbante au possible. On ne peut pas être « dans la mesure » et être une personne intéressante. Toutes les personnes attachantes ont un grain. Tous les artistes en ont un. Des gens remarquables, fous peut-être, mais remarquables. Regardez Van Gogh.

Moi, même si on ne me le disait pas en face, j'étais le genre de personne pour qui la personnalité gâchait le physique. Je ne savais pas m'ouvrir aux autres, très introvertie. Seuls mes amis connaissaient ma vraie personnalité. D'ailleurs, ils me chariaient toujours « si tu te dévoilais davantage, tu aurais tous les hommes à tes pieds ! ».

C'est cela oui, comme si c'était aussi facile... Qu'en savaient-ils, eux, de ce que c'était qu'être moi ?

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