Chapitre six : Une dureté un peu dissonante ?

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-Mon joli petit chiot... Il est temps de se réveiller.

-Hummm... grognai-je.

Cette voix tant crainte... Je ne voulais pas ouvrir les yeux. Je voulais dormir ! Encore ! Et ne plus me réveiller dans cette maison remplie de fous furieux ! Je voulais oublier la douleur cuisante dans mon dos et celle dans la paume de ma main ! Mais les doigts que je sentais caresser mes cheveux m'en empêchaient. Ainsi que Marcos qui glapissait contre moi. Il ne devait pas comprendre pour quelle raison je restais au lit alors qu'il faisait indubitablement jour, je sentais la lumière derrière mes paupières closes.

Je sentis soudainement un souffle contre mon oreille.

-Chiot, ma patience a des limites... me menaça-t-il doucement en stoppant ses caresses.

Ok... J'ouvris les yeux. Marcos me regardait et je sentais son énervement. Il avait sans doute envie que l'on aille se promener comme tous les matins. Une main mutilée et enveloppée d'un bandage passa au-dessus de moi pour donner une caresse à mon chien. Cet homme se trouvait derrière mon dos sur lequel il avait la décence - pour une fois... - de ne pas s'appuyer...

-Bien. Tu vas te lever et prendre une douche. Ensuite, nous irons promener ton chien et prendrons un petit-déjeuner.

Il se leva, Marcos aussi et je suivis le mouvement. Cet homme se dirigea vers moi et avant que j'aie pu me reculer, il m'attrapa le visage entre ses larges mains. Ses lèvres se posèrent alors sur les miennes dans un bref baiser chaud et humide.

En voyant mes yeux étonnés, il rit.

-Qu'y a-t-il ? Je te dis bonjour comme il se doit. En quoi est-ce si étonnant ?

« Comme il se doit » ?! Nous n'étions pourtant pas un couple ! Ce mec était un kidnappeur-tueur-pervers et moi, son prisonnier ! Rien de plus ! Mais qu'est-ce que c'était que ce type ?!

Je ne répondis donc rien, me contentant de le dévisager. Je ne pus m'empêcher de remarquer qu'il sentait bon. Un mélange de gel douche, d'eau de Cologne et de cigarette. Il portait son habituelle chemise blanche et un pantalon noir. Ses beaux cheveux couleur de jais étaient coiffés en arrière. Il était indéniablement élégant. Et malgré ses airs désinvoltes et son regard moqueur, il possédait vraiment beaucoup de charme.

Attendez... Mais à quoi je pensais, moi ? Ce mec était surtout dingue, oui !!

-Chiot, lorsque tu en auras fini avec ton débat intérieur, fais-moi signe ! Ou bien devrais-je te renverser sur ce lit et te ramener de force dans la réalité ? dit-il d'une voix plus dure.

Il n'avait franchement pas l'air de bonne humeur ce matin... La petite tuerie d'hier l'avait sans doute contrarié.

-Heu... Je...

-Va prendre ta douche. Des vêtements que je t'ai choisis t'attendent dans la salle de bain. Lorsque tu seras prêt, descends les escaliers et va jusqu'à la porte d'entrée. Je vais nourrir ton chien en t'attendant.

Je me reculai vivement et m'approchai de mon Marcos. Je venais à peine de le retrouver ! Et je ne faisais certainement pas confiance à cet homme !

-Non ! Il... Il peut venir avec moi ! Je ferai vite ! m'exclamai-je en me dirigeant jusqu'à la porte.

J'étais sur le point de l'ouvrir lorsqu'une main se posa violemment contre, m'empêchant de sortir. Un corps se plaqua contre moi, m'arrachant un gémissement de douleur. Même s'il m'avait mis de la crème cicatrisante et apaisante la veille au soir, comme promis et alors que j'étais à moitié endormi, ma peau me rebrûlait ce matin. J'étais sûr qu'il le savait et le faisait exprès !

