Prologue

5 minutes de lecture

Hello cher.e lecteur.trice !
Tout d'abord, je te souhaites une agréable lecture et espère que mes personnages te toucheront. Je dois tout de même te mettre en garde : j'ai fait le choix d'opter pour une narration peu commune et classique, pour un langage très oral. C'est un choix narratif que j'assume à 100% et qui, je l'entends, peut-être difficile à lire pour les amoureux du classiscisme, mais il est important pour moi et pour mon personnage. Un langage plus soutenu ne lui correspondrait pas du tout.
Voilà, maintenant que tu sais, bonne lecture
Bisous et poutous


Je me pris une droite. Un coup de genoux. Je tombai sur le sol crasseux. Quelques graviers s'enfoncèrent dans la paume de mes mains quand je tentai de me relever. Le géant contre qui je devais me battre ricanait, encouragé par les beuglements des autres.

Fallait pas que je me laisse abattre. J'avais besoin de cette thune, pour me payer une nuit à l'hôtel, loin de chez moi. C'était le seul moyen. Me battre ou me faire battre, le choix était vite fait.

Alors, je me remis sur mes pieds. On me hua. Un gars cria à l'autre de m'éclater. Tu parles, ils attendaient tous que ça. Ils en avaient marre de me voir gagner. J'avais fait perdre trop de thunes à trop de monde. Alors on me trouvait toujours des adversaires plus forts, plus difficiles à vaincre. J'y arrivais quand même. C'était l'instinct, celui du survivant.

Pas ce soir.

J'esquivai un coup, je lui en mis un. Il recula. Mais ça avait fait que le mettre plus en rogne. Il était enragé. Et c'était une montagne de muscles et de graisse. Il devait bien faire deux mètres et peser cinquante kilos de plus que moi. J'étais pourtant loin d'être un gringalet. Je passais trop de temps à la salle de sport. Mais c'était mon gagne-pain.

Ce soir, je fêtais mes vingt ans.

Ça faisait huit mois que j'étais monté à Paname. L'objectif, c'était de quitter Marseille pour faire des études à la Sorbonne. Ma daronne avait jamais été aussi fière de moi que le jour où je lui avais annoncé. Moi, le mec qui avait passé plus de temps en dehors du lycée qu'à l'intérieur pour suivre les cours, qui avait redoublé la première et la terminale, j'allais faire des études dans l'une des plus prestigieuses universités de France. Elle s'en était vanté auprès de toutes ses copines pendant bien un mois.

Sauf que très vite, y avait une question à laquelle on avait pas pensé qui s'était posée : comment j'allais vivre à Paris ? On avait pas masse de thune. Elle avait qu'un pauvre salaire d'éduc' spé' et mon daron lui versait plus de pension alimentaire depuis belle lurette. J'avais essayé de trouver un taff, mais je savais pas trop comment m'y prendre avec la fac. Je savais même pas si je pouvais louper des cours parce que je bossais. Je savais même pas de quoi seraient faites mes journées, en fait. Alors on s'était résolus à appeler mon connard de père.

Il avait accepté de m'héberger, gratuitement. Y avait un truc qui clochait. Mais on avait pas tilté sur le moment. On était juste content que j'ai un toit. Sauf que quand j'étais arrivé sur Paname, le toit s'était vite transformé en prison. Et comme un con, j'avais pas osé le dire à ma mère. Elle aurait pris peur. Alors je lui mentais.
Ouais, Maman, c'est super intéressant ce qu'on fait en cours. Ouais, Maman, je me suis fait des potes. T'inquiète pas, Maman, je bosse, je fais pas que sortir.

Si seulement elle savait que j'y avais pas foutu les pieds, à la fac. Au lieu de ça, je me retrouvais la nuit à arpenter les rues pourraves d'une banlieue parisienne craignos où vivait mon père. Je rejoignais une vieille usine désaffectée où avaient lieu des conneries de combats entre connards dans mon genre. Et y avait des plus gros connards qui venaient faire des paris. Si on se démerdait bien, on pouvait se faire un paquet de thune.

Y en a qui s'en servait pour s'acheter de la drogue ou se payer des putes. Moi c'était juste pour m'offrir quelques nuits dans un hôtel miteux, loin de chez moi, loin de mon père et de sa violence. Si je gagnais un bon combat, j'avais moyen de passer une semaine tranquille. Si je perdais...

Fallait pas que je perde. Je lançai un nouveau coup de poing. Le gars vacilla. J'allais attaquer encore, mais cette brute me mit par terre, par je ne sais quel miracle. J'étais coincé. Je pouvais plus bouger. Et il était en train de me tabasser. J'avais pas mal, c'était une question d'habitude et d'adrénaline. Mais je savais que le lendemain, j'allais douiller, et plus encore le surlendemain et ainsi de suite pendant quelques jours avant que je commence à guérir. Si je guérissais. Parce que si je perdais et que je devais rentrer chez moi, mon père m'en laisserait pas le temps.

Putain, Maman, je t'ai menti. Viens m'aider, s'te plait.

Plus d'une fois, j'avais eu envie de quitter Paris pour retourner dans mon sud. Mais à chaque fois, je pensais à la gueule que tirerait ma mère si elle me voyait débarquer avec ma tronche de boxeur looser. Et puis, je voulais y aller, dans cette fac. C'était mon avenir qui se jouait. J'allais pas pouvoir faire le remake de fight club pour le restant de mes jours.

N'empêche, ils avaient raison. Cogner sur quelqu'un, ça faisait du bien, pour évacuer la haine. C'était pour ça, à la base, que je me battais. Pour me prouver que j'étais pas qu'une merde qui se fait frapper par son père, à vingt ans. Là, au moins, j'avais le pouvoir. Sauf quand je perdais.

Le gars me mit un coup de pied dans le ventre. Je me pliai en deux et gémis. C'était over pour moi. Fin. J'avais perdu deux-cent balles. J'avais plus de quoi me payer l'hôtel ce soir. Et j'allais me faire buter par mon père quand je rentrerai.

Une nouvelle journée en enfer.

Y avait ce putain de lampadaire qui m'éblouissait au-dessus de moi, comme cette putain de lumière au bout du tunnel. Clairement, c'était pas loin de la vérité. J'entendais à peine les hurlements hargneux des spectateurs. J'arrivais pas à me relever. J'avais perdu.

.

Je soupirai. J'avais pas l'habitude. Normalement, c'était moi à la place du géant. Je regardais mon adversaire se tordre de douleur et je jubilais à l'idée d'avoir de quoi me payer quelques nuits de sommeil. Là, j'étais allongé par terre, dans la poussière et la boue, comme une pauvre merde que j'étais.

Fait chier !

Je me relevai péniblement et me frayai un chemin parmi les mecs surexcités qui se payaient ma tête. Je m'attardai pas là. Ça servait à rien de toute façon. Y avait trop de gars qui voulaient ma peau. Et j'avais pas envie de finir mort dans un coin de l'usine juste parce que j'avais les jetons de rentrer chez mon père. La mort était pas une option. Je le voulais, cet avenir qui me permettait de m'échapper, la nuit, dans mes rêve : un taff cool, une meuf sympa, peut-être un jour des gosses, et des soirées avec mes potes. C'était pas grand-chose que je demandais.

Pour y arriver, y avait qu'une option possible. Fallait que je me barre de là.

Annotations

Vous aimez lire Elora Nipova ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0