Chapitre 65 : dimanche 3 juillet 2005

7 minutes de lecture

C'était le premier dimanche du mois de juillet. L'été était là, les soirées longues invitaient toujours à traîner, à profiter du jour, alors qu'en hiver, chacun avait tendance à rentrer bien vite chez lui - ou à aller au pub.

Cette journée s'annonçait belle. Maureen venait de fermer la boutique, elle avait encore bien vendu ce matin. Elle avait mis de côté quelques fleurs pour composer un petit bouquet. Elle était en train de le préparer quand elle entendit un peu de bruit à l'étage. Elle sourit, c'était signe que Mickaël était réveillé. Ils étaient attendus chez ses parents ce midi. Cette fois, les parents d'Henry ne seraient pas présents.

Une fois le bouquet emballé, elle termina son rangement, passa un petit coup de serpillière, puis ferma soigneusement la boutique, remonta à l'étage. Mickaël était attablé dans la cuisine. Il était douché, encore torse nu.

- Bonjour, ma belle, la salua-t-il alors qu'elle entrait dans la pièce. Je ne sais pas comment je me suis débrouillé, mais je n'ai plus de t-shirt propre ici... Ca t'embête de faire un saut chez moi pendant que je termine de déjeuner ?

- Non, pas de souci. On ne sera pas en retard ? fit Maureen.

- Tu sais, ma mère a l'habitude le dimanche... Elle sait bien que je ne suis jamais levé très tôt, expliqua Mickaël.

- Ok, je file alors. A tout de suite. Tu as une préférence ?

- Aucune ! Le premier qui vient... sourit-il.

Elle laissa le bouquet sur la table. Il se fit la réflexion que cela allait plaire à sa mère.

Maureen revint une dizaine de minutes plus tard, Mickaël avait débarrassé, fait la vaisselle.

- Je n'ai pas pris le premier venu, mais le deuxième, dit-elle avec un peu d'humour. Le premier, il était râpé au col...

- Parfait. Merci, dit-il en l'enfilant.

Puis il la prit dans ses bras et l'embrassa longuement.

- Ca, ça me manquait plus que mon t-shirt... fit-il en appuyant doucement son front contre celui de la jeune femme.

Elle le regarda avec amour, accepta son étreinte en restant blottie contre lui. Elle appréciait beaucoup ces petits moments de tendresse, entre eux deux. Brian lui en avait accordé si rarement... Et, de toute façon, elle s'était toujours sentie un peu "en retrait" quand cela arrivait. Avec Mickaël, elle pouvait se laisser aller en toute confiance.

- Allez, on y va, sinon, tes fleurs vont fatiguer... dit Mickaël avec un soupçon de regret dans la voix à l'idée de devoir rompre leur étreinte.

**

- Et bien, fils ! Tu es tombé du lit ce matin ? Vous arrivez avant 14h !

De son air toujours très sérieux, Henry avait ainsi salué Mickaël d'une boutade. Maureen sourit.

- Oui, j'ai réussi à émerger pas trop tard, papa. Ca va bien ?

- Très bien. Vous avez vu ce beau temps ? Ta mère était ravie ce matin avec ce soleil : elle va nous faire manger sur la terrasse ! dit Henry en faisant la bise à Maureen.

Mickaël fit quelques pas dans l'entrée, sa mère arrivait de la cuisine pour les saluer.

- Bonjour à vous deux, dit Ingrid en leur faisant la bise. Oh, merci, Maureen, il est très joli ce bouquet ! Venez...

Ils traversèrent le living qui possédait une belle baie vitrée et donnait sur le jardin. La table était en effet dressée sur la terrasse, au soleil, mais Henry avait ouvert un grand rideau qui servait de parasol.

- Désolé, m'man, dit Mickaël, je n'ai pas apporté le dessert cette fois...

- Je sais, je sais, répondit Ingrid. J'ai prévu. Avec le boulot que vous avez en plus en ce moment... Allez, asseyez-vous, on va commencer tout de suite, parce que sinon, le rôti sera trop cuit.

Maureen et Mickaël prirent place à table, alors qu'Henry apportait le vin et une corbeille de pain.

- Qu'est-ce que tu nous as ouvert, p'pa ? demanda le jeune homme en désignant la bouteille.

- Un que tu nous avais ramené il y a cinq ans. C'est une de mes dernières bouteilles ! Un Beaumes de Venise.

- Pas mal... Digne du rôti de maman !

- Ne parle pas trop vite, dit sa mère. Attends de le goûter avant !

Le repas se déroula dans une bonne ambiance, la cuisine était délicieuse, la viande fondante.

- Un peu de vin, Maureen ? proposa Henry.

- Un tout petit fond, dit-elle. Je ne sais pas goûter...

- Et bien, tu vas apprendre... Mickaël, ne me dis pas que tu n'as fait goûter que du whisky pour l'instant à Maureen !

Le jeune homme plongea la tête dans son assiette, comme un gamin pris en faute.

