Chapitre 7

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- Killian !

Une voix douce et tendre. Je la reconnais, c'est celle de ma mère. Elle est là, en face de moi, et me regarde, complètement paniquée. Pourquoi a-t-elle aussi peur ?

- Mon chéri écoute-moi tu dois te sauver, tu dois fuir tu entends ? Pars avant qu'ils ne te trouvent !

Pourquoi je dois partir ? Je ne veux pas la quitter !

- Non je ne veux pas ! Je ne te laisserais pas !

De violents coups résonnent sur la porte d'entrée. Ils arrivent, je pleure et ma mère aussi. Tout à coup, la porte vole en éclat et ils entrent. Ils sont cinq :

- Killian sauve-toi ! crie-t-elle d'une voix suppliante.

Ma mère me pousse vers la porte de derrière pendant que les hommes s'approchent d'elle :

- Donne-nous le petit, Kara ! Aucun mal ne te sera fait si tu nous le remets.

- Pas question ! Je ne vous laisserais pas vous servir de mon fils comme instrument de mort !

Ma mère grogne et les hommes en font de même. Elle se jette sur eux, totalement transformée en femme guépard. Elle n'a aucune chance contre eux et elle le sait, mais elle fait cela pour moi, afin que je puisse m'échapper. Je n'ai pas envie de la laisser, je sais qu'elle va mourir, mais je n'ai pas le choix, elle se tourne de nouveau vers moi :

- Cour Killian ! Sauve t...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase qu'un des hommes lui ouvre la gorge et le ventre avec ses griffes. Le sang gicle et ma mère me regarde. Les derniers mots qui passent sur ses lèvres sont « je t'aime ». Elle s'effondre dans une mare de sang, et moi je crie, je hurle à m'en abimer la gorge.

Je me réveille en sursaut... Avant de refermer tout de suite les yeux. La lumière trop vive me fait mal. Après quelques minutes, j'essaie à nouveau et cette fois j'arrive enfin à les garder ouverts.

Je me redresse, encore tout chamboulé par ce souvenir. Je sens quelque chose de chaud rouler le long de mes joues et je m'aperçois que je pleure.

Je m'essuie rapidement les yeux avant de regarder autour de moi. Je suis dans une chambre. Les murs sont or et argent, tout comme le sol et le plafond. La pièce est décorée comme celle d'un hôtel de luxe, avec un lit à baldaquin. Une armoire et une commode blanche, il y a même un grand écran plasma en face de mon lit. Sur la droite, une baie vitrée donne sur un balcon aménagé comme une terrasse :

- Où est-ce que je suis ?

Est-ce que je suis toujours chez le gang qui m'a kidnappé ? Si c'est le cas pourquoi ne m'ont-ils pas ramené dans le sous-sol au lieu de me laisser dans une chambre aussi luxueuse ? J'avoue que j'ai beaucoup de mal à comprendre.

Je me lève trop rapidement et voilà que je suis obligé de me tenir au lit pour ne pas tomber. Ma tête tourne, fait des cabrioles suite au vertige.

Je ferme les yeux en attendant que la crise passe. Lorsqu'enfin je me sens mieux, je me dirige vers la porte. Cependant, une question vient me titiller : la dernière fois que le spectre a utilisé son pouvoir sur moi, j'étais plongé dans les ténèbres. Et la douleur à mon réveil était incommensurable. J'avais l'impression d'être un mort revenant à la vie. Mais là, je n'ai fait que rêver d'un souvenir, qui je l'avoue n'est pas forcément un agréable souvenir.

Je décide finalement que ce n'est pas important, après tout qu'est-ce que cela peut me faire ? Du moment que je ne me sens pas comme revenu à la vie après une mort douloureuse, ça me va.

Je pose ma main sur la poignée pour ouvrir la porte, mais elle reste bloquée et je grogne. Ils m'ont enfermé ! Cela veut dire que je vais devoir de nouveau défoncer la porte. Je n'en ai marre ! Faire appel à mon côté animal me contrarie beaucoup.

Cependant, je n'ai pas le temps de m'attarder plus dans ma réflexion car j'entends des pas qui se rapprochent. Mince ! Qu'est-ce que je fais ? Je ne peux quand même pas pour une deuxième fois faire semblant de dormir, ce serait trop gros non ? Mon instinct me dit qu'ils ne vont pas tarder à débouler.

