33. Rec Yard.

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Cela faisait une semaine que j'avais rejoint la population générale, le jour où le garde en fonction entra dans ma cellule, sur les coups des quinze heures.
-Matthews, récréation.

Je voulus protester, je n'avais aucune envie d'être subitement propulsé dans la cage aux fauves, mais me retint de justesse de geindre de la sorte en voyant le regard de Poppy posé sur moi, l'odieux pervers m'analysant de ses pupilles reptiliennes. Je suivi le garde à l'extérieur.
C'était la première fois que je revoyais le ciel depuis la courte escapade pour l'audience qui avait signé ma révision de peine.
Il faisait chaud, le ciel était d'un bleu azur immaculé, sans l'ombre d'un nuage, nous n 'étions pas encore en été, mais on sentait celui-ci poindre à l'horizon, même si sa chaleur accablante n'était pas encore entièrement présente. L'air était doux, et j'en avalais une grande goulée, comme pour me nettoyer les poumons de la crasse carcérale qui y avait élu domicile depuis tellement d'années.
Je jetais un regard à la ronde.
Les aryens étaient groupés près des bancs de musculation, et je vis leurs regards fixés sur moi.
Les blacks ne remarquèrent, à priori, pas ma présence, lancés qu'ils étaient dans une partie endiablée de basketball sur le terrain, au nord de la cour.
Pourtant ce répit là aussi fut de courte durée, l'un d'entre eux, sifflant et me pointant du menton, faisant cesser sur le champ ce pâle remake d'un match de NBA. Les mexicains étaient posés sur des bancs sur ma droite et d'où je me trouvais je pus entendre mon nom et celui de Rey parmis leurs chuchotements indiscrets.


Je m'écartais de cette foule inconnue, mi-curieuse, mi-hostile et m'appuyais contre le mur d'enceinte Sud, d'où la vue sur la cour me semblait optimale et où aucun ennemi potentiel ne pourrait m'attaquer par derrière. Au bout de quelques minutes, un jeune gars s'approcha de moi. Grand et frêle, il avait la longue chevelure typique des gens de mon peuple, les mêmes traits fins et comme coupés au couteau que j'arborais moi-même... Un navajo.

Je le dévisageai, attendant qu'il prononce un mot

-Colton ? Colton Matthews, c'est ça ? Hésita-t-il

Comme s' il l'ignorait. Ma seule certitude en ce lieu était que la moindre âme vivant en gen. Pop. Savait exactement qui j'étais.

-Ouais, qu'est-ce que tu veux ?, grommelais-je de façon fort peu sympathique.

Je n'avais pas tenu cinq minutes hors de ma cellule que déja, j'étais abordé, par un gamin à l'air totalement perdu qui plus est.

-Je...Je m'appelle Sunny Bearclaws, reprit le gamin, d'une voix plus qu'hésitante,

Je lui coupais immédiatement la parole.

-Et ? Et quoi mon petit ? Tu vas me sortir que tous les peaux rouges sont frères et m'inviter à fumer le calumet autour d'un pow wow dans ta cellule ce soir, c'est ça ?

Il recula d'un pas, visiblement blessé, je vis passer l'ombre d'un nuage sur son visage aux traits presque féminins. Ce gamin était fragile, et cette fragilité était flagrante. On dit que les yeux sont le miroir de l'âme et cette citation paraissait avoir été créée juste pour Sunny, bon dieu ce gamin ne devait pas être là depuis longtemps, car je doutais qu'il tienne plus d'un mois en vie, seul dans cette jungle. Mon coeur ce sera, et je me sermonnais interieurement , nom de dieu Colton, toi et ton putain de coté robin des bois...

-Je , je m'excuse Sunny, mais vois-tu, je ne cherche pas précisément à me faire des amis ici.

Il acquiéssa silencieusement, sautillant d'un pied sur l'autre, n'ayant , visiblement , auune idée de quoi faire ensuite. Une nuée de mexicains, le tira d'affaire en arrivant sur moi, me surprenant, la minute de Sunny m'ayant temporairement sorti de ma mission de surveillance de la foule carcérale. Deux armoires à glace latinos s'écartèrent me laissant nez ezn avec le célèbre Silencio.

-Hola hombre, dit-il d'une voix rauque.

- Alors, ça doit faire plaisir d'enfin être sorti de ton trou à rat pour rencontrer de nouveaux amis, dit-il d'un air faussement enjoué.

-Je n'ai aucun ami, et je n'en recherche pas, rétorquais-je d'un ton sec.

Aussitôt les deux armoires à glace esquissèrent un mouvement vers moi, mais Silencio les arretta d'un claquement de lèvres.

-Tu ne cherches pas d'amis, je comprend, mais tu as déjà des ennemis ici, Matthews, dit-il avec un discret signe de tête vers les aryens, dont le chef ne perdai pas une miette de l'affrontement.

-Les aryens ? Ils ne me font pas peur, je n'ai rien à me reprocher.

-L'allégeance d'El verdugo envers toi à dépassé les murs du couloir Hombre, tu n'as peut-être rien à ne te repprocher , selon tes termes, mais Petersen veut ta peau, c'est de notoriété publique ici.

-Et ? Tu es venu me proposer ta protection ?

Il éclata de rire, un rire complétement différent de celui de Rey, un rire de dément, qui sonnait creux et faux, me donnant instinctivement froid dans le dos.

-Avoir été l'ami de Rey ne fait pas de toi mon semblable, jeune guerrier, répliqua-t-il d'un ton si froid que l'air ambiant me sembla diminuer de quelques degrés.

Sur ces mots, il tourna les talons accompagné de ces sbires, m'abandonnant seul avec Sunny qui n'avait pas osé bouger d'un poil.

-Tsss, dit il a voix basse, ces types là me fichent la chair de poule.

Je lui lancais un regard, probablement empli de pitié.

-Qu'est-ce que tu veux Sunny ?

-J'ai entendu que tu étais en cellule avec cet enfoiré de Macey...

-Exact

- Je peux obtenir ton transfert dans ma cellule, je peux payer le gardien, la mienne est dans le même couloir, cinq portes plus loin et je ne serai pas contre un changement de collocataire, reprit-il.

-Macey ne me dérange pas.

Il me regarda, compétement éberlué d'entendre que partager les mêmes murs qu'un pédophile notoire ne me dérangeait pas, et finit pas tourner les talons. Je le regardait s'éloigner, restant seul et soudain assailli de doutes quant à ma décision.

J'étais persuadé que je survivrai seul ici, mais avais-je raison ?

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