Chapitre deux : "Bienvenue dans ma vie, petit chiot."

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Depuis que cet homme dangereux m'avait contacté, trois jours s'étaient écoulés et rien ne s'était passé. Je n'avais plus de nouvelles et après un temps à être toujours sur mes gardes, à ne parvenir à ne penser à rien d'autre que lui, je commençais à me sentir soulagé. Peut-être qu'il avait changé d'avis et que je ne l'intéressais plus ! Ou même, peut-être qu'il avait quitté le pays en sachant que Kyle le poursuivait sûrement après ce qu'il avait fait à Joshua ! Je l'espérais de tout mon cœur mais... un doute subsistait. Qu'est-ce que je devais faire ?

Comme cela avait souvent été le cas depuis ces étranges messages reçus, je me trouvais allongé sur mon lit à réfléchir sans trouver de solution. À vrai dire, j'avais passé mes journées ainsi, à ne rien faire d'autre qu'angoisser... Tout ce que je savais, c'était que j'avais peur. Oui, très peur de cet homme et de tout ce qu'il était capable de me faire.

Je n'avais évidemment rien dit à mes parents. Je ne voulais pas les mettre en danger ! Après avoir jeté la belle rose orange par la fenêtre de ma chambre, j'avais d'ailleurs pris soin de cacher les photos à l'intérieur d'un de mes livres. J'avais hésité à les brûler mais je me disais qu'il y avait peut-être des indices, quelque chose qui pourrait aider la police si je finissais par la contacter en secret. Je me sentais tellement seul et perdu. Qui pouvait m'aider alors que cet homme avait un œil rivé sur ma famille qu'il menaçait ?! J'en avais envie de pleurer.

Joshua... Je réalisai soudainement que même s'il se trouvait marié à un sociopathe-violent-égoïste-dangereux-mafieux-autoritaire-possessif, il pouvait au moins compter sur lui pour le sortir des pires situations ressemblant à la mienne. Je comprenais que j'étais réellement seul sur ce coup-là. J'avais mes amis, Kévin et Jérémy mais que pouvaient-ils faire ? S'ils prévenaient les autorités sans aucune discrétion, -et je pouvais dire que la discrétion, ce n'était pas leur fort...-, il arriverait sans doute malheur à mes parents ! Oui, j'étais vraiment seul et je ne savais pas quoi faire...

-Chéri, tu es dans ta chambre ? s'écria ma mère au rez-de-chaussée.

-Oui !

-Le repas est prêt. Ton père nous a préparé sa fameuse soupe au curry !

-J'arrive !

Je me levai et partis rejoindre mes parents. La soupe de mon père était une pure merveille faite de courgettes et de curry. Décrite ainsi, ça pouvait ne pas rendre compte de son potentiel de délices mais il s'agissait de la meilleure soupe que j'avais mangé de toute ma vie et de la déguster en famille me remontait un peu le moral.

Durant le repas, ne voulant inquiéter personne, je faisais attention de ne pas montrer à quel point je me sentais préoccupé mais ce n'était pas facile.

-Mon chéri, est-ce que ça va ? Tu sais, après ce qui t'est arrivé, avec ton père, nous nous sommes dit qu'il serait peut-être bien que tu vois un psychologue ou un psychiatre. Ça te ferait sûrement du bien de parler et je peux comprendre que tu ne te sentes pas très à l'aise pour le faire avec nous !

Ok... Je n'étais apparemment pas un bon acteur ! Je sortis ma tête du bol et regardai mes parents. Ils me fixaient tous les deux sérieusement. Aïe... Je ne pouvais pas consulter de psy en ce moment, ce serait trop dangereux avec les nouveaux événements ! Je pris une grande inspiration avant de répondre.

-Je ne sais pas trop... Je n'ai pas envie de parler de tout ça pour l'instant mais je vais y réfléchir. Laissez-moi juste du temps. Ça ira vite mieux ! mentis-je dans un sourire qui se voulait rassurant.

Je mentais pour la bonne cause ! Je ne voulais pas que mes parents s'inquiètent pour moi. L'air un peu soulagé qu'il arborèrent me fit du bien et le début de mauvaise conscience face à mon mensonge, disparut. Le reste du repas se passa agréablement. Mon père eut la bonne idée de changer de sujet de conversation. Il chercha même à nous faire rire en racontant la nouvelle bêtise du jour de son collègue maladroit.