- Bon, dit-il en prenant son propre verre. Ce n'est pas plus compliqué que pour le whisky. Tu le sens d'abord, tu prends le temps de laisser les arômes habiter ton nez, ta bouche. Puis tu goûtes, tu le gardes un peu en bouche, ensuite, seulement, tu avales. Celui-là, il est vraiment très bon. Vas-y, dis-moi ce que tu en penses.

- C'est moins fort que le whisky, c'est certain. Mais différent de la bière, commença Maureen en laissant son nez au-dessus du verre. Il sent... Houla, c'est compliqué et très riche. C'est plus varié que le parfum du whisky.

- A quoi te fait-il penser ? demanda Mickaël.

- Des fruits. Cassis... Non, plutôt framboise. Mais juste au parfum.

Elle prit une première gorgée.

- Hum, je n'ai vraiment pas l'habitude... mais j'aime bien. Ca glisse tout seul...

- Alors, c'est signe qu'il est bon, dit Mickaël. Un vin qui accroche dans la gorge, soit il est mauvais, soit il est trop jeune ou alors, il a besoin de décanter. Alors, les parfums ?

- Oui, framboise, je confirme. Mais le reste... Il accompagne bien la viande, par contre.

Mickaël sourit. C'était un vrai bonheur pour lui que de faire découvrir ce genre de mariages à Maureen. Même si elle ne connaissait guère les vins, les alcools, elle savait en apprécier les subtilités. Avec un peu de pratique, d'entraînement, elle pourrait affiner son palais. Il n'y avait pas d'âge pour commencer.

- Alors, cela va mieux au restaurant, Mickaël ? demanda son père pendant qu'ils terminaient le plat principal.

- Oui, on s'en sort, répondit le jeune homme.

- Cela se passe bien avec la nouvelle cuisinière ?

- Plutôt bien, oui. Elle s'est intégrée assez bien, elle bosse bien aussi. Callagan n'a pas vendu du vent à Harris, c'est sûr. Pour l'heure, elle fait ce qu'on lui dit, elle n'a pas vraiment pris d'initiatives, c'est logique aussi. Il faut qu'elle se mette "dans le bain". Donc premières impressions plutôt positives. Et puis Sam ne semble pas l'effaroucher, alors ça va...

- Sam est vraiment terrible... soupira Ingrid.

- Et encore, maman, il se retient. Enfin... Il s'est retenu pendant deux jours, mais vendredi et samedi soir, avec la tension qu'on a toujours ces deux jours-là... Laisse tomber. Il a été comme d'habitude.

- Je la plains, dit Maureen en plaisantant.

- Bah, elle s'y fera... fit Mickaël. Et puis, elle doit se dire qu'elle n'est peut-être là que pour quelques semaines, elle peut bien supporter. Autrement, elle n'est pas désagréable. En tout cas, je suis content qu'Harris ait trouvé quelqu'un, sinon, ça aurait été vraiment dur en juillet. Et à partir de la semaine prochaine, on reprend les deux services, mardi et mercredi.

Ingrid hocha la tête. Elle avait bien fait de les inviter plutôt aujourd'hui que la semaine prochaine... Elle se leva pour ramener les plats, Henry débarrassa les assiettes et disposa les petites à dessert.

- J'ai appelé Mummy, cette semaine, au fait, dit Mickaël une fois que ses parents se furent rassis.

- Ah ? dit Ingrid.

- Oui, vendredi. Et c'est bon, elle va venir la semaine prochaine. On ira la chercher, vous la ramènerez ?

- Oui, mais on peut aussi faire les deux trajets, si tu as beaucoup de travail... dit son père.

- Bah, même si on quitte Glasgow en milieu d'après-midi, on arrivera avant la nuit. Et on repart tranquillement le lendemain, c'est faisable, fit remarquer Mickaël.

- Je vous laisserai ma voiture, intervint Ingrid. Elle est plus grande et Mummy a toujours des tas de bagages...

- Elle a surtout toujours des tas de petits paquets ! se moqua Mickaël. Elle ne peut jamais rien mettre dans un seul sac !

- Je suis d'accord avec toi, dit Henry. Enfin, tu nous rediras, si ta semaine est trop dure, on s'en chargera, insista-t-il.

L'eau était prête pour le thé, Ingrid apporta le dessert. C'était un gâteau français, un clafoutis. Maureen découvrit cela avec étonnement : une tarte qui n'en était pas une, une crème aux fruits, mais pas vraiment une crème non plus...

- Maman ! fit Mickaël depuis la cuisine où il s'était rendu pour choisir le thé. Cette semaine, je te refais des provisions ! Tu n'as presque plus de Subtil...

- Tu as autre chose à faire, non ? dit Ingrid. J'irai avec Léony mercredi après-midi. Cela la sortira.

- Tu ferais mieux de l'emmener au parc. Non, j'irai. Moi aussi, de toute façon, il faut que j'en rachète certains. Et puis, il m'en manque un... Je ne sais pas si je le trouverai, mais...

- Il te manque un thé ? s'étonna Henry. Avec toute la collection que tu as déjà ?

Maureen comprit son étonnement, car elle aussi se demandait bien à quoi Mickaël pouvait penser.

- On peut toujours agrandir une collection, répondit-il d'un ton décidé. Il me reste de la place dans le placard !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Pom&pomme ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0