Chapitre 3

8 minutes de lecture

Nathan se réveilla peu avant que son réveil ne se mit à sonner.

Il était dans son lit. Il regarda autour de lui mais ne vit pas la moindre trace de la présence de Mya. Il regarda par terre : son matelas n’était plus là non plus. Est-ce qu’il avait fait un rêve ? Impossible ! Tous ces événements étaient bien trop réalistes. De toute sa vie il n’avait jamais fait de rêve de la sorte. Il se leva et regarda un peu partout autour de lui pour essayer de trouver un indice de sa présence. Il réfléchit en essayant de se remémorer tous les endroits et gestes qu’auraient pu faire Mia depuis son arrivée à la maison mais ne trouva pas d’indice. Il remarqua toutefois les deux piles de magazines et de livres qu’il avait posés en hâte la veille et alla vérifier la présence des habits sales qu’il avait mis en bas de sa commode : tout était bien là. Si c’était un rêve alors ces vêtements ne seraient pas là.

Sa mère l’appela pour qu’il descende prendre son petit déjeuner afin de ne pas se mettre en retard pour l’école. Ses parents avaient mangé avec eux hier : ils s’en souviendraient forcément !

Nathan descendit l’escalier puis sans poser la question directement à sa mère, essaya de lui soustraire des informations :

  • Vous avez passé une bonne soirée hier ?
  • Oui… pourquoi tu demandes ça ?
  • On a bien mangé hier, tous ensemble, hein ?
  • Tu commences à me faire peur. Tu ne poses pas toutes ces questions d’habitude. Tu vas bien ?
  • Bon ok. Est-ce que tu te souviens d’avoir vu une fille qui s’appelle Mya avec moi hier soir ?

Sa mère mit spontanément la main sur le front de son fils comme pour vérifier si ce dernier n’avait pas de la fièvre.

  • Je suis désolée Nathan mais je n’ai vu personne d’autre que ton père et toi hier soir.
  • Sûrement un rêve… oublies ça, t'inquiète.

Nathan ne comprenait pas mais ne posa pas davantage de questions à ses parents ce matin-là. Et pourtant il était persuadé de la réalité des événements de la veille. Il n’aurait par ailleurs jamais rêvé d’avoir fourré ses habits sales dans la commande et faire deux piles de magazines et de livres sans les retrouver ainsi ce matin.

Alors qu’il faisait chauffer son lait, une idée lui traversa l’esprit : Mya avait utilisé une serviette pour se sécher qu’elle avait fait tomber au pied du lit avant de se coucher. En retrouvant la serviette, il pourrait peut-être voir que celle-ci aurait été utilisée.

Une autre question par contre le tracassait : si ce n’était pas un rêve, comment aurait-il pu se retrouver dans son lit alors qu’il était par terre sur le matelas la veille au soir. Elle n’aurait jamais pu le déplacer, et encore moins le traîner sans le réveiller.

Nathan mangea rapidement son petit déjeuner ce matin là puis s'empressa de remonter dans sa chambre pour se mettre à la recherche de la serviette. Il la retrouva assez rapidement dans sa commode, pliée avec d’autres affaires. Il déplia la serviette et se rendit compte qu’elle était légèrement humide à certains endroits : ce n’était donc pas un rêve. Comment se fait-il que sa mère ne se souvienne de rien ? Avait-elle été droguée ? Et comment s’était-il retrouvé dans son lit alors qu’il dormait par terre ? Nathan ne comprenait rien mais n’avait plus le temps d’y réfléchir. Il décida pour le moment de considérer ces événements comme un rêve et mit de côté toutes ses interrogations pour se préparer et aller à l’école.

****

Nathan était, comme il s’en était douté, assis seul à son pupitre. Il n’y avait plus cette jolie fille, arrivée la veille qui l’avait fixée du regard, à ses côtés.

Il se concentra pleinement aux différents cours de la journée qui passa relativement vite. Personne ne fit de remarque sur Mya ou son absence, aucune de ses affaires laissées la veille n’était présente. Il s’agissait définitivement d’un rêve.

Lorsque la sonnerie de la première récréation sonna, il sortit et se trouva un endroit tranquille dans la cour pour lire. Tous les chamboulements de ces dernières vingt-quatre-heures s’en étaient alors allés. Il ne pensa à rien d’autre que son livre.

Lorsque ce fut l’heure de déjeuner, il se trouva un bout de table où manger seul son repas du midi. Il mangeait rapidement avant d’ouvrir son livre et de se replonger dedans.

Puis à la récréation de l'après-midi, alors qu’il lisait tranquillement, deux camarades de classe qui faisaient partie des Rebels lui demandèrent de lui donner une partie du goûter qu’il avait emporté avec lui. De par son expérience passée, il savait que c’était inutile de lutter et donna la part qui revenait comme à l’accoutumé aux deux adolescents. Il s’était déjà fait frapper par eux dans le passé lorsqu’il avait osé leur dire que son goûter n’était pas pour eux. Pas au visage bien entendu, sinon cela se verrait, mais notamment à l’estomac. Il se disait que s’il voulait éviter tout conflit ou nouveaux coups, il serait dans son intérêt de ne pas les provoquer à nouveau. Et jusqu’à présent il avait même encore droit à sa part de goûter, ce qui n’était finalement pas si mal. Ce rituel était devenu comme un accord avec eux : il leur donnait à manger et en échange il n’était pas rué de coups.