Aujourd'hui, il avait réussi à renverser la totalité de la cafetière sur la directrice de la bibliothèque avant que celle-ci ne glisse dans la marre de café sur le sol en partant pour se nettoyer ! Heureusement, elle ne s'était rien cassée ! Nous pensions qu'il ne ferait jamais mieux que la fois où en courant dans les escaliers et arrivé aux toutes dernières marches, il s'était ramassé sur un de ses collègues, les faisant s'écrouler tous deux au milieu d'une pile de documents qui avaient volé dans les airs comme des confettis mais apparemment, pour notre plus grand plaisir, nous avions tort ! Oui, nous étions un peu sadiques !

Après avoir fait la vaisselle, je pris la laisse de Marcos et l'attachai à son harnais que je lui avais placé. Je lui mis également sa muselière, chose que je détestais faire mais c'était malheureusement obligatoire pour les chiens de catégorie 2 dont les rottweilers faisaient partie et il était l'heure de sa promenade du soir !

Malgré ma peur de sortir, je pris sur moi et passai la porte. Je n'avais pas à aller loin, je pouvais rester dans ma rue, bien sous les lampadaires et puis, j'avais pris une bombe lacrymo que mes parents m'avaient acheté suite à mon enlèvement. S'ils me laissaient promener mon chien, c'était seulement parce qu'ils savaient que je n'avais pas été visé par le kidnapping et qu'ils désiraient que je reprenne une vie normale afin d'oublier ce qui m'était arrivé. Je ne pouvais pas leur dire que l'homme qui avait profité de moi, avait repris contact et décidé de faire désormais de ma petite personne, sa nouvelle proie...

Allez, ne pense pas. Avance. Marche tranquillement sur le trottoir. Regarde comme ton chien est heureux de sortir. Mon Marcos... Je me baissai pour le caresser tendrement et me redressai afin de reprendre notre petite promenade. Monsieur avait fait son petit pipi du soir, j'allais pouvoir entreprendre le chemin du retour !

Tu vois ! Rien ne s'est passé ! Tu as eu peur pour rien ! Tout va bien !

-Bonsoir, chiot.

Je me figeai. Un frisson glacial me traversa. Non... Non, non, non ! Marcos s'agita soudainement et j'en lâchai la laisse. Mon cœur s'emballa et je me retournai lentement. Un sourire effrayant accueillit ma vision. Il était là, cet homme qui m'avait enlevé et il... Il câlinait mon chien ?!!

-Eh ! Doucement, mon beau ! dit-il en caressant la tête de Marcos.

Comment c'était possible ?!! Marcos était mon chien, toujours à me défendre lorsqu'une personne qu'il ne connaissait pas m'approchait et là, il ne grognait même pas !!

-Marcos, murmurai-je piteusement, ce qui attira de nouveau l'attention de cet homme sur moi.

Je le vis se redresser alors que son regard déterminé se plongeait dans le mien complètement déstabilisé.

-Assis. Reste-là, ordonna-t-il à mon chien mais je ne pus m'empêcher de penser que ses paroles auraient tout aussi bien pu m'être destinées...

Le pire, c'est que je vis mon toutou lui obéir ! Ce n'était pas possible ! Cet homme n'était qu'un inconnu pour lui ! Pourquoi n'était-il pas menaçant, prêt à me protéger ? Trop absorbé par mes réflexions en observant mon soi-disant molosse assis tranquillement en nous regardant, je sursautai en sentant qu'on me caressait la joue. Je détournai enfin mon regard pour découvrir que ce psychopathe n'était qu'à quelques centimètres de moi !! Mon reflexe fut de reculer afin d'échapper à son dangereux toucher mais je n'avais fait que quelques pas seulement que mon dos heurtait un putain d'arbre ! Évidemment, cet homme avança, un sourire effrayant sur le visage et colla son corps contre le mien de manière totalement impudique. Je sentis ses mains se poser sur mes hanches et glisser jusqu'à mes fesses qu'il empoigna sauvagement pour me rapprocher de lui et plaquer son bassin contre le mien. Dégoûtant...

-Ha ! m'écriai-je sous la surprise de ce geste.

À cette heure-ci, il y avait peu de chances de croiser une aide quelconque ! Mais pourquoi est-ce que j'étais sorti, moi aussi ?! J'étais vraiment trop naïf...

-Tu essaies de me fuir ? Quel dommage... Ne me dis pas que tu n'es pas content de me voir...

Sur cette question, il pressa encore plus son bassin et commença des frottements obscènes. Il... Putain mais ce pervers était dur !?

-Tu sens comme moi, je suis content de te voir ? me souffla-t-il à l'oreille. Tu m'as manqué, mon joli petit chiot.

