Espoirs Déçus

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Ils passèrent leur chemin et retrouvèrent la salle marbrée du sol au plafond où les attendaient les deux collègues de Zelda, déjà agenouillés et un Kazumi tout intimidé, qui les imitait sans vraiment comprendre ce qu’il se passait. Louis tenta tant bien que mal de ne pas se mettre trop en avant et se retrouva coincé entre les deux jeunes femmes.

La lumière s’éteignit brusquement, faisant sursauter ceux qui n’y étaient pas habitués et se ralluma presque aussitôt, lorsque le chef se fut assis sur ce qui lui tenait lieu de trône, ou du moins de chaise de commandant.

- Je souhaite la bienvenue aux nouveaux membres et un bon jour à ceux que je connais déjà. Je me présente, je suis Swan Montgomery, le chef de cette base et de toutes celles de France. Vous pouvez vous relever.

Zelda rattrapa l’enfant qui, s’étant relevé trop vite, titubait et menaçait de faire tomber un Louis figé, tétanisé.

- Mamoru, Victoria, Zelda, continua l’homme qui les surplombait, vos efforts ont jusque-là permis à notre organisation de survivre, de s’agrandir et de prospérer. Désormais, vous vous consacrerez plus largement à nous faire sortir de l’ombre, ainsi qu’à nous permettre enfin d’atteindre notre but : mettre au jour les crimes de cette société et créer enfin un monde où tous ceux qui le voudront pourront vivre sans avoir à se cantonner à ces cages de Faraday. C’est pour cette raison que j’ai demandé à ma fille de nous rapporter un de ses camarades et que j’ai ici convoqué son protégé. Avancez-vous, je vous prie.

Plutôt que de les laisser s’approcher, les anciens reculèrent d’un pas. Comme ça ne suffisait pas, ils les poussèrent doucement, les forçant à monter de quelques marches. Les deux garçons jetèrent un regard perdu en arrière. Voilà, ils avaient été jetés dans la cage aux lions. Et quelque part, ça ne leur plaisait pas beaucoup. Il fallait dire que la pression écrasante du regard de cet homme avait de quoi impressionner. Sa voix non plus n’était pas à prendre à la légère, même lorsqu’elle s’égarait.

- Je ne pensais pas avoir à vous en parler aussi tôt, mais bon, pour une fois que ma fille est dans les temps…

- Hmm hmm…

- Désolé, Zelda, ce n’était pas le bon moment… Reprenons. Je vous ai convoqués afin d’apprendre à vous connaître et de m’assurer que vous pourrez mener la mission que je vous confierai à bien. Je veux donc savoir jusqu’où va votre loyauté, ou au moins votre envie de nous aider. Quelqu’un veut bien commencer ?

- Je… Je vais commencer, d’accord ? déclara Louis après avoir échangé un regard avec Kazumi. Je m’appelle Louis Dulac, mon pseudo est Minecraft78 et on m’a attribué l’avatar Anakin… Qu’est-ce que je peux bien vous donner d’autre… ? J’ai vingt-quatre ans, je suis célibataire, je travaille dans une agence immobilière, je suis de rang cinq, enfin c’est une coïncidence, un coup de chance et j’ai juste accepté la proposition de Re… Zelda parce que j’étais curieux de savoir si un mouvement de contestation existait vraiment et… Et parce qu’elle avait l’air… D’avoir besoin de moi… termina-t-il d’une petite voix, sans doute parce qu’il s’était rendu compte qui avait pris une teinte rosée sur les derniers mots.

- Ne t’inquiète pas, Louis, tout le monde tombe sous son charme et au bout d’un moment, on s’habitue, s’esclaffa l’homme aux cheveux roux. Ce n’est pas ma fille adoptive pour rien. Tu la connais depuis longtemps ?

- Dix ans cette année, monsieur. On s’est rencontrés en combattant… C’était qui, déjà ? Une princesse, dans une piscine… Ariel ?

- Non, Ariel c’était après, soupira Zelda. La première fois que je t’ai vu, j’avais dix ans, c’était dans le combat contre le fantôme vert de Ghost Buster, sur les Champs-Elysées. Après, on s’est rencontrés à la piscine et là c’était Nemo, notre adversaire pour nous apprendre à nager. Ariel, c’était dans la Seine, pour les quatre-vingt ans du film, il y a quatre ans.

- Tu te souviens de tout ça, toi ? Enfin bon, on s’est rencontré sur quasiment tous les champs de bataille depuis, même contre la Faucheuse, alors qu’on était quoi, une dizaine ?

