Chapitre 17

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Baras était un jeune Furh avait eu l’immense chance d’obtenir une syllabe longue, Bar, dans son nom grâce à son excellent travail. Depuis aussi loin qu’il s’en souvenait, il avait transporté des livres et des modules de savoirs avec soin et minutie. Dépourvu de matrice, il servait également à assouvir les besoins des uns et des autres en fonction des demandes. Régulièrement, ils participaient aux orgies dans la grande salle, un divertissement que les savants appréciaient après de dures journées de réflexions. Depuis qu’il avait gagné sa seconde particule et qu’il était devenu Baras, il étudiait à la restauration de vieux documents. C’était un travail délicat qu’il appréciait. Cependant, à tout moment, il pouvait être appelé sur une autre tâche et ce fut ce qu’il se passa lorsque Lekaï posa ses doigts sur lui, se pencha et embrassa son cou avant de le mordiller de plus en plus franchement. En sentant les dents sur sa chaire, le garçon se couvrit de frissons. Il y allait de plus en plus fort et cela ne pouvait signifier qu’une seule et unique chose : il était furieux.

Dans un geste expert, Lekaï ouvrit la toge pour recouvrer le Furh pour le dénuder et sans même prendre la peine de le préparer il le pénétra dans un grand coup de rein vicieux qui lui arracha un cri. Oh oui, il était furieux. Son pénis ne trouva pas d’entrée de matrice puisqu’il n’en possédait pas, il racla tout son conduit jusqu’à s’enfoncer légèrement dans son colon. Baras tenta d’avancer légèrement dans un mouvement plus involontaire qu’autre chose, en vain, il était fermement tenu. Dans son dos, s’agitant avec force, le Nicti cracha :

- Oser me renvoyer ! Moi ! Parce que j’aurais déplu au Liis ! Bande de singes dégénérés !! S’ils croient faire mieux qu’ils essaient donc !

Sa semence éclaboussa les parois du Furh qui poussa un couinement de douleur, en réponse il fut mordu assez fort pour que les dents laissent une empreinte dans son épaule.

- Quant à toi ! Tu ne vaux rien ! Rien du tout ! Un reproducteur manqué ! Stérile ! Inutile ! Tu rejoindras tes compairs ce soir, je te veux au centre de l’animation tu m’as compris.
- Oui.
- Disparait !

Baras s’éloigna en tenant sa toge comme il le pouvait, un peu choqué, non pas par le contact sexuel qui était purement habituel à ses yeux, mais par la punition. Être au centre de l’orgie… Oh ce n’était pas les mains qui le toucheraient ou les sexes qui le pénètreraient le problème, mais l’humiliation. Cette place était réservée aux petits nouveaux qui devaient faire leurs preuves, c’était une manière de leur montrer de l’intérêt et de leurs assurer qu’ils avaient une place auprès de chacun d’eux ! Seulement lui, il n’avait rien de nouveau ici et être rabaissé à ce poste pourrait bien lui faire perdre une particule et avec elle, ce travail qu’il appréciait. Sans attendre, il gagna les salles d’eaux pour débuter les inflations, les lavements et l’ensemble de la préparation. Il allait montrer une performance rare et tout le monde pourrait se demander ce qu’il faisait là ! Personne ne lui demanderait plus jamais d’endosser ce rôle et durant les orgies suivantes, il aurait le rôle qui lui incombé habituellement : celui de satisfaire Honji’luh Drestan.

Alors qu’il s’installait sur le dispositif adapté, quelques étages plus hauts, une effervescence rare avait lieu. Les débats étaient virulents au possible, mais la parole du Liis était définitive. En refusant ses conditions, ils risquaient simplement de perdre cette possibilité de contact et ils ne doutaient pas que d’autres seraient ravis de prendre leurs places, restant ainsi dans les mémoires pour cette visite historique. Les premiers ordres furent donnés pour que tout soit prêt dès que le Liis accepterait de revenir.

Lorsque finalement, le Liis et son compagnon arrivèrent, ils furent accueillis par la personne souhaitée. Honji’luh Drestan était un mâle de haute stature avec des muscles roulants sous sa peau sombre et un regard inquisiteur. Il prononça les mots rituels avec une grande maladresse et Xaer le devina juste à la tension de l’air. Kalaas’ynsguris répondit pourtant sans laisser transparaître le moins du monde le problème. Néanmoins, ce n’était peut-être pas si surprenant que cela puisque le mâle aux si longs cheveux blancs ne laissait jamais rien paraître. Honji’luh fit de son mieux en proposant :

- Nous pouvons aller dans mon bureau. Préférez-vous mon silence, pour que j’évite les erreurs, ou que je vous fasse une visite guidée ?
- Xaer ?

Le petit prétendant sursauta à la demande, mais se reprit rapidement.

- Si ça ne vous dérange pas, je suis curieux.
- Très bien ! Le hall d’accueil a été construit il y a cent cinquante ans déjà vous pouvez observer une certaine usure, nous devrions le rénover mais nous aimons les vieilles choses. Il y a deux écoles, certains pensent qu’il vaut mieux laisser vieillir pour raconter à la fois ce qui était et l’histoire qui s’est déroulée… et d’autres pensent qu’il faut restaurer parfaitement afin de conserver l’image du passé à travers l’époque. Qu’en penses-tu ?

