Chapitre 24

10 minutes de lecture

Je reste immobile, telle une statue jusqu'à ce que les deux hommes sortent. Ils veulent tuer mon père ! Même si je suis terriblement en colère contre lui, il reste quand même mon père et je ne veux pas le perdre, pas alors qu'il est le seul membre de ma famille qu'il me reste.

Je m'assure que les deux conspirateurs sont bien partis avant de sortir de ma cachette, qu'est-ce que je dois faire ? Je ne connais personne ici et si j'en parle à mon père, enfin dans le cas peu probable où il accepterait de m'écouter, il ne me croira jamais ! Et même s'il le faisait, je n'ai pas la moindre idée de l'identité des deux hommes qui viennent de comploter !

Comment agir ? Je pourrais demander conseil à Gabriel... Gabriel !!! Je l'ai laissé tout seul ! Oh mon dieu j'espère qu'il ne lui est rien arrivé par ma faute !

Je me lève en quatrième vitesse avant de courir hors de la pièce pour partir à la recherche de mon amour.

Je renifle l'air pour capter son essence cependant l'atmosphère est tellement saturé d'autres odeurs que je n'y arrive pas. Je n'ai pas d'autre choix que de courir à travers tout le palais en l'appelant.

Soudain je me fais attraper et plaqué contre un torse dur et chaud. Mon premier réflexe est de me débattre pour tenter de le libérer mais le parfum que dégage cette personne me calme et je me laisse aller contre Gabriel :

- Je t'ai enfin retrouvé chaton, murmure-t-il en me tenant fermement contre lui.

Gabriel me lève la tête et m'embrasse. Je lui rends son baiser tout en m'agrippant à son revers de veste et il me câline encore et encore :

- Gab, je suis désolé, je n'aurais pas dû te laisser tout seul. Ça va ? Mon père ne t'a rien fait ? Qu'est-ce qu'il s'est passé après mon départ ? Il ne va pas te faire exécuter ou te renvoyer hein ? hurlé-je presque tant je suis paniqué.

- Non chaton, ne t'inquiète pas, j'ai parlé avec lui et j'ai réussi à le convaincre que je venais en ami, que je n'étais pas là pour voler leur pouvoir et que je ne ferais rien pour nuire à ceux qui vivent ici. Il m'a permis de rester.

Je soupire de soulagement et me détends totalement contre lui, le laissant me caresser lentement la tête et le dos :

- Et toi, où étais-tu ? Je me suis fait un sang d'encre pour toi, j'ai eu tellement peur en te voyant partir en courant et disparaître sans laisser de trace.

- Je suis désolé, je me suis réfugié dans une salle au hasard, c'était une bibliothèque. Dis, est-ce que tu as une chambre ou un endroit où loger ? Il faut que je te parle de quelque chose mais en privé.

- D'accord, suis-moi. Ton père m'a donné une chambre et a dit que l'on pouvait y dormir tous les deux, même s'il aurait préféré qu'on parte tout de suite.

Je ferme les yeux quelques secondes, finalement peut-être que mon père ne mérite pas que je le sauve ? Non, je ne peux pas le laisser, car les deux hommes ont parlé de soumettre les autres espèces surnaturelles et je ne peux pas permettre qu'une telle chose se produise. Alors même si je ne me bats pas pour mon père, je dois au moins le faire pour le reste du monde, aucune espèce ne devrait avoir à devenir l'esclave d'une autre.

Je ne rouvre les yeux que quand il se met à marcher en me tenant par la main.

Il me conduit à travers tout le palais avant de me faire entrer dans une immense chambre tout aussi blanche et épurée que le reste du palais. Les seules touches de couleurs sombres viennent des rideaux, des draps et du tapis, mais tout le reste est clair comme l'eau de roche. Au plafond il y a une énorme boule en cristal qui flotte, attendant sans doute la tombée de la nuit pour se mettre à briller :

- Alors chaton, de quoi voulais-tu me parler ? me questionne mon déchu.

Je me mords la lèvre et m'assure que la porte est bien fermée avant de revenir vers lui et de tout lui raconter. Il m'écoute patiemment, mais je vois bien qu'il est contrarié par mes propos. Lorsque j'ai terminé, il reste quelques minutes sans rien dire et cela ne me rassure pas du tout, alors je décide de prendre la parole de nouveau :

- Qu'est-ce qu'on peut faire ? On ne peut pas les laisser s'en prendre à mon père !

- Je croyais que tu le détestais ?

