Chapitre 10

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Ethan venait d’arriver dans la petite ville qui lui était apparue en rêve. Il faisait nuit, le silence était réduit au moteur de sa BMW. Il avait l’impression d’être arrivé dans une ville fantôme, il n’y avait personne, pas une voiture, pas même un animal. L’absence du moindre chat errant, de la moindre activité vivante n’était pas familière pour lui et il comprit rapidement qu’il était arrivé au bon endroit. C’était plus qu’une simple intuition, il le savait.

Il tournait un peu au hasard dans les différentes ruelles obscures jusqu’à trouver un petit hôtel. Il gara sa voiture sur l’une des places de parking réservées à l’établissement puis coupa enfin le moteur. Ses muscles étaient engourdis, la fatigue bien présente : il avait roulé toute la journée en s’arrêtant très peu.

Il descendit de son véhicule, s’étira, puis se dirigea d’un pas décidé bien que fatigué vers la porte d’entrée. Il fut rassuré en voyant de la lumière à l’intérieur.

Une fois entré, il se dirigea vers la réception qui était typique de l’hôtel premier prix d’une petite ville éloignée et peu fréquentée. Il y avait une personne relativement âgée qui le dévisagea aussitôt, redoutant peut-être la venue de cet étranger qui par définition était pourtant le principal objectif ciblé de ce type d’établissement.

Ethan était fatigué et alla droit au but :

« Bonjour. Avez-vous une chambre pour la nuit s’il vous plaît ?

— Une seule nuit ?

— Peut-être qu’il y en aura davantage, je ne sais pas.

— J’ai besoin de savoir, il faut payer à l’avance ici.

— Et bien voici déjà pour cette nuit, fit Ethan en lui tendant sa carte bleue et ne souhaitant pas débattre sur le paiement potentiel des futures nuits.

— Voici votre clé, il s’agit de la chambre trois. »

Ethan saisit la clé, qui était tout à fait comparable avec celle de sa maison. Ici il n’y avait pas de badge magnétique, carte ou code. Cela se faisait à l’ancienne.

Il sortit de la réception puis se dirigea vers la porte sur laquelle était flanquée le numéro “3”, donnant directement accès sur le parking.

En entrant, il ouvrit aussitôt la fenêtre : la chambre sentait le renfermé. Les draps ne semblaient pas très propres, ou alors propres d’il y a longtemps. Il alluma une cigarette le temps d’aérer un peu la pièce puis s’allongea avec ses vêtements sur le lit pour éviter de prendre le risque de chopper une maladie quelconque.

Il était enfin arrivé. Dès le lever du soleil il devrait partir à la recherche de l’adolescent. Il savait seulement à quoi il ressemblait et de par l’âge qui lui donnait, pensait commencer à chercher dans le collège de la ville. Il n’aurait qu’à attendre par exemple la récréation et observer discrètement les élèves de la cour de l’école jusqu’à le reconnaître, ça ne devrait pas être trop compliqué.

Il n’eut pas le temps de se poser trop de questions, la fatigue était telle qu’il s’endormit profondément.

****

Ethan n’avait pas dormi depuis longtemps, il faisait encore nuit. Il avait essayé de retrouver le sommeil mais n’y parvenait pas. Il regarda l’heure : 2h57. Il décida alors de se lever, de prendre une cigarette et de sortir faire quelques pas sur le parking. L’air était frais et l’endroit mal éclairé. Il commença à marcher machinalement quand il se sentit observé. Il tourna la tête, regarda autour de lui mais ne vit rien. Il continua alors à faire quelques pas machinalement sur le parking tout en finissant sa cigarette, puis en se retournant vers la porte de sa chambre il vit une silhouette immobile. Il ne s’agissait que d’une ombre de là où il se situait. Il commença à se diriger lentement et prudemment vers elle tout en ne la quittant pas des yeux.

Il se remémora la fille aux yeux incolores qui avait tenté de l’attirer il y a maintenant plusieurs années. Il se souvenait parfaitement de son visage et se demandait si c’était elle qui pouvait se cacher derrière cette silhouette.

Il s’était maintenant suffisamment approché pour constater qu’il ne s’agissait pas de cette fille-là. Mais en se tenant maintenant devant elle, car elle se tenait contre la porte de la chambre, il se rendit très vite compte que cette fille avait ces mêmes yeux. Cela faisait maintenant si longtemps qu’il n’avait pas été confronté à cette étrangeté : des yeux d’une couleur indéterminée. Ils restèrent muets quelques secondes avant qu’elle ne prenne l’initiative d’engager la conversation.

« Bonjour.

— Bonjour. Vous êtes devant la porte de ma chambre et j’aimerais aller me coucher.

— Et bien, allez-y. »

En prononçant ces mots, elle ne bougea pas et continua de rendre inaccessible l’accès à la porte. Elle continuait de le dévisager. Elle ne ressemblait aucunement à la fille qu’il avait connu. Elle repoussa ses cheveux blonds en arrière puis reprit la parole.

« Vous n’êtes pas d’ici, pas vrai ?

— En effet. En même temps, le fait que j’aille dans une chambre d’hôtel est une piste…

— Que venez-vous faire ici ?

— Et vous, qu’est-ce que vous faites en pleine nuit à me bloquer l’accès à ma chambre d’hôtel en me posant des questions ?

— Vous agacez pas, je vous laisse. On se reparlera tout à l’heure lorsque vous serez moins grognon. »

Ethan ne réagit pas. Il attendit seulement qu’elle se mette à bouger (si elle en avait la possibilité, car il commençait à se poser la question). Après une dizaine de secondes à soutenir son regard, elle se mit enfin en mouvement, il s’agissait presque d’un miracle. Elle lui lança un dernier regard en partant tout en lui lançant une dernière fois “à tout à l’heure”.

Il n’attendit pas qu’elle s’éloigne pour enfin rentrer dans sa chambre et verrouiller la porte à clés.

Il s’allongea sur le lit et jeta des regards scrutateurs à la fenêtre pendant plusieurs minutes pour vérifier qu’elle ne reviendrait pas.

Qui était-elle ? La couleur de ses yeux avait la même particularité que ceux qu’il avait pu observer il y a maintenant longtemps. Et pourquoi lui avait-elle dit “à tout à l’heure” ? Il ne voulait pas la revoir, il n’était pas là pour elle mais pour l’adolescent rencontré dans son rêve. Il ne savait pas si elle représentait une menace mais il n’avait aucunement envie d’en faire l’expérience.

Après environ une heure à rester allongé sur le lit, il parvint enfin à trouver le sommeil.

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