-Rappelle-toi de ce que je t'ai dit hier soir, petit chiot. Je peux tout te prendre comme je peux tout te donner. Cela dépendra de toi et de ton attitude envers moi. Alors, ne me mets pas en colère dès le matin...

Les battements de mon cœur s'étaient accélérés et la peur s'était emparée de moi. Résigné, je soupirai. Je ne voulais pas que ce dingue s'en prenne à mon Marcos.

-D'accord... murmurai-je.

Il se recula et je me baissai pour faire un câlin à mon chien.

-On se revoit après. Je ne serai pas long, lui dis-je.

Cet homme vint le caresser et se mettre à ses côtés, le retenant pour éviter qu'il ne me suive alors que je sortais de cette chambre, le cœur lourd.

Lorsque j'entrai dans la salle de bain, je découvris effectivement qu'il y avait des vêtements. Par curiosité, je les soulevai afin de voir de quoi j'allais devoir me vêtir. Un jean noir à la coupe droite, un pull de la même couleur et un long manteau sombre qui avait l'air de très bonne qualité et particulièrement chaud. Il y avait également une paire de baskets blanches d'une grande marque, un sous-vêtement et des chaussettes.

Je me lavai d'abord les dents et me rasai, et une fois sous la douche, je me mis à penser à ce qui s'était passé hier. J'avais retrouvé mon Marcos et m'étais blotti contre lui alors que des coups de feu retentissaient. Et puis, le calme s'était fait brutalement, laissant envisager qu'ils étaient peut-être tous morts... Ne sachant que faire et étant enfermé à clé dans cette chambre, j'avais fini par aller jusqu'au grand lit dans lequel je m'étais caché sous les couvertures comme un enfant, mon toutou dans les bras. L'obscurité avait progressivement envahi la chambre, et apaisé par la lente respiration de mon chien, le sommeil s'était peu à peu emparé de moi.

Longtemps après, j'avais entendu quelqu'un entrer. J'avais reconnu les pas de cet homme et n'ayant plus le courage de rien, je n'avais pas bougé. Je l'avais entendu ouvrir un tiroir, sans doute pour ranger son arme et ses gants, puis il était venu jusqu'au lit. Il n'avait pas bougé durant un long moment. Je savais qu'il m'observait dans l'obscurité seulement éclairée par la lumière de la Lune. Et finalement, un bruit de bouchon qu'on ouvre avait retenti, le lit avait bougé et j'avais senti qu'il relevait mon pull.

Une main pleine de pommade s'était posée sur ma peau et j'en avais gémi de douleur. Il m'avait alors murmuré doucement de me rendormir et c'est ce que j'avais fait. L'effet apaisant de la pommade accompagné de gestes doux sur ma peau avaient eu un côté soporifique. Et ce matin à mon réveil, cet homme énigmatique était encore là contre moi, à me regarder dormir. Que voulait-il, exactement ? Qu'attendait-il de moi ? Je me doutais que tous les prisonniers qui avaient pu passer entre ses mains n'avaient pas dû être traités ainsi ! Cet homme se montrait dur au point d'être extrêmement violent mais pouvait aussi se montrer doux et se serrer contre moi la nuit sans rien exiger. Il me blessait et pourtant, soignait les blessures qu'il m'avait infligées...

Oui... Son attitude si contradictoire envers moi me perturbait énormément... Je n'avais jamais connu quelqu'un comme ça.

Tout à mes pensées, je venais d'ouvrir la porte de la cabine que je me figeai, ma serviette avec laquelle je venais de m'essuyer, placée autour de mes reins. Cet homme était là, devant moi, ses fesses reposant contre le lavabo, ses bras croisés contre son torse.

-Qu'est-ce que vous faites là ?

Il prit tout son temps pour me regarder des pieds à la tête, ses yeux arrêtant son parcours une fois plongés dans les miens. Il ne dit rien mais se redressa et s'approcha de moi. Merde... Qu'est-ce que j'avais encore fait ?