- C'est vrai mais d'un côté il est l'unique survivant de ma famille avec moi. Et puis, même en faisant abstraction de ça, on ne peut pas les laisser soumettre les autres espèces. Alors que fait-on ?! insisté-je avec véhémence.

- J'imagine qu'essayer de retrouver les deux hommes serait trop dur, tu n'as entendu que leur voix, tu pourrais peut-être les flairer ?

- Non, il y a trop de senteurs dans cette ville, et même si je suis un Léopard, mon odorat n'est pas assez fort pour distinguer leur odeur de toutes les autres. Il faudrait un loup mais je n'en connais pas. Et puis même si c'était le cas et qu'on arrivait à en trouver un, ce ne serait pas sûr qu'ils nous croient. Non essayer de les retrouver de cette manière n'est pas une bonne idée.

- Qu'est-ce qu'ils ont dit exactement ?

- Qu'ils allaient voler le pouvoir des Dieux et ensuite s'en prendre à mon père, mais qu'ils devaient d'abord trouver un certain Ylvasydreïl pour s'approprier les pouvoirs divins, répondé-je en le regardant.

- Bien, ça nous laisse du temps car ils ne s'attaqueront pas tout de suite à ton père. Maintenant ce que nous devons faire c'est trouver cet Ylvasydreïl avant eux et nous en servir pour les empêcher de nuire et ensuite les dénoncer à ton père.

- Moi je suis d'accord pour ce plan, mais tu oublies un truc, on n'a pas la moindre idée de ce qu'est Ylvasydreïl, ça pourrait être une personne, une pierre, une plante, un bijou ou même un animal, lâché-je.

- Tu as raison, et je nous vois mal demander ce que c'est à d'autres personnes car si cette chose quelle qu'elle soit permet d'avoir les pouvoirs de leurs Dieux, ils trouveront ça trop suspect que nous posions des questions dessus et au final c'est nous qui nous retrouverons en prison. Mais si nous ne pouvons pas poser des questions aux gens, nous pouvons toujours trouver les réponses dans les livres ! Tu as bien dit que tu t'étais réfugié dans une bibliothèque non ?

- Oui mais il doit y en avoir des dizaines dans le palais ! On n'aura jamais le temps de toutes les fouiller !

- C'est vrai, mais on peut toujours demander à un serviteur de nous conduire dans celle qui relate votre histoire, vos mythes et vos légendes.

- Mais il ne risque pas de trouver ça suspect ? murmuré-je, pas très convaincu.

- Non, car après tout tu es le prince, il est normal que tu te renseignes sur ce genre de choses non ? Personne ne trouvera ça bizarre que tu veuilles en savoir plus sur ton peuple et ton royaume.

Il a raison, je ne vois pas d'autre manière de faire et il faut dire qu'il y a urgence là :

- D'accord procédons de cette façon alors. On devrait le faire immédiatement, on ne sait pas s'ils sont déjà partis eux aussi et je n'ai pas envie de perdre plus de temps.

Il hoche la tête, visiblement d'accord avec moi et il s'approche, venant doucement prendre ma main dans la sienne avant de m'embrasser amoureusement :

- Je serais toujours avec toi chaton, tu le sais ? m'affirme-t-il d'une voix rassurante

- Oui je sais, et ça m'aide grandement à me sentir en sécurité.

Je lui souris avant de sortir avec lui en lui tenant la main et nous marchons quelques mètres avant de croiser un serviteur qui porte une pile de linge propre :

- Excusez-moi, puis-je vous poser une question ? le hélé-je en m'approchant.

L'homme me regarde, visiblement surpris mais il hoche simplement la tête :

- Voilà, je voudrais me renseigner sur les légendes et les mythes de ce monde. Vous savez où je pourrais trouver des livres qui parlent de ça ?

Il me regarde étrangement mais il finit par sourire, ce qui me fait pousser un léger soupir de soulagement :

- Oui bien sûr, suivez-moi Votre altesse.

Voilà, au moins ce titre va me servir ! Il tourne les talons et s'assure que nous le suivons mais je me demande tout de même comment il fait pour voir devant lui avec l'énorme pile de linge qu'il porte.

Nous cheminons dans les couloirs du palais et finalement il nous fait entrer dans une bibliothèque encore plus grande que celle dans laquelle je me suis caché :

- Voilà, c'est ici.

Puis il repart, nous laissant seuls Gabriel et moi. Je regarde les centaines de livres alignés dans les étagères et je sens le découragement m'envahir :

- Ça va nous prendre des semaines pour tout lire ! On n'y arrivera jamais ! couiné-je lamentablement.