Bon, réfléchissons, ils savent et c'est certain que je ne suis pas humain. J'ai quand même défoncé les chaînes et la porte pour me sauver, alors qu'elles étaient renforcées avec de la magie, aucun humain sur Terre n'est capable d'une telle chose. Cela me facilite la tâche car je n'aurais pas à essayer de cacher mon côté surnaturel et au moins ainsi, les choses seront plus claires.

Mon plan est simple : je me cache derrière la porte et le premier qui entre, je lui saute dessus et le menace de lui ouvrir la gorge si on ne me libère pas.

Les pas se rapprochent et mon stress grimpe encore plus, tant pis, je vais m'en tenir à ma stratégie, je n'ai plus le temps de réfléchir à autre chose de toute manière !

Je me mets derrière la porte de manière à ce qu'ils ne me voient pas quand ils l'ouvriront.

Finalement deux hommes s'arrêtent devant ma porte. Comment je sais que ce sont des mâles ? Parce que leurs pas sont trop lourds pour être ceux d'une femme tout simplement. Ce n'est pas parce que le sol est recouvert de moquette que je suis incapable de faire la différence entre une fille et un garçon.

La poignée tourne et le battant s'ouvre très lentement laissant le passage aux ravisseurs. Je ferme rapidement la porte et saute sur le plus proche. Je bloque ses bras avec l'un des miens pendant que ma main libre vient se poser sur la gorge de mon prisonnier, mes griffes prêtes à lui déchiqueter la chair :

- Laissez-moi partir ou je lui ouvre la...

Je me fige, l'homme en face de moi, c'est celui du restaurant ! Alors je n'ai pas halluciné tout à l'heure en le voyant ! Il me fixe de ses beaux yeux argentés. Attendez une seconde, si ce n'était pas une vision alors Azraël était bien avec lui :

- Killian, tu veux bien me lâcher s'il te plaît ? Tu ne crains rien marmonne une voix familière.

Mais oui, bien sûr, comment ai-je pu passer à côté d'une telle évidence ! Azraël m'a toujours semblé familier car il me faisait penser à quelqu'un. Je viens juste de comprendre que l'homme du restaurant et Azraël sont... jumeaux. Ils se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

La seule différence réside dans la couleur de leurs yeux : bleus pour l'un et gris pour l'autre.

Je recule, complètement choqué par la connexion qui vient de se faire dans mon cerveau.

Je dois avoir l'air complètement paumé et paniqué parce qu'Azraël s'approche de moi et prend doucement ma main dans la sienne :

- Killian, tout va bien d'accord ? murmure-t-il d'une voix rassurante.

- Vous êtes frères !

Il rigole un peu, mais pas un rire moqueur, non, il est amusé et attendri en même temps. Rien qu'à l'entendre, j'ai l'impression de me sentir plus apaisé :

- Oui, c'est mon frère, Gabriel, ne t'en fais pas, même s'il a l'air du pire des hommes, c'est un bon gars au fond.

Ledit Gabriel reste silencieux, se contentant de m'observer de son regard pénétrant. Je me sens tout de suite mal à l'aise. Je n'aime pas être dévisagé de la sorte comme s'il pouvait lire en moi, c'est une sensation hyper désagréable :

- Qu'est-ce que tu fais ici Azraël ? C'est un gang ! Et pourquoi je ne suis plus enchaîné comme tout à l'heure ? Est-ce que tu peux m'expliquer ce qu'il se passe parce que je ne comprends plus rien là !

À nouveau, il me saisit la main et ce simple contact suffit à me rassurer :

- Je vais tout t'expliquer, mais d'abord calme-toi et va t'asseoir.

Il me tire vers le lit et me fait asseoir dessus sous le regard scrutateur de Gabriel. Azraël recule et invite son frère à venir à ses côtés :

- Az on ne devrait rien lui dire. Qui nous prouve que ce n'est pas un espion envoyé par un gang rival ?

- Tu es bête ou quoi ? Je t'ai dit qu'il venait d'arriver en ville. Comment veux-tu qu'il ait eu le temps d'intégrer un gang ? lâche Azraël pour rabrouer son frère.

Je les regarde sans rien comprendre de leurs échanges. Pourquoi ferais-je partie d'un gang ? Quel serait mon intérêt ? Rien dans mon comportement ne peut laisser penser à une telle chose. Peut-être cela a-t-il un rapport avec les deux hommes que j'ai tués ? Sans doute :

- Il pourrait très bien t'avoir menti Azraël, ce ne serait pas le premier à monter une entourloupe pareille pour venir espionner.

- Peut-être, sauf que tu oublies un petit détail : il est impossible de mentir à un Ange, donc il n'a pas pu se jouer de moi ! Il ne peut pas se cacher de moi.

