Chapitre 20

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Une boule d'angoisse me tord le ventre quand j'entends ces trois mots. Je sais que je ne devrais pas me stresser outre mesure, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur, c'est plus fort que moi !

Gabriel prend ma main dans la sienne et il m'embrasse tendrement avant de me dire :

- Allez chaton, nous devons y aller maintenant. Souviens-toi : je suis censé te détester. Rappelle-toi également que tout ce que je dirais de blessant à ton sujet, je ne le penserais pas un seul instant d'accord ?

Je hoche la tête et il me tire doucement hors de la pièce. Dehors Azraël et deux autres hommes nous attendent, tous deux vêtus de combinaisons noires les masquant de la tête aux pieds.

J'ignore si les autres hommes de Gabriel sont déjà en place, mais connaissant le sens de l'organisation de mon petit ami, je suis sûr que c'est le cas.

Nous sortons de l'immeuble luxueux qui fait office de Quartier Général et nous montons dans une voiture noire aux vitres teintées.

Je m'installe à l'arrière avec Gabriel et il me prend dans ses bras sans cesser de me rassurer :

- Tout va bien se passer chaton, tu sais que tu peux me faire confiance non ? me dit-il en me câlinant.

J'acquiesce. La voiture démarre et je regarde dehors pour voir le paysage urbain de Dark City défiler. Si j'avais su ce qui m'attendait ici, je ne suis pas sûr que j'aurais choisi de venir dans cette ville. Toutefois il me suffit de regarder Gabriel pour savoir que je ne regrette pas un seul instant de m'être établi ici car j'ai trouvé l'amour et un semblant de famille avec Azraël et Aaron. Oui je sais, je ne peux pas vraiment appeler cela une famille, mais pour moi ils sont comme des frères.

Les immeubles se font de plus en plus rares et nous finissons finalement par sortir de la ville. L'appréhension me serre un peu plus les tripes et je me colle tout contre Gabriel. Il me caresse un peu plus les cheveux et au dehors je vois finalement les ruines. Ce sont des immeubles ou des maisons complètement rongés par le temps. Certains tiennent encore debout, mais ont l'air à deux doigts de s'effondrer. Le sol est rocailleux et recouvert de poussière :

- Pourquoi cet endroit est-il en ruines ? le questionné-je en me tournant vers Gabriel.

- Des gangs se sont affrontés à cette place, il y a longtemps. C'était tellement sanglant et meurtrier que plus personne n'a osé revenir vivre ici après ce massacre. Du coup, tout est tombé en décrépitude. Déjà que leur lutte avait détruit la plupart des habitations.

Nous nous arrêtons et nous sortons de la voiture, les deux hommes en noir se mettent de chaque côté de moi, Gabriel se positionne devant et Azraël derrière, comme si j'étais un vulgaire prisonnier.

Je vois le visage de Gabriel se fermer, devenir froid et cruel et j'ai beau savoir que ce n'est que de la comédie, je n'arrive pas à m'empêcher d'avoir une boule d'angoisse dans la gorge.

Nous avançons parmi les décombres des maisons, les morceaux de béton gisant sur le sol et la poussière grise et marron recouvrant le tout. Les tiges de métal qui dépassent des murs ou des morceaux à terre sont rouillées et je vois parfois quelques débris de meubles désagrégés.

Je regarde le ciel, il est couvert, l'atmosphère déjà oppressante de l'endroit s'accentue et je n'ai qu'une envie... partir d'ici en courant. Mais je ne peux pas, il faut que je sois fort, et puis Gabriel et Azraël sont là pour me protéger de toute manière.

Pendant que nous marchons je continue de regarder autour de moi et je ne vois aucune trace des hommes de Gabriel. Et s'il n'en avait placé aucun ? Et s'il comptait vraiment m'échanger ? S'il ne m'avait jamais aimé et avait juste voulu coucher avec moi ?

Une angoisse sourde me tord le ventre et je ferme les yeux pour respirer un grand coup. Gabriel m'aime, il me l'a dit et répété des centaines de fois. Jamais il ne me trahirait comme ça, il faut que je lui fasse confiance.

Nous avançons pendant encore de longues minutes sans qu'il y ait le moindre signe de vie. Jusqu'à ce que deux énormes loups surgissent de derrière un morceau de mur à peu près intact d'une maison.

Ils grognent mais ne nous attaquent pas et l'un d'eux nous fait signe de continuer à marcher droit devant nous.

