Chapitre 44 : dimanche 22 mai 2005

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Maureen se sentait quelque peu anxieuse à l'idée de faire la connaissance des parents de Mickaël. Seulement ses parents pour commencer, lui avait-il proposé. Sa sœur, cela pourrait se faire un peu plus tard. Elle s'était activée une partie de la matinée et, contrairement au dimanche précédent, elle avait plutôt bien vendu. Le ciel était gris, brumeux le matin, et l'après-midi s'annonçait pluvieux et sans vent. "Pas sûr qu'on voie le soleil aujourd'hui", songea-t-elle en fermant la boutique.

Elle repassa chez elle rapidement, puis se rendit chez Mickaël. Il l'attendait pour déjeuner. Un de ces repas rapides et un peu bizarres du dimanche midi, quand elle déjeunait et lui prenait son petit déjeuner. Il était debout quand elle arriva, pas très frais, pas encore douché. Il était rentré seulement à deux heures du matin et la semaine avait été assez active pour lui. C'était souvent ainsi, lui avait-il confié, après la semaine de relâche.

Il avait préparé Tonique, qui changeait de Corsé, car il contenait des agrumes séchés. Mais la base en était la même. C'était ce qu'il lui fallait pour démarrer la journée et se réveiller. Elle mit la table pendant qu'il terminait de préparer leur repas.

- Il est vraiment bon, celui-là, dit Maureen en buvant son thé. Je l'aime beaucoup. Je pense que c'est un de mes préférés. J'aime le goût léger des agrumes.

- Je l'aime bien aussi, dit Mickaël. C'est le même que Corsé, je t'avais dit ? Sauf qu'il y a des agrumes en plus.

Il dévorait ses œufs et son bacon.

- C'était dur hier soir ? lui demanda Maureen alors que le regard de Mickaël restait perdu dans le vague.

- Hum, oui, répondit-il. Mais ce sera pire vendredi prochain. L'un des élus du Parlement vient dîner, avec des contributeurs de son parti. Ca va être une grosse soirée pour nous. Faudra pas se rater. Et samedi soir, on a deux repas de famille...

- On fera un dimanche cocooning, si tu veux, proposa-t-elle.

- Ouais, je crois que j'en aurai besoin pour récupérer. On prévoit rien.

- D'accord.

- Bon, je vais aller me doucher, dit-il en s'étirant. Et me raser. Je ne veux pas faire honte à ma mère de la recevoir et de te présenter en étant encore en petite tenue !

- J'aime bien quand tu es en petite tenue, pas rasé, fit Maureen d'un ton coquin.

- Ah oui ?

Ils échangèrent un sourire complice. Elle s'approcha de lui et il l'enlaça. Elle caressa doucement ses joues, sur lesquelles en effet commençait à apparaître une légère repousse des poils de sa barbe. Puis sa main descendit derrière sa nuque, lui faisant fermer les yeux. Le glissement de son ongle à cet endroit précis fit plonger le visage de Mickaël contre la poitrine de Maureen et il soupira :

- Femme, tu es terrible...

- Pas plus que toi, parfois... répondit-elle.

- C'est bien ce que je dis : tu utilises les mêmes arguments que moi ! Hum, ce que tu sens bon...

Et il porta la main vers l'échancrure de son corsage, pour en respirer les parfums qui en exhalaient. Il en profita pour frôler de ses lèvres la dentelle de son soutien-gorge. Elle lui répondit par un soupir, puis reprit son visage entre ses mains, l'écarta de ce trésor qu'il commençait à parcourir, pour l'embrasser profondément. Il referma alors ses bras autour de sa taille.

- Je parie que tu finis nue avant moi, souffla-t-il d'un ton malicieux.

- Et moi, je parie que ce sera toi le premier, répondit-elle en estimant à juste titre avoir de grandes chances de gagner puisqu'il ne portait qu'un caleçon et qu'elle était habillée.

- C'est ce qu'on va voir ! lança-t-il en se levant et en l'entraînant jusqu'à la chambre.

**

Mickaël allongea Maureen sur le lit, se coucha sur elle et alors qu'elle se tortillait pour tenter d'atteindre son caleçon, il défit rapidement les derniers boutons de son chemisier, le lui ôta prestement, puis, sans attendre, il poursuivit avec les boutons de son pantalon de toile.

- Tu triches ! protesta-t-elle. Tu ne me laisses pas te toucher !

- Plains-toi, j'aurais pu t'attacher les mains ! répondit-il en riant. Mais ce n'est pas mon truc...

- Tu es trop bon... lui lança-t-elle, malicieuse.