Je me fige en entendant les paroles du jeune homme. Il vient de dire qu'il est un Ange, un véritable Ange !

- T'es un Ange ! C'est pour ça que je ressens tout ça quand je suis auprès de toi ! m'écrié-je tout en le fixant.

Les deux frères me regardent, ils ont dû oublier que j'étais là. Azraël s'approche, curieux :

- Comment ça ? Qu'est-ce que tu ressens quand nous sommes ensemble ?

- Du bien-être, je suis détendu et apaisé. Je me sens bien et j'ai l'impression de flotter sur un petit nuage.

L'ange me regarde en rigolant un peu :

- C'est normal, c'est l'effet que l'on a sur les gens, tu n'es pas un cas à part rassure-toi, et oui je suis bien un Ange.

Je comprends mieux maintenant pourquoi je me sentais aussi bien avec lui, pourquoi j'avais sans arrêt l'impression que je pouvais me confier à lui :

- Alors vous êtes tous les deux des Anges ? demandé-je en passant de l'un à l'autre.

Gabriel me regarde comme si je venais de dire la pire insulte qui puisse exister sur la planète et il grogne en fronçant les sourcils :

- Ne me mets pas dans le même panier que ces lèches-bottes de Dieu, je suis un Nephilim, pas un de ces connards aux ailes blanches.

- Hey ! Merci ça fait plaisir de savoir que je fais partie des « connards aux ailes blanches » s'indigne Azraël.

- Az, je ne parlais pas de toi voyons, tu sais très bien ce que je veux dire par là.

Gabriel soupire, tout comme Azraël. Il n'y a pas à dire, ces deux-là sont bien frères, il est impossible d'avoir des doutes là-dessus. Mais pour le moment moi j'aimerais bien connaître le sort qu'ils me réservent :

- Bon, c'est bien gentil tout ça, mais moi j'aimerais savoir quand est-ce que je pourrais partir, parce que je vous signale que j'ai une vie et pour le moment, je suis enfermé dans cette chambre.

Un drôle de sourire se dessine sur les lèvres pâles de Gabriel et il s'approche de moi, sa bouche à quelques centimètres de la mienne :

- Tu préfères peut-être passer le reste de ton existence dans MA chambre ? demande-t-il avec une voix terriblement sensuelle.

Je déglutis pendant que mes joues deviennent un peu rouges. Bon sang mais qu'est-ce qui m'arrive ?! C'est bien la première fois que je réagis comme ça quand on me fait des avances aussi claires.

Je ferme brièvement les yeux, il faut que je me reprenne, je ne dois pas me laisser intimider, il faut que je garde le contrôle ! Je suis déjà assez étonné de ne pas avoir compris tout de suite que Gabriel et Azraël n'étaient pas humains. Pourtant mon radar n'est pas cassé puisque j'ai senti que les autres étaient des créatures surnaturelles, alors pourquoi pas eux ? Peut-être qu'ils arrivent mieux à le cacher ? Je ne sais pas. Où peut-être étais-tu trop obnubilé par Gabriel pour t'en rendre compte ? N'importe quoi ! Qu'est-ce qui me prend de penser une chose aussi stupide ?

- Non merci, ça ne m'intéresse pas, tout ce que je veux c'est rentrer chez moi, alors quand est-ce que je pourrais le faire ?

Les deux frères me regardent et celui aux yeux bleus reprend rapidement un air sérieux et il se penche de nouveau vers moi. Je sens que je ne vais pas du tout aimer ce qu'il va me dire :

- Tu pourras rentrer chez toi quand tu nous auras dit qui tu es.

Je le regarde, surpris. Je comprends le véritable sens de ses paroles, mais j'espère me tromper, il FAUT que ce ne soit pas cela !

J'ai la gorge sèche, mes mains tremblent. Comment une simple question peut-elle être si lourde de sens ? Si remplie de tension ? Je sens la peur qui s'installe lentement en moi. Elle répand ses doigts glacés tout le long de mon dos et son souffle me caresse tout entier :

- Je... Je suis Killian Blackhawke.

Je sais que ce n'est pas la réponse qu'il attend, mais je me dis que je me trompe peut-être, qu'il ne veut savoir que cela et qu'ensuite ils me laisseront partir... Mais tous mes pauvres espoirs s'envolent quand il fronce légèrement les sourcils avant de demander avec une voix et un regard beaucoup plus menaçants :

- Ce n'est pas ce que je t'ai demandé petit chaton, ce que je veux savoir c'est qui es-tu ?

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