Nous obéissons sagement et plus nous cheminons, plus des loups sortent de leurs cachettes, jusqu'à ce que nous arrivions à un terrain plat et à découvert où nous attend le reste de la meute.

La moitié d'entre eux sont sous forme canine. Devant eux se tient un homme, grand et large comme une montagne, avec un visage dur et fermé. Une cicatrice part de son œil droit et se termine au coin de sa lèvre. Lincoln. Le sourire mauvais qui se dessine sur son visage me fait frémir de la tête aux pieds et mon léopard gronde en moi :

- Killian, ça fait longtemps dis donc, tu te rappelles de Josh ? ricane Lincoln d'une voix mauvaise.

Il montre un homme près de lui, leur Sorcier. Il est petit, maigre et chétif. Des rides commencent à peine à pointer le bout de leur nez sur son visage. Il porte une longue robe noire et il m'adresse un sourire diabolique :

- Bonjour Killian.

Je déglutis sans rien répondre et je n'arrive pas à empêcher tout mon corps de trembler. Gabriel s'avance pendant que ses hommes et son frère se resserrent autour de moi :

- Je t'ai amené le Thérianthrope comme promis, tiendras-tu ta parole de quitter ma ville ? demande mon déchu d'une voix froide et neutre.

Lincoln sourit encore plus et hoche la tête pendant que ses loups regardent autour d'eux, surveillant les parages :

- Oui, je te donne ma parole que je quitterais le pays et tu n'entendras plus jamais parler de moi. Mais avant que nous commencions l'échange, j'aimerais que tu me dises pourquoi tu as attendu deux semaines après notre premier meurtre pour nous contacter ? Et surtout, pourquoi vouloir me donner Killian maintenant ?

Je n'aime pas vraiment la façon dont il parle de moi, comme si je ne suis qu'un simple objet qu'il peut manipuler et utiliser à sa guise. Gabriel ne semble pas surpris par ses questions, du moins si l'est, il ne le montre pas et garde son air totalement impassible :

- Disons que j'avais envie de m'amuser un peu avec lui. Il m'a fallu tellement de temps pour parvenir à le baiser qu'une fois que j'ai réussi à obtenir son corps, j'ai voulu en profiter et continuer à en abuser un peu avant de vous le rendre. Voilà pourquoi je ne vous ai pas contactés tout de suite.

J'ai beau savoir qu'il ne pense pas un seul mot de ce qu'il vient de dire, je me sens quand même terriblement trahi. Je ferme les yeux et inspire un grand coup pour me calmer et me convaincre qu'il ne fait que jouer la comédie. Il m'a mis en garde hier et ce matin, il dit des choses qu'il ne pense pas. Lincoln sourit un peu plus :

- Je vois, et bien en tout cas, merci de nous l'avoir amené.

Il fait signe à l'un de ses hommes qui s'approche pour venir me chercher et Gabriel le suit du regard sans rien dire. Je sens Azraël qui se crispe derrière moi, mais quand le loup m'empoigne violemment par le bras pour me tirer derrière lui, il ne bouge pas, il fait confiance à Gabriel et il sait pertinemment que le déchu ne me laissera jamais partir avec eux. Enfin j'espère.

Le loup me fait mal au bras, mais je ne proteste pas et le laisse me conduire près de Lincoln qui me caresse doucement la joue du revers de la main :

- Je t'ai enfin attrapé Killian, on peut dire que tu m'auras bien fait courir. Maintenant c'est terminé et je peux t'assurer que je te ferais payer toutes ces années de cache-cache.

Sa main sur ma joue provoque une vague de dégoût et instinctivement je me mets à grogner et gronder.

Lincoln fronce les sourcils et fait signe à deux autres loups de venir m'immobiliser :

- Faites en sorte qu'il se tienne tranquille et si jamais il s'agite trop, assommez-le, ordonne-t-il avec froideur.

Les deux loups hochent la tête et l'Alpha regarde de nouveau Gabriel :

- Ce fut un plaisir de faire affaire avec toi. Au revoir et encore merci de m'avoir livré ce stupide chat.

Les loups commencent à marcher et je lance un regard paniqué à Gabriel. Il ne bouge pas, il se contente simplement de les regarder m'emmener.