Elle tenta alors de le distraire, en caressant son torse, en insistant sur ses zones sensibles, puis l'air de rien, en laissant une de ses mains descendre vers sa taille. Mais Mickaël se glissa le long de ses jambes pour lui ôter son pantalon. Il en profita pour lui retirer les petites socquettes blanches qu'elle portait. Ils étaient désormais presque à égalité et il afficha un air triomphant, en faisant remonter ses mains le long des cuisses de la jeune femme pour lui enlever son petit slip. Il tira un peu dessus et elle fronça les sourcils.

- Dis, fais attention, tu as failli le faire craquer ! Enlever vite mes vêtements pour gagner un pari stupide, ça ne veut pas dire les déchirer...

- J'ai fait attention... sourit Mickaël. En attendant, j'ai été plus rapide que toi. Et puis... Si je l'avais vraiment déchiré, ça m'aurait donné un bon prétexte pour t'en offrir un nouveau... ajouta-t-il d'un ton très tentateur.

Elle le regarda, amusée, soupira tout en se demandant bien comment elle allait pouvoir reprendre l'avantage :

- Il me reste mon soutien-gorge, dit-elle un peu provocante. Tu n'as pas encore gagné...

- C'est ce qu'on va voir...

Et Mickaël s'étendit à nouveau sur elle, bloqua ses poignets d'une seule main, l'embrassa longuement et passionnément. La proximité de son corps, sa chaleur, la façon dont il l'embrassait, commencèrent à agir sur Maureen. Elle se demanda si elle n'allait pas abandonner, s'abandonner. Elle sentait bien l'autre main du jeune homme qui cherchait à se glisser dans son dos, sans parvenir encore à atteindre l'attache de son sous-vêtement. Elle rompit leur baiser et dit, d'une voix un peu essoufflée :

- Je crois qu'il va falloir déclarer égalité...

- Ttt... Je ne m'avoue pas vaincu, répliqua-t-il.

- Alors, moi non plus, dit-elle d'un ton plus décidé.

Si Mickaël lui tenait les mains, elle avait encore une de ses jambes libre et elle entreprit de la faire remonter le long de la jambe du jeune homme, tout en bougeant légèrement des hanches, pour attiser son désir. Lui s'efforçait toujours de passer sa main derrière son dos, mais n'y parvenant pas, il tenta alors une dernière ruse et la fit basculer sur lui pour enfin dégager son dos et pouvoir accéder à l'attache tant convoitée. Mais Maureen avait deviné la manœuvre et, les mains désormais libres, alors qu'il l'entraînait, elle fit descendre rapidement le caleçon sur ses cuisses. Elle ne parvint pas à le lui ôter totalement, mais le cri de surprise de Mickaël lui fit comprendre qu'elle n'était pas loin d'avoir réussi.

Il se laissa aller sur le dos, soupira, résigné :

- Tu m'as eu...

Maureen le regardait, sans aucun triomphalisme. Elle était maintenant agenouillée sur lui et le fit venir en elle. Immobile, souriante, elle souffla, un peu coquine :

- Egalité.

En passant finalement ses mains derrière son dos et en dégrafant elle-même son soutien-gorge.

**

Du jeu de l'amour et du jeu tout court, Maureen reposait maintenant, les yeux fermés, sur lui. D'une main légère, comme affaiblie, elle lui caressait la base du cou. Mickaël ne bougeait pas, il savourait. Il luttait aussi contre l'envie de s'assoupir, se disant que, raisonnablement, il fallait qu'il passe sous la douche. Et elle aussi. Mais pas question d'y aller ensemble, sinon, ça allait mal tourner... Et il avait encore le dessert à préparer pour le thé.

- Faut qu'on se bouge, ma douce... dit-il en déposant un léger baiser sur son front.

- Hum... Oui, tu as raison, répondit-elle à regrets. On fait un pari pour savoir lequel d'entre nous sera le premier dans la salle de bain ?

- Oh, non ! rit-il. Vas-y d'abord. Prends ta douche pendant que je me rase... Puis, il faudra ranger la cuisine et j'ai un crumble à préparer.

- Bon, alors, j'y vais ! Mais laisse-moi faire le rangement... conclut-elle.

**

Les parents de Mickaël arrivèrent vers 16h. Mickaël surveillait la cuisson du crumble pendant que Maureen préparait la table, dans le salon.

Très vite, la simplicité des parents de Mickaël mit Maureen à l'aise. La discussion commença par tourner autour de leur petit séjour à Fort William, Mickaël leur donna aussi des nouvelles de Jenn et de sa famille.

- Je pense que Mummy acceptera de venir cet été pour quelques jours à Glasgow, dit-il. Il faut que j'arrive à combiner quelque chose avec Véra.

- Si vous y parvenez, on ne pourra que vous féliciter, ajouta sa mère. Mummy trouve toujours des bons arguments pour ne pas quitter ses montagnes !

