Tais-toi !

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- C'est moi qui l'ai fait. avouais-je

Je me râcle la gorge pour tenter d'évacuer la sensation de malaise qui s'empare de moi. Il faut que je dise tout.

- J'en avais marre de l'entendre parler. Elle n'arrêtait pas de m'agacer, c'était impossible de la mettre en sourdine. Alors hier soir j'ai dérapé, j'ai pété les plombs. Comprends-moi, j'avais passé une sale journée au travail, tu connais le patron, quand il est de mauvaise humeur, tout le monde en profite. Il avait fait des remarques à chacun d'entre nous, même aux meilleurs. Il est toujours plus tendu en période de fêtes. Enfin, bref... C'était pas le bon jour pour me parler, et surtout pas quand la seule chose que j'essaye de faire c'est me détendre. Mais elle, elle s'en foutait pas mal de mes états d'âmes, j'ai entendu sa voix insupportable toute la soirée qui s'extasiait sur des trucs complètement banals. Alors j'ai attendu. J'ai attendu qu'elle se taise enfin pour passer à l'action. En pleine nuit je suis sorti de ma chambre et je l'ai portée dehors en faisant attention à ne pas l'éveillée, j'ai fait le moins de bruit possible. Elle s'est aperçue de ma présence quand j'étais au fond du jardin, quand j'étais en train de creuser mon trou. Et elle m'a immédiatement adressé la parole de sa voix aiguë. J'en pouvais plus, alors j'ai serré mes mains autour de son cou pour qu'elle s'arrête, mais ça ne servait à rien. Même en l'étranglant davantage elle cherchait toujours à sortir des mots de sa bouche. Ensuite, j'ai difficilement glissé mes doigts dans sa gorge et j'ai tout arraché de l'intérieur, pour faire en sorte qu'elle se taise pour de bon. J'y ai mis toute ma force mais au moins ça a marché. Et pour finir, j'ai tordu son cou, et j'ai déposé son corps devant la niche du chien.

Partagé entre un sentiment de honte et de soulagement, je n'ose pas regarder ma mère dans les yeux. Elle est en face de moi, appuyée sur le rebord de la fenêtre en train de fumer sa cigarette. Moi, je suis assis à ma place habituelle autour de la table familiale. Je n'ose pas prendre mon petit-déjeuner.

- Tu voulais vraiment faire accuser le chien ?

Je suis surpris par les premiers mots que ma mère m'adresse.

- Oui... je sais c'est stupide et lâche.

- Exactement. Il n'aurait jamais pû s'en débarasser aussi 'proprement' de toute façon.

Je reste silencieux pendant que ma mère écrase son mégot dans son cendrier. Elle se dirige vers le porte-manteau et se saisit de son sac à main pour fouiller dedans.

- Je me doutais bien que c'étais toi. J'avais compris qu'elle t'agaçait dès que tu l'as aperçue.

Ma mère se saisit de son portefeuille vert pomme et me le lance. Je l'attrape au vol et la regarde d'un air stupéfait.

- Comme tu es de repos aujourd'hui, tu sais ce qu'il te reste à faire.

Je soupire.

- Ouais, j'ai compris. Et je te jure que je ne pêterai plus jamais les plombs, c'était vraiment idiot de ma part de relâcher ma frustration comme ça...

- Bien. Alors prend ton petit-déjeuner fissa et file au magasin de jouets en prendre une autre. Tu me la remboursera plus tard. Et je compte sur toi pour t'excuser auprès de ta petite cousine tout à l'heure pour avoir 'malencontreusement' cassé sa poupée parlante.

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