Il continua ainsi durant un moment et j'étais incapable de bouger, complètement tétanisé. Je ne pensais même plus à la bombe qui se trouvait dans ma poche de manteau. Il finit par se redresser et fixer ses yeux sombres dans les miens.

-Tu dois avoir tellement de questions... Je te donne l'autorisation de parler, alors demande-moi ce que tu veux, me dit-il avant de se jeter sur ma bouche.

Sous le contact féroce et humide, je réagis enfin et levai mes bras pour le repousser. Un rire répondit à mon geste et je me figeai de nouveau. Ce mec était vraiment cinglé...

-Enfin, tu réagis ! Je commençais à m'inquiéter.

-Qu'est-ce que... Comment...

-Oui ?

Il souriait ! Il avait l'air de tellement s'amuser de ma peur comme durant mon enlèvement lorsque je me trouvais entre ses mains ! Ca me mit bizarrement en colère et je retrouvai l'usage de mon corps et de la parole. Heureusement, la colère me donnait toujours de l'énergie !

Mes yeux s'enflammèrent et je tentai de nouveau de le repousser mais bien plus vivement cette fois-ci. Cependant, il m'attrapa rapidement les mains et les bloqua durement au-dessus de ma tête. Il avait vraiment de la force, ce mec ! Mais vu son gabarit, ce n'était guère étonnant...

-C'est bien. Je retrouve la fougue qui m'avait tellement plu.

Ses yeux brillaient et il arborait toujours ce sourire à la fois moqueur et effrayant. Il avait l'air... satisfait. Pourquoi j'étais sorti de chez moi ?!

MARCOS !! S'IL SAPPROCHAIT, JE POUVAIS ESSAYER DE LUI RETIRER SA MUSELIÈRE POUR QU'IL ATTAQUE CE TYPE ! OU IL POUVAIT TOUT SIMPLEMENT LUI SAUTER DESSUS POUR QUE JE PUISSE ME DÉGAGER !

-MARCOS ! VIENS !

Un glapissement me répondit mais rien d'autre. Je regardai alors mon chien et je pus voir qu'il avait l'air perdu et hésitant mais qu'il restait assis. Quoi ? Un nouveau rire se fit entendre.

-Tu es si amusant ! Il ne m'attaquera pas.

Mais pourquoi ? Je me tournai vers cet homme. Je ne comprenais rien, je ne comprenais rien... Alors que sa main tatouée me maintenait toujours les poignets, sa main mutilée vint délicatement caresser ma joue et je me sentais trop perdu pour même penser à la repousser.

-Depuis que tu es rentré chez toi, je t'ai observé. J'ai vite remarqué le lien qui t'unissait à ton chien, je me suis donc chargé de l'apprivoiser. Chaque jour ou plutôt devrais-je dire chaque nuit, pendant que tu dormais, je venais avec des friandises que je lui donnais en le câlinant, en lui parlant et en le familiarisant avec mon odeur. Je suis ainsi devenu son ami. Aujourd'hui, sachant que j'allais te voir, je lui ai déjà rendu une petite visite avec ses friandises habituelles. Tu n'y pourras rien, petit chiot, ton chien m'adore.

Non... S'il y a une chose dont j'avais toujours été sûr concernant Marcos, en plus de son amour inconditionnel, c'était qu'il me défendrait quoi qu'il arrive ! Et là, ce type foutait mes certitudes en l'air !

-Ne lui en veux pas. Après tout, entre animaux féroces, on se comprend !

Sur ces paroles, ses lèvres vinrent s'emparer fougueusement des miennes qui étaient tremblantes et une langue ne tarda pas à en passer la barrière. Je ne savais plus comment réagir, je me sentais si perdu ! Sans comprendre ce que je faisais, je lui répondis doucement et le baiser d'abord passionné, devint vite doux, limite tendre. C'était si bon que je ne voulais pas que ça s'arrête. À cet instant précis, tous mes soucis s'envolaient. Seuls comptaient les sensations qui me traversaient et ce corps chaud et imposant pressé contre le mien. Attendez... Je venais vraiment de penser ça ?!

Prêt à mettre fin à ce baiser qui me faisait apparemment perdre la tête, -trop d'émotions sans doute...-, un bruit de voitures arrivant en trombe se fit entendre, rompant notre corps à corps délicieusement chaud et humide au sein de cette soirée presque hivernale. Cet homme se redressa et regarda une des deux voitures noires et brillantes qui venaient de freiner brutalement devant nous. Je regardai à mon tour et vis une vitre teintée se baisser, découvrant un homme à la stature imposante et au visage pas commode.

-Monsieur, les hommes de Bowman arrivent.