Je n'ai d'autre choix que de suivre les autres et quand je pense que c'est fini, que l'homme que j'aime m'a trahi pour de bon, qu'il ne voulait que profiter de mon corps et n'a jamais ressenti le moindre amour pour moi, des hommes, entièrement vêtus de noirs surgissent. Ils se jettent sur les loups et c'est le chaos total. Les loups, visiblement surpris, ne savent pas vraiment quoi faire. J'en profite pour frapper au ventre l'un de ceux qui me tiennent. Il s'écroule et je fais un croche-pied ensuite à l'autre, l'envoyant au sol. Je me libère ainsi de son emprise et cours vers Gabriel qui me serre contre lui dès que je suis à portée de bras :

- Gab ! J'ai eu tellement peur que tu me laisses partir avec eux ! couiné-je en me collant encore plus à lui.

- Jamais je ne te laisserais me quitter tu entends ? J'attendais juste qu'ils baissent un peu leur garde.

Je soupire, rassuré, mais je n'ai pas le temps de profiter de son étreinte et du soulagement car j'entends Lincoln derrière moi :

- C'était un piège ! Tu as osé me mentir et te jouer de moi ! Je jure que tu vas le payer !

Il se transforme en loup et fonce à toute vitesse sur moi. Gabriel veut s'interposer, mais je l'en empêche. Après tout, c'est aussi mon combat :

- Non, élimine le Sorcier, si tu y arrives ils n'auront plus de soutien magique !

Il me regarde, il n'a pas envie de me laisser me battre seul, mais je sais que je peux le faire, je veux le faire ! Je ne veux plus avoir peur ! Je veux affronter mes démons et les vaincre !

Je ne perds pas de temps et me transforme à mon tour en léopard au pelage d'un blanc laiteux parcouru de taches noires. Je préfère d'abord le combattre sous ma forme animale, si je n'y arrive pas je le ferais sous forme hybride.

Nous nous tournons autour en grognant, essayant mutuellement de nous intimider en montrant les crocs.

Finalement il craque le premier et bondit, toutes griffes et crocs dehors. Cependant je suis plus rapide que lui, j'esquive son attaque et lui donne un coup de griffe qui n'atteint pas sa cible.

Il profite que je retrouve mon équilibre pour me sauter dessus encore une fois et la suite du combat n'est qu'un mélange de morsures et de griffures. Il est bien plus fort que moi, c'est un Alpha et si j'étais un loup je ne serais qu'un Bêta.

Le combat continue encore un moment, jusqu'à ce que je n'aie d'autre choix que de reprendre forme humaine. Evidemment, je suis nu comme un ver et lui aussi. Mais je m'en fiche, la nudité ne me dérange pas, quand on a été une pute on apprend vite à ne plus être pudique du tout.

Lincoln se tient devant moi, un sourire diabolique aux lèvres. Il est couvert de terre et de boue ce qui le rend encore plus effrayant, le petit garçon en moi tremble de peur. Mais je ne me laisse pas aller, il faut que je sois fort.

Je respire difficilement, pendant notre lutte. Il a réussi à me griffer le flanc, et même si j'ai une bonne capacité de régénération instantanée, les blessures causées par un Alpha mettent beaucoup de temps à se refermer complètement :

- Tu n'as aucune chance Killian, viens avec moi pendant que tu le peux encore, mes loups vont déchiqueter tes amis.

- Non, je sais qu'ils n'y arriveront pas, et je ne viendrais jamais avec toi ! Je vais te tuer pour venger ma mère et pour pouvoir enfin être libre ! lâché-je avec détermination.

- Tu penses réussir à me tuer ? Mon pauvre, tu n'es pas le premier à avoir essayé et je peux t'assurer que tu ne seras pas celui qui y arrivera, tu es trop faible, tu n'es qu'un petit garçon effrayé. Tu as toujours été une pauvre petite chose, incapable de te protéger. Tu passes ton temps à fuir ou à faire en sorte que d'autres te prennent sous leurs ailes, ou te prennent tout court d'ailleurs. Tu n'es qu'un lâche médiocre, inapte à me faire le moindre mal !

Je crispe les poings, ses paroles me blessent, il a raison, je ne suis qu'un lâche. J'ai toujours fui jusqu'ici, j'ai toujours compté sur la protection des autres. Je ne me suis jamais battu vraiment.

Je ne vois pas le coup arriver, il me percute au ventre et je me plie en deux. Puis Lincoln me frappe en pleine face. Je tombe par terre et il en profite pour me rouer de coups.

Je ne sens pas la douleur, mon esprit est ailleurs, accablé par les vérités qu'il a mises au grand jour.

Tout à coup, la rage, le désespoir, le désir de vengeance se rappellent à moi et je me révolte. NON ! Je ne serais plus jamais un fuyard ! Je veux me battre maintenant ! Être plus fort et pouvoir me protéger tout seul et ceux que j'aime !