Puisque Kalaas’ynsguris avait décidé de faire de l’Oom son interlocuteur, il en profiterait. Il ne doutait pas qu’il pourrait en apprendre énormément à travers lui après tout, le garçon vivait avec un Liis ! C’était le tout premier de son espèce à vivre avec un Liis. Rien qu’en l’interrogeant, il pourrait en arriver à écrire des livres entiers… C’était sa porte d’entrée et il ne la négligerait pas.

- Je ne sais pas. L’endroit où j’habitais était toujours rénové je crois, mais votre monde est … très charmant.
- C’est ce que je pense aussi. A nous voici dans les fondations de la grande bibliothèque.

D’immenses colonnes soutenaient des plafonds plus hauts encore et ils naviguèrent ainsi entre piles de documents, armoires et zones de stockages dans un bric-à-brac impressionnant. Xaer dut faire des efforts pour ne pas s’arrêter à chaque pas pour observer un bibelot, une représentation du monde, un objet étrange et inconnu, …

- C’est ici que nous trions les nouveautés. Comme vous pouvez le voir, nous accumulons un certain retard. Mais venez, mon bureau est juste ici.

Il les fit rentrer dans un espace étonnamment petit, couvert de cartes et d’autres documents, artefacts et raretés en tout genre. Ils s’installèrent et très facilement, Honji’luh parvient à conduire le Liis à parler de sa culture en quelques mots ou bribes de phrases. Ils discutèrent surtout des différences linguistiques entre les langues Liis et le seul et unique ouvrage qui avait été répandu en dehors leur monde. Xaer écouta attentivement, tout en observant les petits objets autour d’eux. Il ne reconnaissait rien et il se prit à imaginer à quoi tel ou tel objet avait pu servir.

Au bout de plusieurs heures, ils furent invités au grand banquet et comme cette rencontre-ci s’était très bien passée, ils acceptèrent de rejoindre la réception. Cependant, jamais Xaer n’aurait parié sur ce qu’ils y trouvèrent. Arriver dans un nouvel endroit, c’était comme voyager de surprises en surprises.

Là, il y avait des tables immenses installées en arc de cercle pour laisser toute la visibilité sur l’espace central où une orgie était déjà en cours. A l’intérieur, il y avait des mâles, des femelles, des corps variés et des espèces toutes aussi diverses. Xaer hésita un moment avant de suivre son compagnon qui paraissait toujours aussi froid et désintéressé. Grandir dans une couveuse préparait à bien des formes de sexualité. Un peu avant ses seizes ans, on avait commencé à lui apprendre le but des coïts et les différentes pratiques sexuelles. Il n’avait jamais eu l’occasion d’être prude. A l’âge de dix-huit ans, on lui avait offert ses premiers équipements qu’il pouvait utiliser à son gré. Il avait mis un certain temps avant de le faire à cause de sa faible santé et lentement, les pratiques s’étaient ajoutées, à son rythme. Mais le but de toute leur préparation était de les amener à s’offrir à un seul et unique mâle fécondateur. Les orgies de ce genre, il n’en avait jamais vu. Il n’y était pas destiné.

Autour d’eux, d’autres personnes appartenant à la grande bibliothèque s’installèrent. Xaer avait l’impression d’être un obstacle entre eux, ces inconnus, et Kalaas’ynsguris contre qui il était resté. Ce n’était pas très agréable et dès qu’il levait le visage, il ne pouvait qu’observer l’orgie. Pendant un moment, il observa une femme dont les doigts caressaient et fouillaient les orifices d’un Furh qui poussait des gémissements adorables. Il aimait voir leurs frémissements, leurs petits sursauts et tous ces détails enflammaient ses sens. L’orgie ne présentait pas réellement une chorégraphie générale cohérente, mais par moment, une certaine rythmique s’installait, comme si, sans même le vouloir, ils se synchronisaient les uns aux autres.

Au fur et à mesure, le Nicti qui se tenait à côté de Xaer s’impatienta, incapable d’attirer l’attention de leur invité et visiblement peu désireux de discuter avec un reproducteur. Prenant son courage à deux, il finit par se pencher avec un grand sourire au-dessus de la table pour parler directement au Liis.

- Très cher, et si vous laissiez votre jeune Oom rejoindre les réjouissances. Il ne doit plus en pouvoir d’attendre.

Cette simple phrase déclencha trois réactions intenses. Il y eut d’abord la honte de Xaer, il était lié à son compagnon ! Il n’était pas destiné à avoir d’autres contacts sexuels qu’avec Kalaas’ynsguris et aller vers d’autres aurait été des plus incorrects !

