L'ours

2 minutes de lecture

Comme tous les ans en juillet, une centaine d’ours bruns descendent pour chasser le saumon rouge au bord de la rivière Brooks, dans le Parc national de Katmai, en Alaska… Le son de la télévision était vraiment trop fort. Et les coups sur la porte redoublaient d’intensité.

Zoya et Hector interrompirent leur combat. Zoya, qui tenait la main agrippée sur le haut du bras de son mari, descendit ses doigts vers son poignet, qu’elle serra jusqu’à rejoindre sa paume.

— Qui peut bien frapper comme ça ?

Hector coupa le son. Certainement pas par crainte de déranger ses voisins… Plus personne dans la famille ne se préoccupait du bruit depuis le départ des occupants des deux maisons mitoyennes. La voisine de gauche avait récemment été placée en seniorie, sa santé s’étant rapidement détériorée après l'assassinat de sa fille unique et de son gendre par ses petits-enfants. Quant à la maison située à droite, elle appartenait à une famille de touristes flamands qu’ils n’avaient pas revue depuis le début du Cauchemar. Sans doute les parents avaient-ils été tués lors des Grands Massacres précédant l’Officialisation mondiale.

Il faisait encore noir dehors. Le tambourinage de la porte d’entrée se déplaça sur la fenêtre de la cuisine. Avec la même intensité. Mais plus près. Plus effrayant. Aucun son de voix ne leur parvenait. Hector tendit le bras vers le bouton d’ouverture du volet coulissant. Zoya le retint en murmurant non.

— T’inquiète, y’a les grilles. Au moins, on verra c’est qui.

Zoya s’approcha de l’oreille de son mari, tout contre lui, et chuchota.

— Hector, Hector, regarde les petits, leurs yeux…

Après chaque attaque, les personnes qui avaient récupéré les gosses-assassins avaient parlé de leur regard, ces fameux yeux vides, sans objet, cette attention creuse. Hector les repéra lui aussi sur les visages de Boris et d’Olga. Les deux enfants avaient les yeux tournés vers leurs parents, mais ils n’accrochaient rien, leur regard flottait.

— Putain !!!! BORIS ! OLGA ! Qu’est-ce qui se passe ?

Le bébé s’était remis à gazouiller depuis que les cris de la dispute et les ours de la télévision s’étaient calmés. Le téléphone sonnait à nouveau.

— Ne t’approche pas d’eux.

Zoya alla jusqu’à l’appareil et décrocha.

— Bonjour M’dame, je suis Ilyas Lemaire, un copain de classe de Boris, nous sommes devant chez vous avec Marco et Sacha, on voulait venir lui dire bonjour, mais c’est tout fermé. Vous nous ouvrez, s'i-vous-plaît M’dame ?

Annotations

Vous aimez lire Renard . ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0