#3 Vous prendrez bien un café ?

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La pluie martèle le toit de la camionnette. Malgré le bruit, vous entendez des voix étouffées que vous n’arrivez pas à comprendre. Vous vous apprêtez à ouvrir la portière pour en savoir plus. Dans un choc qui vous propulse contre la devanture de la papeterie, une image s’impose à vous. C’est toujours un visage de femme, mais celui d’une dame âgée. Quelques mèches de cheveux gris éclaircissent sa chevelure de jais, des lunettes épaisses déforment ses pupilles. Votre cœur palpite en la découvrant. Vous la désirez avec avidité, une chaleur cuisante embrase votre ventre. Qui est-elle ?

Vous vous redressez, tendez la main pour la saisir.

Vous n’avez pas le temps. Cette femme disparaît et laisse la place à l’image d’une adolescente malveillante. Elle vous effraye et en même temps vous attire. Un désir malsain s’éveille en vous. Pris de faiblesse, vous vous appuyez contre la carrosserie de la camionnette pour ne pas tomber. L’adolescente se dissout à son tour dans une brume épaisse.

D’autres visages s’imposent et se mélangent, tous désirés, aimés, regrettés. Cette situation est profondément anormale, vous le sentez mais votre intellect tourne au ralenti. Vous êtes dans un brouillard face à toutes ces femmes dont les traits vous submergent. Le peu de santé mentale qui vous reste est en train de se déliter sous ces regards insistants. Vous vous sentez partir dans une spirale étouffante.

– Vous prendrez bien un café ?

Une femme avenante se tient devant vous, une tasse de café emplie d’eau de pluie à la main. Un sucre se désagrège sur le bord de la soucoupe. Vous observez ses yeux, son nez, sa bouche. Est-elle un de ces visages qui vous hantent ? Elle vide la tasse dans le caniveau en bredouillant des excuses.

– Désolée, vous dit-elle, je suis passée sous une gouttière. Venez dans mon appartement, je vais en faire du frais.

Vous la suivez docilement. Vous savez que vous vous écartez du protocole, mais dans l’état où vous vous trouvez, vous auriez suivi le diable en personne. Arrivée devant sa porte, elle réalise que sa clef est restée à l’intérieur. Devant son désarroi, vous fouillez votre poche. Vous attrapez une sorte de couteau multi-lame. Sans savoir comment, vous avez la conviction que vous pouvez y arriver. Vous agissez sans réfléchir, toujours dans ce même brouillard, avec ces visages qui continuent à défiler et à se mélanger. Après quelques secondes, la porte s’ouvre. Vos mains ont agi seules, vous êtes aussi surpris que la femme. Encore des devinettes… Comment avez-vous fait ça ?

La femme vous observe maintenant d’un œil méfiant. Vous échangez quelques mots décousus avec elle. Vous voudriez comprendre, étancher les mille questions qui vous assaillent. Ses réponses ne vous apportent rien. Elle vous parle d’un autre visage, à l’étage au dessus, mais vous retient pour boire un café alors que vous voudriez monter vérifier par vous même. Que veut-elle, cette femme ? Pendant que le café coule, vous visitez l’appartement pour en savoir plus. Vous vous retournez soudain. La femme tient un gourdin dans sa main. Vous n’avez pas le temps d’esquiver.

Un choc, puis plus rien…

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