Quasiment en même temps, leur hôte leva le visage vers l’orgie et il sembla la remarquer pour la première fois. C’était une pratique courante, même si celle-ci était particulièrement imposante. Il faillit se détourner avant de remarquer que son protégé était au centre des attentions. C’était donc ainsi qu’on lui avait fait payer son prétendu privilège ! Il se sentit furieux et se promit d’offrir une nouvelle particule à Baras à la première occasion pour que plus jamais il ne soit utilisé ainsi. Oh, le garçon prenait du plaisir et participait activement, mais la honte lui colorait délicatement les joues. Avant que l’un ou l’autre ne puisse réagir, les yeux si blancs à l’unique petit point noir se posèrent sur l’importun et le Liis demanda sans même regarder le garçon à qui il s’adressait :

- Xaer, désires-tu rejoindre cette scène ?
- N-non, je ne préfère pas.
- Et que penses-tu de cette proposition ?

Xaer tourna le visage vers le Liis cherchant à comprendre ce qu’il attendait de lui. Il avait l’air toujours aussi froid et détaché, mais il y avait ce bourdonnement dans l’air, cette sensation. Il mit presque une seconde entière avant de comprendre que son compagnon était furieux même si ça ne se voyait pas de l’extérieur, mais pourquoi ? Il n’en était vraiment pas certain, mais il se devait de répondre. Il hésita avant de se tourner vers le Nicti. Lentement, il observa l’assemblée. Certains leurs avaient été présenté mais la plupart était des inconnus et tout ces gens étaient en train de se battre pour pouvoir parler à Kalaas’ynsguris, lui arracher une bribe d’information ou deux.

Il tenta de réfléchir, le plus vite possible, pour donner une réponse satisfaisante. Il avait toujours fait de son mieux et il aurait aimé être encore et toujours guidé, mais ce n’était plus ce que l’on attendait de lui aujourd’hui. Alors, il se dépassa comme jamais, le cœur battant la chamade et les joues rougissantes au possible.

- Je pense que si quelqu’un avait envie de voir un prétendant à l’œuvre, il pourrait se rendre dans une couveuse. Je ne suis pas là pour vous satisfaire. Au contraire. Et je crois que… vous mettez mon compagnon en colère et ce n’est pas une bonne chose.

Le silence qui s’abattit fut si fort que l’orgie cessa, laissant les différents participants haletants mais curieux de voir ce petit Oom fait face au Nicti avec des mots rudes. Alangui entre eux, Baras échangea un regard avec ce mâle qu’il aimait et qui semblait désemparé non loin de là. La situation était à nouveau entrain de mal tourner et Honji’luh n’avait pas la moindre idée de ce qu’il pouvait faire pour rattraper les choses. C’était peut-être pour garder la face ou parce qu’il ne comprit pas ce qui se jouait là, mais le Nicti reprit la parole sans même s’adresser à Xaer, cherchant envers et contre tout un contact avec le Liis.

- Oh, un petit Oom vindicatif. Je suppose que c’était un choix personnel ?

Xaer l’observa sans comprendre. Comment pouvait-on l’ignorer ainsi ? Il n’était pas transparent ! Il était juste là, devant lui. Dans la tête du petit Oom, les mots qu’il avait échangé un peu plus tôt avec son compagnon raisonnaient dans son esprit. Il ignorait que derrière lui Kalaas’ynsguris l’observait avec une même froide intensité qui fit peur à un certain nombre de personne dans la pièce.

- Je suis Xaer, le compagnon de Kalaas’ynsguris dokaï Liur.
- Compagnon ? Oh, est-ce une coutume Liis de faire des reproducteurs des compagnons ? demanda un autre.

Xaer frissonna et il se tourna vers celui qui attirait tous les regards. Il était resté assis, mais il se tenait droit. Il n’avait pas l’air d’exprimer la moindre émotion comme si ce qui était en train de se produire ne le concernait pas vraiment, mais le petit Oom avait une espèce de certitude. Il était furieux. Ses traits détendus, ses épaules relaxés, rien de tout ça n’était tout à fait vrai. Il se souvint alors de la menace, il avait promis de trancher la gorge d’une personne et étrangement, Xaer n’avait pas le moindre doute que cela puisse réellement arriver. Il hésita, une demi-seconde, sans vraiment croire à l’audace dont il allait faire preuve puis il dit simplement :

- Je préfèrerai rentrer.
- Parfait.

Il y eut une série de geste rapide, peut-être une manière de dire au revoir ou peut-être une insulte pour autant qu’il en savait, mais l’instant d’après, le Liis avait parcouru plusieurs mètres en le tirant par la main. Il ne reproduisait aucun bruit et ses mouvements devenaient si fluides qu’ils semblaient irréels. Sans laisser à qui que ce soit une chance de les rattraper, il conduisit Xaer jusqu’au transporteur. Ils grimpèrent dedans, au contact de ses parois, le petit transporteur se mit en branle. Alors qu’ils n’avaient même pas véritablement décollé, le Liis se retourna sur Xaer et l’embrassa tout en tenant ses joues de ses doigts trop clairs. Balançant les hanches vers l’avant, il plaqua son érection contre les hanches de son compagnon. Oui, il avait envie de lui. Terriblement envie.

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