Je baisse la tête, je me sens dépassé par l'énormité de la tâche et le temps qui joue contre nous. Gabriel passe ses bras autour de moi et m'étreint :

- Ne te laisse pas abattre chaton, voilà comment on va procéder : je vais prendre les mythes et toi les légendes d'accord ? Comme ça nous aurons moins de travail, puis il suffit de lire en diagonale, nous allons y arriver ne t'en fais pas.

Je le regarde, il a l'air tellement sûr de lui. Comment fait-il pour ne pas douter ? Pour rester aussi convaincu que c'est si simple ? J'aimerais tellement pouvoir avoir autant de confiance en moi. Il faut que j'y arrive, pour mon père, pour les autres espèces qui seront réduites en esclavage si je ne le fais pas !

- D'accord, allons-y ! lâché-je avec détermination.

Il sourit et me libère de ses bras rassurants, allant vers les grandes étagères en bois blanc, avec une plaque bleue sur laquelle est gravé « Mythes » et moi je vais vers celle des légendes.

Les livres sont anciens et usés, les pages jaunies et les couvertures pleines de poussière. Je n'hésite pas et en prends trois d'un coup avant d'aller m'installer à une table pour commencer mes recherches. Gabriel s'installe en face de moi et après un dernier sourire dans ma direction, nous nous mettons à lire.

***

Je n'en peux plus, cela fait des heures que je parcours ces encyclopédies encore et encore sans m'arrêter et je n'ai toujours rien trouvé. Gabriel non plus et il commence à sérieusement fatiguer tout comme moi. J'adore lire, mais l'écriture est tellement petite, serrée et presque illisible que j'ai l'impression que ma tête va exploser à chaque fois que j'essaie de déchiffrer ces hiéroglyphes :

- On perd notre temps ! grogné-je en refermant rageusement l'ouvrage devant moi que je viens de finir.

Gabriel lève la tête, il fait peur à voir on dirait qu'il revient de l'Enfer, tellement ses yeux sont cernés :

- Je sais, mais on doit persister, si on ne continue pas, ça sera une catastrophe !

Belle déduction mais je n'en peux plus de lire, je ne pensais pas dire cela un jour mais j'en ai marre de lire ! Pendant un instant j'envisage sérieusement de laisser ces deux hommes fomenter leur complot mais je me secoue en me disant que ça ne serait pas juste, ni équitable.

Je me résous à saisir le dernier livre de toute l'étagère, j'espère franchement qu'il contient ce que nous cherchons parce que sinon je crois que je vais devenir complètement fou !

Je me remets donc à l'ouvrage, complètement déprimé et je tourne les pages les unes après les autres encore et encore, j'ai l'impression que c'est devenu un automatisme.

Soudain, alors que je suis sur le point de passer à un autre chapitre, un mot me saute aux yeux « Ylvasydreïl ». Je m'arrête net dans mon mouvement et un sourire se dessine lentement sur mon visage :

- Gab ! J'ai trouvé ! crié-je avec joie.

Il redresse la tête, plein d'espoir et se lève pour venir à mes côtés et je décide de lui lire ce qu'il y a d'écrit sur le sujet :

- « Ylvasydreïl, aussi appelé dans l'ancien temps la « Pierre des Dieux », est un cristal comportant mille facettes. Il se trouve dans la Montagne Primale, la toute première à avoir été créée par Freyr et Anima et qui se situe au milieu de notre monde. Cette pierre est le centre de la vie de ce monde, c'est grâce à elle que la Vie est possible car elle renferme les pouvoirs des Dieux. D'après la légende, si la pierre venait à disparaître ou à quitter son sanctuaire, le monde tomberait peu à peu dans le chaos et la destruction. »

Je fronce les sourcils, est-ce que les deux hommes sont-ils au courant de cela ? Qu'ils risquent de mettre leur monde en danger s'ils volent la pierre ? Je ne pense pas, sans quoi ils n'auraient sans doute pas projeté de la prendre. Ou alors ils le savent mais s'en fichent complètement, ce qui est sans doute la pire des possibilités.

Je tourne la page et je trouve un dessin derrière, représentant une immense montagne entourée d'un grand lac et au centre de cette montagne un cristal brillant de mille feux est dessiné.

Je ne perds pas de temps et arrache la page, elle pourra toujours nous être utile. Je la mets dans ma poche avant de regarder Gabriel :

- Allons-y Gabriel, nous devons empêcher ces deuxhommes de s'emparer d'Ylvasydreïl !  

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Samildanach ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0