22. Entrainement

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Cette fois-ci, on s’était pas endormis sur le canapé. Elle s’était éclipsée dans la salle de bain alors que je somnolais devant la télé et je la vis revenir en pyjama. J’eus à peine le temps de réaliser ce que je voyais qu’elle embrassait déjà ma joue en me souhaitant bonne nuit. Et elle rebroussa chemin pour gagner sa chambre, en me disant que la mienne m’attendait. J’hochai la tête, sans la quitter du regard. Putain, fallait pas qu’elle me fasse des coups comme ça. Son mini short en satin, là… Je secouai brusquement la tête et m’enfermai dans la chambre de son frère. Je pouvais pas avoir ce genre de pensées pour Céleste. Elle méritait mieux que ça. Mieux que moi.

Toute la journée du lendemain, je n’eus de cesse de ressasser la façon dont s’était terminée ma soirée. J’osais même plus regarder Céleste. C’était inconcevable. Et elle, elle comprenait pas pourquoi je me montrai tout à coup si distant alors qu’on avait été si proches hier. Pourtant, elle ne me dit rien.

Ce ne fut qu’arrivés à son appartement qu’elle se planta devant moi, alors que je préparais mes affaires de sport pour aller à la salle. Ses yeux bleu et vert me dévisageaient, encore avec tristesse. Qu’est-ce que j’aimais pas ça.

— Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? me demanda-t-elle.

— Non, bien sûr que non… T’as rien fait, la rassurai-je.

Je voulais pas qu’elle s’imagine des trucs. Si seulement elle savait que c’était justement parce qu’elle avait rien fait de mal, parce que je me rendais compte qu’elle était encore plus incroyable que ce que je pensais, que je mettais de la distance. Je voulais pas m’enfoncer encore plus dans cette espèce d’attirance qui naissait. En fait, elle existait depuis le premier jour. Dès notre première rencontre, j’avais eu envie de la revoir. Mais, maintenant que je la connaissais, je savais qu’elle était pas une meuf pour moi.

— Je vais à la salle, l’informai-je. Je reviens d’ici trois heures…

— Tu m’avais dit que tu m’emmènerais avec toi, me rappela-t-elle.

Eh merde.

J’avais pas envie qu’elle vienne avec moi. Parce que tous les branleurs qui s'entraînaient avec moi allaient la bouffer des yeux. Ou la bouffer tout court, même. Puis qu’est-ce qu’elle allait faire pendant 2h ? Elle faisait jamais de sport, en trente minutes, elle serait morte. De toute façon, aujourd’hui, j’allais dans la salle de boxe avec Hakim, pas aux machines.

— Allez, quoi… S’il te plait. Je prends mes affaires.

— T’as des fringues de sport, toi ? me moquai-je.

De toute façon, elle était enflée comme une allumette, elle avait pas besoin d’en faire. Mais elle insista encore et encore et revint avec un petit sac en toile, prête à me suivre. Bon, au moins, elle serait avec moi. Je pourrais garder un oeil sur elle. Et puis, je doutais qu’Hakim soit du genre à lui sauter dessus. En plus, si elle venait avec moi, j’étais sûr qu’il penserait qu’on était ensemble.

Comme elle le faisait toujours si bien, Céleste bavarda durant tout le trajet. Elle avait toujours quelque chose à dire, une remarque à faire sur l’état d’un immeuble, sur le ciel, sur le dernier livre qu’elle avait lu, une question à me poser sur mon enfance ou alors elle chantonnait. Pourtant, elle aimait le silence, j’en était sûr. Il n’était pas rare que je la trouve assise dans un coin à la fac, loin du bruit, pour bouquiner. Même avec Alexis, il y avait souvent de grands blancs, comme si elle se satisfaisait du calme. Mais pas avec moi. On aurait dû qu’elle essayait de combler un vide qui la gênait.

— Salut Abdel, marmonnai-je, en tapant dans la main qu’il me tendit.

Il m’adressa un large sourire quand il remarqua Céleste, derrière moi.

— Tu m’amènes une nouvelle recrue ?

— Elle vient juste voir, répondis-je.

Céleste fronça les sourcils. Elle espérait quand même pas que je la laisserais aller toute seule dans la salle, entourée de mecs dans mon genre ? Je prendrais pas ce risque. Elle allait me suivre, s’asseoir tranquillement dans un coin et me regarder m’entraîner contre Hakim. Mais, en même temps… C’était peut-être pas une bonne idée. Elle se rendrait compte à quel point j’étais violent. Merde, pourquoi je l’avais emmenée déjà ?

La petite brune-rousse me rejoignit dans la salle de boxe, où je commençais déjà à m’échauffer. Elle regarda partout autour d’elle et se retourna vers moi. Ses joues s’empourprèrent aussitôt. Elle était en train de me mater ou je rêvais ? Mon t-shirt jonchait déjà le sol. J’avais déjà trop chaud. Et elle en profitait. Ça me fit sourire.

— Désolé, mec, j’étais en… Euh, salut, bredouilla Hakim, lorsqu’il entra à toute vitesse.

Céleste lui sourit poliment. Il en fut déstabilisé. Elle faisait cet effet à tous les hommes, j’en étais sûr. Et elle s’en rendait même pas compte, parce que pour elle c’était normal de se montrer si chaleureuse. Puis, il y avait ses yeux clairs qui faisaient bugger tout le monde.

— Bon, on y va ? le pressai-je.

J’avais pas envie de m’éterniser là. Alors, je repris mon échauffement, tandis que Céleste reculais pour s’asseoir dans un coin. Elle suivait le moindre de mes mouvements avec attention, les sourcils froncés. Quand on commença à s’affronter, avec Hakim, je la sentis même se crisper. Elle eut peur pour moi quelques fois. J’étais pas concentré. Hak’ me mettait à l’amende avec une facilité déconcertante. C’était à cause de Céleste et de ses yeux posés sur mon torse. Ils me brûlaient. C’était pas désagréable, au contraire. Fallait qu’elle arrête ça, vraiment. Parce qu’après les pensées qui m’avaient traversé l’esprit la veille, je sentais que je pourrais pas résister bien longtemps si elle continuait. Elle se doutait pas un instant de l’effet qu’elle avait sur moi.

— Aïe ! Putain ! râlai-je.

— T’es avec moi ou quoi ? s’énerva Hakim.

— Nan… Laisse tomber, ça sert à rien de continuer pour aujourd’hui. On peut recommencer demain ?

— Ouais et tu viens sans ta meuf parce que v’la comme t’es pas concentré quand elle est dans les parages, se moqua-t-il.

Je me figeai. Céleste aussi. Elle venait de nous rejoindre. Ses joues rosirent encore. Elle baissa les yeux et rit nerveusement. Moi aussi. On était pas ensemble. On le serait jamais. Mais bordel, même si je savais que ça arriverait pas, je devais avouer que ça devenait très compliqué de m’en convaincre.

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