Mes forces décuplées par une énergie folle, je hurle :

- Je vais te tuer !

Puis je laisse la fureur m'envahir, cette fureur que j'ai contenue depuis tout ce temps. Je sens mes ongles pousser pour devenir d'énormes griffes tranchantes. Mes dents en font de même, devenant des crocs aussi acérés que des lames de rasoir. Mon corps garde une forme humaine mais il se recouvre d'un fin pelage blanc tacheté de noir et des oreilles et une queue apparaissent. Mes yeux sont sans doute devenus argentés, avec des pupilles fendues comme celles d'un chat. La forme hybride est la plus puissante mais également la plus dure à tenir sur la durée, si je veux le battre, il va falloir que je fasse vite.

Ma première attaque est trop rapide pour qu'il puisse la bloquer. Il s'écrase la tête la première dans la terre.

Un flot de sang jaillit de son nez, ma bête frémit de joie, moi je ne sens plus mes propres blessures à cause de l'adrénaline de la transformation :

- Tu as tué ma mère, tu m'as pourchassé pendant des années et privé de ma liberté.

Je le laisse se relever, je veux qu'il souffre, qu'il comprenne ce que j'ai enduré et surtout, qu'il sache ce que ça fait que de se sentir impuissant.

Son nez est en sang, mais il s'en fiche et tente de m'attaquer toutes griffes dehors. Je l'esquive et lui lacère le dos, la chair tendre se déchirant.

Il pousse un cri de douleur et je ricane, totalement emporté par ma soif de vengeance et de violence.

Puis sans que je puisse me contrôler, je me jette sur lui à une vitesse surprenante. Il hurle, se débat, tente de fuir et même de me supplier de le laisser en vie. Seulement je suis trop fort, gonflé à l'adrénaline et je ne lui laisse aucune chance. Mes crocs mordent et arrachent sa peau, mes griffes déchiquètent son corps et le sang jaillit en grands jets.

Le combat est terminé. Il est mort. Son corps, enfin ce qu'il en reste, git sous moi en lambeaux informes et sanguinolents. Je suis recouvert de sang et je n'arrive pas à m'empêcher de le lécher, c'est plus fort que moi et mon léopard gronde de bonheur.

Soudain je prends conscience que je ne suis pas seul et je regarde autour de moi. Tous se sont figés et me regardent. Les loups battent en retraite. Leur chef mort, ils n'ont plus de raison de se battre et ils se mettent carrément à fuir à toutes jambes.

Gabriel lance un ordre à ses hommes que je ne comprends pas, trop pris dans la soif de sang et de meurtre. Je résiste comme je peux et je regarde Gabriel qui s'approche de moi tout doucement, comme si j'étais un animal sauvage qui risquait de l'attaquer d'un moment à l'autre :

- Killian, tout va bien chaton calme-toi. Plus personne ne te fera de mal maintenant, Lincoln est mort, murmure-t-il d'une voix apaisante.

Il me prend les mains et les ouvre doucement. Je ne m'étais pas rendu compte que j'étais tellement crispé. Je dois avoir l'air horrible, un monstre couvert de sang, voilà pourquoi je ne voulais pas qu'il me voit comme ça :

- Petit cœur, est-ce que tu es blessé ?

Je secoue la tête, ma transformation en hybride a fait cicatriser complètement la blessure infligée par l'Alpha et Gabriel me prend dans ses bras.

Je me crispe à son contact et j'essaie de le repousser, mais il tient bon :

- Gab recule, je vais te blesser sinon. Je n'arrive pas à me contrôler totalement et je risque de ne plus refréner ma bête, balbutié-je lamentablement en essayant vainement de sortir de ses bras.

- Je sais que tu ne me feras pas le moindre mal mon cœur, allez, reprends forme humaine maintenant.

- Je ne peux pas, je suis un horrible monstre.

Ma voix se brise et des sanglots commencent à me secouer de la tête aux pieds. Gabriel m'étreint encore plus contre lui et me câline deux fois plus :

- Non Killian, tu n'es pas un monstre, tu n'en seras jamais un, m'assure-t-il d'une voix douce.

Ces paroles m'apaisent et m'aident à me calmer. Je ferme les yeux pour me concentrer et lentement, la soif, l'envie de sang et de violence sont refoulés tout au fond de moi. Je reprends doucement forme humaine et je me retrouve toujours couvert de sang et nu comme un nouveau-né, blotti contre mon amoureux. Je suis trop fatigué, j'ai consommé beaucoup d'énergie et je ne tarde pas à plonger dans un sommeil profond.

