B) L’ami qui vous veut du bien

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Pouvez-vous nous parler de la personne de laquelle vous vous sentez le plus proche ? À votre avis, comment cette personne perçoit votre amitié, que pense-t-elle de vous, que dirait-elle de vous ? Quel est votre plus ancien souvenir à son sujet ?

— Ah… Que dirait-elle de moi ? Que je suis bien trop préoccupé de l’avenir, que je veux avancer trop vite, que je suis trop appliqué et que je ne me donne pas assez de détente ! :) … Et que c’est surtout lui qui en pâtit ! :)

Ti est celui de qui je me sens le plus proche. Nous avons été élevés ensemble, toujours côte-à-côte, partageant bêtises et sucreries. Avec trois jours d’écart, nous avons grandi comme deux jumeaux, si bien que nous nous sommes inventé notre langage à nous. Nous nous comprenons bien, et je crois qu’il fait preuve de beaucoup d’indulgence quant à mes insuffisances. C’est une amitié forte, qui est partagée, de cela je suis sûr. Le lien qui nous unit est probablement plus fort que celui qui lie Zee à Lionfant. Je crois que ma mère m’envie un peu ;)

Mon plus ancien souvenir de Ti remonte à une fête donnée à Becell. Je crois qu’un couple fêtait son union mais je ne sais plus de qui il s’agissait. C’était dans la grande salle du banquet, celle qui a un parquet cuivré et dont le sol est toujours tiède. Tous les invités étaient en robe longue. Je ne revois plus la tenue de ma mère — je devais avoir à peine trois ans, mais mon père portait une robe émeraude ouverte sur le devant et sous laquelle je m’engouffrais lorsqu’il était debout à discuter. Tout le monde était de bonne humeur. Il y avait de la musique et les gens dansaient. Et nous, nous faisions les fous parmi les invités. À un moment, mon père m’avait extirpé de ses jambes et pris dans ses bras pour me calmer. En face, Ti avait dû agir de même avec ma mère et Zee l’avait élevé à ma hauteur pour le sermonner d’un ton qu’elle essayait vainement de rendre sérieux : « Monsieur Ti Grr, je vais me fâcher ! » Et lui de la regarder sérieusement deux secondes, avant de lui étaler tout son rouge à lèvres sur la joue d’un coup de langue affectueux. Et nous tous d’éclater de rire devant le massacre. Ma mère ne se souvient plus de cette scène en particulier. C’est étonnant comme certains souvenirs restent marqués alors qu’ils sont insignifiants pour ceux qu’on aime ? J’ai gardé de très belles images de cette soirée. Je me souviens aussi d’une petite fille de notre âge qui jouait avec nous deux, les adultes ne nous surveillaient pas et nous nous amusions comme s’ils n’existaient pas. Nous ne voyions que les robes et c’était comme jouer à cache-cache dans un labyrinthe mouvant.

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