La sonnerie de la fin des cours retentit et Nathan constata que cette journée s’était finalement déroulée comme les autres, comme si la journée qui avait eu lieu la veille ne s’était déroulée que dans son rêve. Pourtant nous étions le mardi et il n’aurait alors pu dire ce qui s’était passé le lundi autrement que par le mauvais tour que lui avait joué son esprit. Mais il se persuada de ne pas insister à élucider ce mystère qui restera un vieux souvenir dans quelques temps.

Il rassembla ses affaires à ramener à la maison, se leva et se dirigea avec les autres élèves vers la sortie de l’école.

A peine eut-il le temps de franchir le portail de l’école qu’il la vit sur le trottoir en face de la rue : elle était là et bien réelle ! Mya le regardait de ses yeux incolores et l’attendait debout sans faire le moindre geste. Elle n’était pas habillée ni coiffée comme la veille, mais c’était bien elle. Nathan ne bougea pas quelques instants, comme s’il venait d’apercevoir un fantôme, puis traversa la rue d’un pas décidé pour arriver à sa hauteur. Il la regarda fixement tout comme elle le faisait dans les yeux, outrepassant sa timidité d’antan pour lui demander ce qu’elle faisait là.

  • Je t’attendais pour te raccompagner chez toi.
  • Je croyais qu’il fallait que l’on reste tout le temps ensemble ?
  • J’avais un truc à faire.
  • Donc ce n’est pas si important que l’on soit systématiquement dans les mêmes pièces non ?
  • On rentre chez toi, tes parents sont d’accord.
  • Ils ne se souviennent même pas t’avoir vu hier. Personne d’ailleurs à part moi ne se souvient t’avoir vu hier.

Elle ne répondit pas à la question, le prit par la main et commença à marcher avec lui pour parcourir les 15 minutes à pied qui les séparaient de la maison.

****

Alors qu’ils marchaient, Nathan ne s’arrêtait pas là dans la conversation, il voulait en savoir davantage.

  • Maintenant dis-moi ce qui se passe. Pourquoi je dois rester avec toi tout le temps ? Pourquoi les gens t'oublient du jour au lendemain et pourquoi je me réveille dans le lit alors que je dormais par terre avant ?
  • Tu le sauras bien assez vite. Ce n’est pas que je ne veux pas te le dire, c’est que je ne peux pas.
  • Et tu vas manger à la maison, et encore dormir à poil dans mon lit ce soir et demain tout le monde t’aura oublié c’est ça ?
  • C’est ça.
  • Et si je refuse, là maintenant, et que je te demande de partir ?
  • Tu peux toujours refuser, ça ne changera rien. Évite simplement de le faire, ça pourrait être dangereux.
  • Et bien je refuse !

Sur ces paroles, Nathan lâche la main de Mya et se met à courir de toutes ses forces, aussi vite qu’il le pu. Après un petit moment, il se retourna rapidement pour observer sa silhouette au loin qui semblait immobile. Il redoubla d’effort jusqu’à atteindre sa maison.

Il referma la porte essoufflé, monta les marches, lança plus loin son sac et se mit à la fenêtre qui donnait vue sur l’entrée de sa maison. Il attendit un long moment mais ne vit rien. Il se sentit un peu soulagé. Sa mère l’appela alors pour lui signifier que le repas était prêt. Il traversa la mezzanine, descendit l’escalier, puis la vit assise à table à la même place que la veille.

****

Le repas se passa exactement comme la veille. Aucune remarque particulière de ses parents à l’encontre de son invitée. Ils passèrent le repas à manger et à se comporter comme d’habitude, à la seule différence de ce couvert et de cette présence supplémentaires.

Une fois le repas terminé, ils se levèrent et encore une fois aucune remarque ou question sur le fait que Mya n’avait emporté aucune affaire avec elle.

Ils firent de la même manière que la veille leurs devoirs, prirent leur douche chacun leur tour tandis que l’autre fixait le mur.

Nathan sortit à nouveau son matelas, joua du pied pour le gonfler tandis qu’elle s’engouffra dans son lit après avoir fait tomber sa serviette par terre. Il s’y attendait et n’osa pas regarder en sa direction, restant concentré sur le gonflage de son matelas.

Une fois allongé et le réveil mis, il lui demanda combien de jours tout se passerait encore ainsi.

  • Ça ne dépend pas de moi.
  • Et demain je vais me réveiller dans mon lit, le matelas et toi aurez disparu ?
  • Peut-être.
  • Et mes parents ne se souviendront pas de t'avoir vu ?
  • C’est possible.
  • Tu n’as même pas l’air d’être sûr de toi.
  • Je ne le suis pas.
  • Tu veux pas ramener des affaires demain ? Je dis ça, c’est juste que t'aurais des vêtements pour le lendemain si tu restes encore ici… Et puis ramène aussi une brosse à dents tant qu’à faire, fait comme chez toi ! Ramène aussi à manger hein !
  • Je suis désolée que ça te rendre furieux mais ça ne dépend pas de moi.

Nathan éteignit la lumière. Cette fois, plus de doute possible : il ne rêvait pas. Il commençait à se demander s’il ne devenait pas fou : et si Mya était simplement dans sa tête ? Cela expliquerait bien des choses. Cela expliquerait que personne d’autre que lui ne se souviendrait d’elle.

Cette nuit fut une très longue nuit pour lui car il mit beaucoup de temps à trouver le sommeil.

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