La porte de la cité

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Étonnamment conservée, la porte s'élève majestueuse, presque intacte, bois précieux patiné par les siècles passés, témoignage éclatant, grandeur de la cité... écroulée.

Elle vous appelle, vous approchez...

Elle vous murmure la vie grouillante qui passe et repasse sous son porche de marbre gravé et paré de teintes fanées.

Elle raconte les édifices majestueux, les temples et les suppliques à des divinités cruelles et sacrificielles.

Elle évoque les fontaines glougloutantes et rafraîchissantes, les marchés d'épices, de fruits et de légumes, d'huiles et de vins.

Elle vous désigne des créatures exotiques, à poils, à plumes.

Elle chuchote les estrades où se succèdent les esclaves de tous âges, toutes couleurs, hommes, femmes et enfants.

Elle narre les histoires de passion, d'amour et de rupture, les dénouements tragiques, les fins extatiques. Les noces sous les arbres fleuris, les naissances d'enfants qui reposent dans les berceaux de roseaux tressés, la solennité des funérailles de vieux citadins à la vie bien remplie.

Elle chante la gloire des édiles acclamant ces armées, ces soldats qui reviennent triomphants de lointaines contrées où ils ont bataillés.

Vous voyez presque le peuple qui les couvre de vivas, de couronnes de fleurs et de lauriers...

Mais, la porte sanglote aussi.

Elle vous confie les peurs, les pleurs, les hurlements, la souffrance, le sang, la sauvagerie.

L'orgueilleuse est tombée.

Elle en fut le témoin.

Elle geint l'abandon des dieux. Vous partagez son chagrin. Vous voyez la cité détruite, ses colonnes de marbre noircir et s'écrouler dans les flammes.

Le sang coule à flots dans les rues, les canaux, les ruisseaux. Les bassins miroitants des demeures opulentes en sont souillées.

La cité s’est consumée.

Vous pleurez.... Soudain elle se tait, s'enveloppe dans sa douleur, son affliction, sa solitude.

Ne réside plus que le bruit du vent qui souffle parmi les ruines de la ville antique, enroulant de ses volutes la mémoire de la porte.

Bouleversée par le chant des âges écoulés, vous restez là, à attendre, qu'elle recommence à vous parler...

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