Chapitre 76 : vendredi 15 juillet 2005

6 minutes de lecture

Attablés dans un pub, Maureen et Sam attendaient Mickaël et Mummy. Maureen avait fermé à l'heure et avait rejoint leur ami à l'endroit convenu, un pub situé sur la rive droite de la Clyde, presque face au pont par lequel Mickaël traversait et rejoignait le restaurant. C'était à un quart d'heure de marche pour Maureen et elle n'avait pas traîné.

- Si, dans cinq minutes, ils ne sont pas là, on passe la commande, ça les fera venir ! déclara Sam en regardant sa montre. Je meurs de faim !

- Je commence à avoir faim moi aussi. Le petit déjeuner est loin... fit Maureen.

- Et le repas de mardi soir encore plus, non ?

Maureen rit.

- Oui ! C'était délicieux, Sam ! Je n'avais jamais rien mangé d'aussi bon...

- Ca, ça veut dire que Mickaël n'a pas été à la hauteur depuis qu'il est avec toi !

- Ah, tu me comprends mal ! Dans un restaurant !

- Ouais, ouais... Il faut dire qu'il t'a fait le grand jeu !

Elle sourit et reprit :

- Et c'était vraiment agréable de dîner avec Mummy et ses parents. J'ai passé une très bonne soirée aussi pour cela. Et j'étais contente que tu puisses venir nous faire un petit coucou, alors que vous étiez encore certainement bien occupés.

- Ca commençait à lever le pied, on n'avait plus que deux tablées vraiment en cours, les autres étaient toutes rendues aux desserts ou aux digestifs, expliqua Sam. On n'avait pas encore entamé le rangement bien sûr, mais ça sentait la fin. J'espère que tu n'as pas trop attendu Micky après ! Je peux te dire que ça a donné le coup de collier pour qu'il puisse repartir sans traîner.

- Non, ça a été. Un peu comme d'habitude, en fait. Vous en avez encore pour une semaine bien chargée, non ?

- Oui. Après, la dernière semaine de juillet, ce sera plus calme. Le festival de musique sera terminé et puis, les gens commencent à penser à leurs vacances, pas tellement à sortir. En général, on ne fait plus qu'un seul service cette semaine-là. Ca permet aussi de ne pas accumuler trop de stocks, qui pourraient perdre.

A cet instant, la porte du pub s'ouvrit et la silhouette de Mickaël s'encadra. Il la retint pour laisser passer sa grand-mère.

- Bonjour, Mummy ! Tu as l'air en pleine forme ! Ca te réussit, de sortir le soir ! lança Sam en se levant pour saluer la vieille dame et serrer la main de Mickaël.

- Grand sot ! Ce n'est pas de sortir qui fait du bien, c'est de bien manger ! Et nous avons été à la fête... Bonjour, Maureen, ajouta-t-elle.

- Bonjour, Mummy, répondit Maureen en lui faisant la bise à son tour.

- Ca a été, ma douce, ce matin ? demanda Mickaël en prenant place aux côtés de la jeune femme, après avoir déposé un léger baiser sur ses lèvres.

- Oui, comme d'habitude. J'ai pu préparer une commande pour demain. Et j'en ai une autre en cours.

- On ne va pas te faire traîner, d'autant que nous, il ne faut pas qu'on soit trop tard non plus, Sam et moi. Vous avez commandé ? demanda-t-il.

- On a failli, répondit Sam.

- Ok, je m'en occupe. Comme d'habitude pour toi, j'imagine ?

- Oui, répondit son ami.

- Mummy, tu veux quoi ?

- Léger. Ils font des petits sandwichs, ici ?

- Oui, et aussi une salade de poissons fumés et de crudités qui est très bonne. Un peu copieuse, mais vraiment bonne, dit Mickaël.

- Alors va pour la salade, fit Mummy. Tu m'aideras à la finir... à moins que Sam n'ait un petit creux !

- Tu veux quoi, Maureen ?

- La salade aussi, c'est très bien.

Mickaël se leva, passa leur commande et revint déjà avec deux bières, pour Maureen et Sam, puis retourna chercher la sienne et de l'eau pour sa grand-mère.

- Qu'est-ce que c'est que ce paquet ? demanda Sam en regardant le sac posé par terre, à côté de Mummy.

- Tiens, mets-le donc dans le coin à côté de toi, pour qu'il ne gêne pas le passage. C'est du thé.

- Et bien, vous avez refait le plein !

- Je prévois pour cet été et le début de l'automne. Et puis Mickaël voulait en créer un nouveau...

- Encore ? s'exclamèrent Maureen et Sam à l'unisson.

- Oui, répondit Mickaël en se rasseyant. J'avais dans l'idée d'en inventer un pour marquer l'été. Je pense que j'en ferai un pour chaque saison.

- Et de quoi se compose-t-il ? demanda Maureen.

- Thé blanc, cerise et framboise. Je voulais mettre des fruits de saison... expliqua Mickaël.