***

Je sens une douce caresse sur ma joue, puis sur mes lèvres et j'entends un « réveille-toi petit chaton » qui me fait grogner un peu :

- Mmmmmm...

J'ouvre faiblement les yeux et je me retrouve happé dans ceux de Gabriel. Je n'ai pas le temps de dire ou faire quoi que ce soit car il m'embrasse en me serrant possessivement contre lui.

Je ne cherche pas à résister, je lui rends même son baiser en passant mes bras autour de son cou et nous restons un long moment comme cela, enlacés à nous embrasser.

Il finit par prendre un peu de recul pour me dire :

- Tu as vraiment le sommeil très lourd mon cœur, cela fait trois jours que tu dors comme un bébé.

- Trois jours ! lâché-je avec surprise en me redressant vivement.

La couverture glisse et dévoile mon corps nu :

- Tu m'as fait prendre un bain ?

- Oui, et si tu veux savoir j'en ai même profité pour tripoter ton adorable petit corps de rêve.

Je soupire, gêné je ne comprends même pas pourquoi, après tout il m'a vu nu des dizaines de fois, ce n'est pas cela qui devrait m'embarrasser à ce point.

Il se lève sans rien dire pour sortir et revient un peu plus tard avec un plateau chargé de nourriture :

- J'ai pensé que tu aurais faim à ton réveil, vu que tu manges pour dix personnes au moins.

Je voudrais protester pour la forme, mais mon estomac me trahit en grondant bruyamment. Je ne réfléchis pas plus et je commence à manger, me goinfrant car je meurs littéralement de faim !

Gabriel me laisse faire, attendri et se contente de me câliner pendant mon repas.

Alors qu'il rapporte le plateau en cuisine, je profite de son absence pour aller faire un brin de toilette, me laver les dents et m'habiller. Quand je sors de la salle de bain il m'attend sur notre lit.

Je m'avance vers lui pour m'asseoir sur ses genoux, il passe ses bras autour de moi et m'embrasse dans le cou. Je ne peux m'empêcher de savoir ce qu'il s'est passé après d'être effondré de fatigue :

- Qu'est-il advenu des loups ? Ils ont tous réussi à s'enfuir ? lui demandé-je en restant dans ses bras.

- Oui, j'ai voulu envoyer mes hommes pour les chasser et les tuer mais je me suis dit que ce serait mieux si je les laissais partir. Ils pourront propager la nouvelle comme quoi tu es intouchable et que tous ceux qui voudront s'en prendre à toi mourront. Ainsi les autres espèces, meutes et clans y réfléchiront à deux fois avant de s'en prendre à toi.

Ses paroles me libèrent d'un poids dans la poitrine, je me sens plus serein et ENFIN libre. C'est un sentiment puissant de légèreté qui m'envahit :

- Tout ça c'est grâce à toi, merci Gabriel.

Je l'embrasse encore et encore, heureux, et nous aurions pu aller plus loin si l'un des hommes de mon déchu n'avait pas fait irruption dans la pièce :

- Patron, désolé de vous déranger mais nous avons un problème.

- C'est à dire ? demande posément mon déchu.

L'homme ne sait pas trop quoi répondre et son regard ne cesse de faire des allers et retours entre moi et Gabriel :

- Vous devriez venir voir et votre amant aussi, venez.

Je fronce les sourcils, qu'est-ce qui peut bien être si important pour que même moi je doive aller le voir ? Je ne pose cependant pas la question et je me lève avec le blond.

Le soldat nous devance et nous conduit à travers les couloirs labyrinthiques de l'immeuble de luxe et après plusieurs minutes de marche, nous entrons dans une chambre d'ami. Elle ressemble beaucoup à celle que j'avais quand j'étais encore prisonnier de Gabriel.

Mais ce n'est pas moi qui me tient sur le lit, c'est un adolescent qui ne doit pas avoir plus de seize ans, avec une peau dorée comme le miel, des yeux d'un noir de jais et des cheveux auburn. Il a l'air blessé. Pour moi il semble totalement normal et Gabriel se tourne vers son homme de main :

- Qui est ce garçon et pourquoi est-il si important ? questionne-t-il avec incompréhension.

J'essaie de trouver moi aussi la réponse à cette question. Mais quand je sens son odeur je n'ai plus besoin de chercher bien longtemps. Cette fragrance, je la reconnaîtrais n'importe où car une seule espèce sur terre la possède :

- Il est comme moi. C'est un Thérianthrope. 

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