Châtiment

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Après deux ans d'acharnement à la tâche, il avait enfin réussi, la colline était maintenant dégagée, et la bicoque restaurée. Il ne lui manquait plus qu'à planter et cultiver cette nouvelle terre. Il en ferait son nouveau champ, il travaillerait encore plus dur pour cela, pour l'amour des végétaux.

Mais pour l'instant, il voulait simplement prendre une pause, pour prendre le temps de contempler son travail accompli. "Il n' y a pas de doute à avoir, se dit-il, en comparaison, le paradis fait sûrement pâle figure !"

Croyez-vous en Dieu ? Peut-être, mais croyez-vous aussi que si Dieu existait et qu'au moment même ou le paysan prononça ces paroles, il les entendit, et que d'un coup, il soit comme qui dirait jaloux, Pensez-vous que dans ce cas, il aurait envie de châtier l'homme en question ?

Non, ce serait totalement puéril ! Et pourtant, comment justifier autrement l'apparition soudaine de l'arbre, et de plus pile après la finition totale de l'installation des plantations dans le nouveau champ.

Car son odeur, bien loin d'être son seul défaut faisait en fait pourrir les plantes alentours, rendant le sol boueux et incultivable. Et de par ses racines, il pompait toute l'eau du sol du champ, sans faire de distinction avec celle réservée aux autres végétaux.

La suite, vous la connaissez, le paysan avait tout tenté, mais l'arbre n'avait pas cédé d'un seul pouce. Pour lui, cela ne faisait pas un pli, c'était bel et bien une punition divine...

Un soir qu'il n'avait rien pu retirer des récoltes, empli de rage et de colère, il alla chercher une pelle et sortit dehors, par un soir d'automne, pour déterrer l'immonde chose. Il lui fallut bien plus de deux heures pour enfin réussir, mais il n'avait pas eu une seule fois l'intention d'abandonner tout le long.

L'arbre enfin à terre, il dut s'y reprendre à trois reprises pour réussir à le hisser sur un transporte-charge, puis, les bras irradiant de douleur, et les mains couvertes d'ampoules et d'échardes, il commença à avancer lentement, tout en traînant derrière lui le transporte-charge, dont la charge pesait son poids.

Chacun de ses pas lui infligeait une terrible douleur dans le corps, mais l'ambition qui l'animait allait bien au-dessus de cela, malgré le froid et la douleur, il avait la certitude qu'il fallait continuer, il voulait s'en débarasser définitivement, et ne plus jamais en entendre parler.

Il se rapprochait lentement mais sûrement de son but, et traversant le village endormi, il l'aperçut enfin en contrebas, le lac.

Alors, après une infinitude de précautions, et dans un ultime effort, l'homme jeta le transporte-charge ainsi que son contenu dans l'eau du lac.

Après être enfin rentré chez lui, il se coucha et dormit comme une souche, tout en rêvant de l'avenir du champ. Le lendemain matin, aux premières lueurs, il se leva, bien décidé à continuer le travail qu'il avait laissé il y a de cela longtemps. Effectivement, l'arbre était maintenant hors d'état de nuire, et son nouveau problème consistait dans le fait que son champ était maintenant dans un triste état.

Alors, il sortit de chez lui, et se dirigea vers le sommet de la colline pour avoir une vue d'ensemble. Mais au moment même ou il atteignit le sommet, l'horreur se dessina sur son visage, et il tomba à même le sol, entièrement parcouru de spasmes. Il était mort...

Et la dernière chose qu'il avait vue, était son champ, envahi par d'innombrables arbres, tous plus répugnants les uns que les autres.

FIN !

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