Je me trouvais devant la porte de la cabine de douche, je ne pouvais pas reculer. Il ne s'arrêta qu'à quelques centimètres de mon corps.

-Je t'avais donné un ordre hier. Peux-tu me dire lequel ?

De quoi est-ce qu'il parlait ? Un ordre... Hier, on avait joué à son jeu bizarre de pervers... Sous la colère, je lui avais donné pour action de se poignarder la main et... Ho, merde...

Je baissai ma tête et regardai la blessure qu'il m'avait faite.

-On se souvient à ce que je vois. Alors ? Pourquoi n'as-tu pas désinfecté et pansé ta coupure comme je te l'avais ordonné ?

-Heu... Je... J'ai oublié... terminai-je d'une petite voix.

Et putain, c'était vrai ! Avec les coups de feu que j'entendais sans en savoir la conclusion, ça m'était totalement sorti de la tête !

-Humm... « Oublié » ? Vraiment ? dit-il en passant un doigt le long de ma joue. Tu ne crois pas que ça mérite une punition ?

Quoi ?! Après la peur, la colère s'empara de moi. Nan mais pour qui est-ce qu'il se prenait, bordel ?!

-Vous êtes vraiment taré... Je ne suis pas votre jouet, votre soumis ou quoi que ce soit d'autre, vous m'entendez ?

Sa main s'abattit sur mon cou et il me souleva jusqu'à ce que je sois sur la pointe des pieds. Putain de colosse...

-Petit chiot, fais attention... J'aime ta fougue, elle me divertit beaucoup et comme tu peux le constater, elle me fait bander... me dit-il à l'oreille d'une voix plus basse en portant ma main à son entrejambe. Mais il y a des situations pour lesquelles je préfère que l'on m'obéisse.

Je tirai sur ma main de toutes mes forces mais rien à faire, ce type me la plaquait fortement contre son érection de pervers !

-Je te propose une solution pour te racheter. Embrasse-moi et mets-y de la ferveur.

Il me foutait trop les jetons pour que je ressente l'envie de l'embrasser ! Mais son regard était tellement déterminé... Je voyais bien qu'il ne changerait pas d'avis.

-Soit tu m'embrasses comme s'il s'agissait de la dernière chose que tu feras dans ta vie, et c'est peut-être le cas... me dit-il d'une voix menaçante. Soit je te ramène déjà dans ma pièce préférée de cette demeure alors que ton dos n'a pas encore fini de cicatriser. Tu choisis quoi, mon joli petit chiot ?

Si je le pouvais, je choisirais la troisième option : le tuer. Le butter. Le fracasser. Faire disparaître cet air arrogant de son visage !

Ses yeux s'illuminèrent comme s'il avait compris mes réflexions et qu'il avait encore gagné. Il me lâcha enfin le cou et la main. PUTAIN ! Mais il lisait dans mes pensées ?! Ou mon visage exprimait vraiment toutes mes émotions que j'essayais de cacher ? ET MERDE !

Sans plus réfléchir, j'attrapai son visage de ma main blessée pour l'amener à moi et plaquai mes lèvres contre les siennes. J'essayais d'oublier que ce mec était un dingue, un psychopathe, et j'y mettais toute la passion que je pouvais. Ma langue trouva la sienne et ce fut lui qui dirigea. La ferveur demandée ou plutôt la colère mise dans ce baiser fit bientôt place à plus de douceur et il me serra contre lui. Ses mains se firent caressantes et je compris que ma serviette était tombée, sans doute par ses gestes, quand je sentis des mains agripper fermement mes fesses. Ce fut le déclic pour que je stoppe tout ceci et que j'essaie de m'éloigner. Il grogna de mécontentement, me gardant serré contre son corps dur, ses mains toujours ancrées sur mon postérieur.