- Ca doit être très doux, en effet, dit Maureen qui imaginait déjà la composition.

- Il y a un sachet pour nous, sourit Mickaël.

- Des fois que tu aurais besoin de calmer tes ardeurs, c'est ça ? rebondit Sam.

- Ca se pourrait. Pour éviter d'avoir à dormir en mettant directement le matelas par terre, car le sommier n'aura pas résisté... et aura rendu l'âme avant qu'on puisse aller en chercher un autre, toi et moi, répondit Mickaël en buvant sa première gorgée de bière.

- Non mais, vous allez arrêter de proférer des horreurs, tous les deux ? s'écria Mummy, faussement offusquée.

- Quoi ? répondirent les deux jeunes hommes, de concert, en mimant la surprise.

Maureen qui sentait déjà le rouge lui monter légèrement aux joues avec cette histoire de sommier - et en repensant à la nuit passée -, éclata de rire devant leur mine. Elle imagina bien comment Mummy devait "gérer" les deux garçons quand, plus jeunes, ils venaient passer les vacances chez elle.

- Allez, mangez donc, dit la vieille dame avec autorité. C'est la faim qui vous fait raconter n'importe quoi.

- Mummy, mon lit est vraiment à changer, tu sais ! déclara Mickaël.

- Non, je ne veux pas le savoir ! fit sa grand-mère en secouant la tête.

- Mais Sam, c'est pire... Lui, c'est la machine à laver qui rend l'âme. Je préfère ne même pas imaginer ce qu'il fait avec...

Sam leva les yeux au plafond, se retint de lancer une nouvelle horreur, et avala une bonne gorgée de bière. Puis il demanda :

- Bon, soyons sérieux. Tu repars déjà dimanche, Mummy ?

- Ah ben oui. Véra et Jimmy vont venir dans dix jours environ, il faut me laisser le temps de préparer leur venue.

- Pourtant, côté nourriture, ce n'est pas difficile... intervint Mickaël.

- Parle pour ta sœur. Jimmy, lui, est plus exigeant. Sans compter la pitchoune à laquelle tu donnes le bon exemple... Elle va me réclamer des crèmes "comme tonton", des crudités décorées "comme tonton", même si elle n'aime pas la décoration...

- Et du poisson cuit "comme tonton" ? demanda Maureen avec amusement.

- Aussi... Mais, ça, j'aurais du mal, dit Mummy.

- Tu t'en sors pourtant très bien... fit Mickaël.

- Mais ta cuisson est encore plus précise que la mienne, tu sais bien...

- C'est le métier qui rentre, Mummy.

- Tu en as eu la maîtrise très tôt. Même avant d'aller à l'école hôtelière. C'était instinctif.

- L'instinct, c'est une chose, mais l'apprentissage, c'est important, rappela-t-il.

- Je confirme, dit Sam. Moi... Y'a des tas de choses que je raterais si je n'avais pas été à l'école. Et quand je vois comment Jonathan a progressé en quelques mois...

- Il faudrait que tu cesses un peu de le houspiller, Sam. Il ne mérite pas le quart des remarques que tu lui fais, dit Mickaël.

- C'est pour l'habituer. Tu sais aussi bien que moi que les premiers temps, quel que soit son patron, il ne sera pas forcément à la fête. Il nous regrettera, tu verras !

- Il y a des chances... et je pense que nous, aussi, on le regrettera. Car c'est un garçon agréable, courageux, et qui apprend vite et bien.

- Il a été à bonne école, aussi, avec vous deux... fit remarquer Mummy.

Ils continuèrent à discuter ainsi tout en mangeant. Au moment de se séparer, Maureen s'inquiéta de savoir comment Mummy allait rentrer jusque chez les parents de Mickaël.

- Ne t'inquiète pas, petite ! Le jardin botanique n'est pas loin, je vais y aller tranquillement à pied, en longeant la Clyde. Ingrid doit m'y récupérer. Et puis, on ira chercher la pitchounette à l'école, elle reste dormir avec nous ce soir.

- C'est chouette, Mummy, tu vas pouvoir en profiter ! dit Sam.

- Disons qu'elle a mené une vie impossible à sa mère... pour rester avec moi jusqu'à dimanche. Enfin, paraît-il qu'elle a mené une vie impossible, elle est pourtant très sage, cette petiote !

Mickaël sourit. Sa grand-mère avait toujours eu un faible pour les petits enfants, pas au point de céder à tous leurs caprices, mais en leur pardonnant beaucoup de choses...

- Bon, Sam, tu viens à Fort William cet été, hein ? Avec les jeunes, là... Je compte bien te revoir avant l'hiver ! dit la vieille dame en lui tapotant sur le bras comme pour insister.

- L'hiver est loin, Mummy, répondit le grand et maigre jeune homme. Oui, oui, c'est promis. Je viendrai.

Ils se séparèrent sur le trottoir, Mickaël accompagnant un temps sa grand-mère, alors que Sam partait tout droit vers le pont et que Maureen remontait vers les hauteurs de la ville et leur quartier.

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