J'entendis un soupir de cet homme qui venait de m'embrasser. Il avait un visage sérieux tout d'un coup et il se détacha complètement de moi. Je respirais à nouveau !

-Bien. Comme je m'en doutais, Bowman s'est servi de toi comme appât pour m'attraper.

Hein ?! Pas le temps de comprendre toute la portée de ces paroles que j'entendis encore une fois, une voiture rouler rapidement vers nous, puis un coup de feu retentir ! MERDE !! Mon chien se mit à aboyer et je me baissai pour l'attraper avant de nous ramener vers l'arbre pour nous mettre un tant soit peu à l'abri. J'étais accroupi, la tête baissée et j'avais Marcos entre mes bras que j'essayais de protéger pendant que le son assourdissant des coups de feu se faisait entendre.

Un nouveau bruit attira soudainement mon attention et je relevai un peu la tête. Cet homme venait de s'écrouler sur le sol ! On lui avait tiré dessus ! PUTAIN DE MERDE !

Après plusieurs autres tirs, la dernière voiture à être arrivée et qui se trouvait désormais criblée de trous, partit enfin, laissant la place à un calme bienvenu mais l'angoisse, elle, était toujours présente... Des hommes sortirent d'un des véhicules restants et qui n'étaient pas dans un meilleur état afin de relever le corps de ce qui semblait être leur chef. Ils le placèrent sur la banquette arrière. L'espace de quelques secondes, je crus que c'était terminé, qu'ils allaient partir et que je pourrai rentrer auprès de mes parents. Oui, j'étais vraiment quelqu'un de très naïf parce que dès que cet homme fut installé, ils revinrent vers moi et m'attrapèrent sans sommation !

-Qu'est-ce que vous faites ? LÂCHEZ-MOI ! LÂCHEZ MOI ! AU-SECOURS ! A L'AIDE ! NON ! criai-je en essayant de me débattre et en tenant toujours mon chien contre moi.

Mais face à trois mecs mesurant sans doute pas loin de deux mètres et pesant plus de cent kilos de muscles, je devais avoir la force et le poids d'un insecte... En quelques secondes, je me retrouvai à mon tour sur la banquette arrière à côté de cet homme blessé et avec mon chien entre mes jambes, sa tête posée sur ma cuisse, l'air un peu apeuré. Complètement abasourdi par toute cette situation surréaliste, je sentis que la voiture démarrait rapidement et je me tournai vers le corps se trouvant à côté de moi.

Cet homme... IL N'ÉTAIT PAS MORT ! IL ÉTAIT RÉVEILLÉ ! Bizarrement, ça me soulagea un peu de le découvrir. Je devais vraiment être traumatisé... Et je ne comprenais rien à ce qui se passait ! J'avais l'impression d'être dans un rêve étrange ou plutôt, un cauchemar...

Je le vis se dévêtir de sa veste noire en gémissant de douleur et commencer à défaire les boutons de sa chemise blanche. Je le regardais faire, ne comprenant absolument rien à ce qui se déroulait sous mes yeux jusqu'à ce que je vois un gilet pare-balles apparaître. Putain ! Cet homme avait tout prévu !

Il retira ensuite la balle qui était coincée dedans et qui se trouvait au niveau du cœur avant de s'en dépouiller et de remettre sa chemise qu'il laissa ouverte. Je pus remarquer que son impact avait laissé une énorme marque rouge sur sa peau qui deviendrait sans doute un bleu bien prononcé par la suite. Cet homme l'avait réellement échappé belle ! Il rit encore une fois comme si toute cette situation l'amusait beaucoup alors qu'il venait tout de même d'échapper de justesse à la mort !

-Tout va bien, patron ? demanda un de ses hommes à l'avant de la voiture.

-Oui, tout va bien. Les hommes de Bowman savent viser, je ne peux pas dire le contraire, fit-il en regardant la balle entre ses doigts. Heureusement, je suis assez rusé pour avoir échappé à leur savoir-faire...

Il se tourna ensuite vers moi qui étais recroquevillé avec mon chien. Il nous regarda un petit moment tous les deux en souriant, semblant pensif.

-Je ne t'ai pas encore dit mon nom mais peut-être le connais-tu déjà grâce à ton ami. Je m'appelle Hayato Morand et à partir de maintenant, sache que ton avenir est entre mes mains.

Il s'arrêta, jaugeant mes possibles réactions mais je me sentais aussi glacé qu'une statue, incapable de bouger. Semblant satisfait, le visage impassible mais les yeux rieurs, il finit par prononcer des mots qui me firent frissonner de terreur.

-Bienvenue dans ma vie, petit chiot.

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