Il me fixa un moment et je ne vis pas son habituel amusement dans ses yeux. Il paraissait sérieux tout d'un coup. Il finit par poser son front contre le mien. J'entendais son cœur qui battait rapidement. Le mien aussi, sans doute... Mais peut-être pas tout à fait pour les mêmes raisons. Nous restâmes ainsi durant ce qui me sembla être de longues minutes, attendant que nos respirations reprennent un rythme normal. Et puis, il se redressa.

-Je suis très satisfait. Tu me fais ressentir certaines sensations que je pensais à jamais oubliées. Et tu es si amusant...

Je ne pus m'empêcher de soupirer en entendant que je l'amusais. Il ne me prenait vraiment pas au sérieux... Et ça le fit rire ! Nan mais ce type !

-Je te laisse t'habiller tranquillement, sinon je ne pense pas pouvoir m'empêcher de te prendre un peu sauvagement dans cette cabine de douche, dit-il dans un sourire moqueur.

Ok... Mes joues s'enflammèrent sous ses paroles. Et tout content de lui, il passa de nouveau un doigt sur ma joue bouillante.

-Si mignon...

Il commença à avancer vers la porte mais se stoppa d'un coup.

-Ha, oui ! J'ai failli oublier !

Je ramassai ma serviette et la remis rapidement autour de mes hanches en espérant de tout mon cœur qu'il n'avait pas changé d'avis... Je le vis attraper un tube de crème.

-Tourne-toi, chiot, et mets-toi contre le mur.

Je me retins de lever les yeux au ciel. La façon dont il me donnait des ordres était tellement fatigante... Mais mon dos me brûlait toujours alors je fis ce qu'il me dit. Cette pommade était après tout, bien efficace, et je ne pouvais pas me l'appliquer tout seul. Il s'en occupa pendant que je serrais les dents sous la douleur et lorsqu'il eut terminé, il me donna une claque sur les fesses.

-EH ! m'exclamai-je.

Il rit mais me laissa enfin. Je pouvais respirer de nouveau. Mon cœur battait à cent à l'heure. Être près de lui n'était vraiment pas de tout repos !

Suite à sa sortie, je terminai de me préparer. Les vêtements m'allaient encore parfaitement bien. Ils étaient doux et agréables à porter. Et puis, en me regardant dans le miroir, je trouvai que j'avais de l'allure !

Je découvris sous les habits qu'il avait posé la trousse de premiers soins. Cette fois, je ne fis pas la même erreur et je m'occupai de désinfecter ma coupure et de mettre un bandage.

Quelques minutes après être sorti de la salle de bain, je me trouvais dans la cour. Un des hommes de mon ravisseur m'attendait en haut des escaliers afin que je le suive et il m'avait mené jusqu'à l'extérieur.

J'entendis soudainement aboyé.

-Marcos ! m'écriai-je et mon toutou me sauta dessus.

La cour était si grande, même en étant barricadée, que je partis courir avec mon chien qui était étonnamment seul. Enfin, si je ne tenais pas compte des hommes armés qui se trouvaient dans tous les coins et faisaient leurs rondes... Je ne savais pas où se trouvait mon ravisseur et c'était tant mieux. Marcos avait besoin d'exercice et moi aussi. Et puis, prendre l'air nous faisait du bien à tous les deux ! Nous avions besoin d'être seuls, ça faisait trop longtemps !

Je trouvai une petite branche sur le sol, ce qui n'était pas étonnant, il y avait pas mal d'arbres et d'arbustes autour de la maison. Je lui jetai donc et nous nous mîmes à jouer, comme avant, oubliant mes soucis pendant un moment. Voir Marcos heureux me faisait du bien. J'aimais mon chien et sa présence m'aidait à tenir le coup.

Je ne savais pas que sur le perron, devant la porte d'entrée, cet homme qui me retenait prisonnier, si sombre dans son long manteau noir, était sorti et fumait une cigarette en m'observant. Et que ses pensées tournaient autour de moi et d'une certitude : celle que je lui appartenais et qu'à ce titre, des projets bien particuliers étaient prévus me concernant...

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