- Ah, on dirait un conte de fée… sussura le maître de cérémonie avec un air candide. Deux amants qui ne peuvent s’empêcher de se retrouver, malgré leurs différences…

- Monsieur, s’il-vous-plaît…

- Toutes mes excuses, Mamoru, ça ne se reproduira plus… J’ai vraiment du mal à rester sur un sujet quand j’ai ma fille à proximité… Enfin, maintenant que je sais ça, je comprends un peu mieux pourquoi elle t’a trouvé aussi rapidement. Dis-moi plutôt pourquoi tu as accepté de rejoindre un groupe comme le mien ? Ce n’est sûrement pas uniquement pour ses beaux yeux, je me trompe ?

- C’est-à-dire… Je me suis souvent demandé s’il y avait des gens qui ne pouvaient pas jouer avec nous et en y réfléchissant, je me suis rendu compte qu’il y avait des exceptions à tout, il y en a bien qui n’aiment pas les bonbons ou le chocolat, pourquoi est-ce que certaines personnes ne pourraient-elles pas… Enfin bref, c’était une réflexion stupide, mais comme c’est elle qui m’en a parlé, je me suis dit que ça pouvait être vrai, après tout…

- Et tu avais raison. Je suis moi-même non implantable, je n’ai jamais compris pourquoi et je ne crois pas que les médecins se soient un jour posé la question… Mamoru ici présent est intolérant aux ondes, s’il sort d’ici, sa vue se trouble, son cœur bat à un rythme anormalement élevé, il a des bouffées de chaleur, de la fièvre, bref, rien de très agréable, surtout si on ajoute les douleurs musculaires au nombre des désagréments. Il te fera une démonstration, si tu veux, sinon notre médecin pourra te montrer le résultat de ses recherches… Demande à Zelda, elle te renseignera sans doute mieux que moi sur ce sujet. Bref, passons à Kazumi.

- J’ai huit ans, je suis orphelin, mon pseudo est Hikari, ça veut dire lumière en japonais et mon avatar est Robin ! énuméra-t-il joyeusement en comptant sur ses doigts. Euh… Ah, oui ! Je suis ici pasque ma grande-sœur, elle a tué plein de gens pour me sauver et que moi aussi, un jour, je sauverai plein de gens comme elle ! Et puis aussi pasque je l’aime bien et que maintenant, je vais pouvoir sauver plein de gens comme moi avec mes copains ! Et puis aussi pasque c’est Renouveau et que c’est la meilleure ! C’est un héros !

- Une héroïne, Kazumi, je ne suis pas un homme…

- Donc tu veux protéger Zelda et les autres enfants, c’est ça ?

- Oui ! Et après on se mariera et…

- Kazumi ! s’exclama celle qu’il avait appelé sa grande sœur.

- D’accord, je vois, sourit le boss. J’ai un bon aperçu de la situation, pour l’instant je vais vous expliquer ce qui va suivre et notamment la raison pour laquelle j’ai demandé à tous mes lieutenants d’être présents et à ma fille de ramener quelqu’un de l’extérieur. Je suis en pleine préparation avec l’une de nos infiltrés chez INRIS, d’une opération de très grande ampleur. Leurs ingénieurs préparent un événement pour les cent cinquante ans de la Walt Disney Company et selon nos informations, les dix meilleurs au classement général seront conviés à une grande bataille à Eurodisney. Mes informations ne me permettent pas de vous assurer que les meilleurs seront autorisés à inviter la personne de leur choix, mais c’est ce qui a l’air de se dessiner pour l’instant. Nous profiterons des préparatifs et de cette annonce pour faire notre apparition officielle et révéler ce que nous cachions depuis vingt ans sous la terre.

- Juste une petite question, si vous me permettez, monsieur… se risqua le nouveau venu, une main dans les cheveux et le regard fuyant.

- Oui, Louis ?

- Pourquoi vous ne l’avez pas fait avant ?

Swan éclata d’un rire indulgent puis se reprit. Et un instant, Zelda le vit, une infinie tristesse se peignit sur ses traits. Un clin d’œil plus tard, il avait remis son masque habituel.

- Nous avons essayé, au début, mais INRIS nous couvrait toujours, allant jusqu’à massacrer nos manifestants en prétextant une attaque terroriste, ou en dissimulant des morts pendant plusieurs années. Tous ceux qui ont été informés, que ce soit les journaux, les civils, les enfants, personne n’a voulu nous croire, ils se sont contentés de nous rire au nez et de l’oublier. Les rares qui nous croyaient étaient exécutés par leur Optio devant nos yeux. Nous avons vraiment tout essayé, au point de ne plus avoir d’idées et nous en cherchions toujours jusqu’à ce que je découvre cet événement et la publicité qu’il nous fera grâce à vous deux, Zelda et toi, ou plutôt devrais-je dire Anakin et Renouveau.

- Vous… Vous rigolez, j’espère ?

- Si seulement…

- Alors, Swan, quelle est la prochaine étape ?

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