- Je peux la comprendre, car c'est très beau, dit Maureen. Je m'attendais à être surprise, mais c'était au-delà de mon imagination. Et nous avons eu de la chance aussi, avec le soleil...

- Il faut voir certains endroits dans la brume, intervint Henry, ou à l'automne également, avec les couleurs de cette saison, les premières neiges sur les sommets...

Maureen hocha la tête, elle imaginait bien.

- Tu travailles, Maureen ? demanda Ingrid en acceptant une deuxième tasse de thé que lui proposait Mickaël.

- Oui, répondit-elle. Je tiens une petite boutique de fleurs, pas loin. C'est mon premier commerce, je n'ai ouvert qu'au début de l'automne, et pour l'instant, je m'en sors. Les deux premières années sont les plus difficiles, souvent. Je remarque que je commence à me faire une clientèle. Et comme il y a plusieurs autres commerces autour, cela attire aussi les gens. Il y a quelques personnes qui me prennent des bouquets toutes les semaines. D'autres qui passent plus irrégulièrement...

- C'est bien, car le commerce, ce n'est pas facile, renchérit Henry.

- Maureen a des idées, elle fait des petites choses originales, et ça plaît. Ca permet de faire des petits cadeaux qui changent des fleurs, ajouta Mickaël. Et puis, les fleurs, ça peut servir aussi en cuisine...

Son père leva un sourcil étonné. Mickaël expliqua comment il utilisait quelques pétales pour apporter la touche finale à ses desserts.

- Tu as toujours eu des idées... dit Ingrid. Il va vraiment falloir qu'on retourne un soir chez Harris... ajouta-t-elle en regardant son mari avec insistance.

- Je suppose que tu as déjà dîné là-bas, Maureen ? demanda ce dernier.

- Non, en fait, pas encore ! sourit-elle. Mais j'ai déjà goûté à beaucoup de bonnes choses !

- Manquerait plus que tu manges mal avec moi, bougonna Mickaël avec malice.

Il retourna en cuisine pour refaire du thé et fit remarquer :

- Il ne pleut presque plus... Vous voulez faire un petit tour ? On peut descendre jusqu'aux quais et remonter.

- Bonne idée. Cela fait toujours du bien de se promener un peu, dit Ingrid.

- Cela nous fera digérer ton crumble, dit Henry avec un petit sourire.

- Il était si lourd que ça ? demanda le jeune homme.

- Ta sœur dirait un vrai pavé de granit...

- Véra n'apprécie pas la nourriture, soupira Mickaël. Des fois, je me demande si elle n'a pas récupéré des gènes anglais...

- Allez, au lieu de te moquer de ta sœur, profitons donc de cette éclaircie !

Ils sortirent durant une bonne demi-heure environ, se rendant comme l'avait proposé Mickaël jusque sur les quais de la Clyde. Les grands boulevards qui la longeaient étaient moins fréquentés par les voitures en cette fin de dimanche et il n'était pas désagréable de s'y promener. La pluie était moins drue, elle s'était transformée en crachin et noyait la ville dans une brume grise. Et l'air était doux, signe que l'on approchait aussi de l'été.

Un instant, Ingrid sourit en elle-même en voyant son fils passer son bras autour de l'épaule de Maureen et lui désigner, en tendant l'autre main, un ballet d'oiseaux sur la rivière. Le petit sourire de la jeune femme, le bref regard qu'elle échangea avec Mickaël, suffirent à rassurer Ingrid quant aux sentiments qui les liaient.

Les parents de Mickaël acceptèrent l'invitation de rester pour dîner, une simple soupe, légumes et petits morceaux de poisson. Simple et suffisamment copieuse pour remplir l'estomac. Mais le père de Mickaël ne rechigna pas pour une dernière part de crumble. Maureen comprit que sous ses airs discrets, le papa était amateur de ce que faisait son fils. "Il est fier de lui", songea-t-elle. "Il y a de quoi... Je n'ai pas les moyens de comparer avec d'autres cuisiniers, mais je commence à croire qu'il est un des meilleurs sur Glasgow et qu'Harris ne le laisserait partir pour rien au monde !"

**

- Alors, à ton avis ? demanda Ingrid alors qu'ils avaient roulé en silence un petit moment.

- Et toi ? demanda son mari avec ce calme dont il se départait rarement.

- Elle est toute simple, répondit-elle. Pas de chichis. Elle ne me paraît pas superficielle non plus...

- Elle a de très jolis yeux, fit remarquer Henry. A mon avis, c'est cela qui a séduit ton fils d'emblée.

- C'est possible, mais je ne crois pas qu'il n'y ait que cela qui lui plaise chez cette jeune femme. Quelque chose m'intrigue quand même. Elle a de la retenue. Bon, c'est vrai que c'est la première fois qu'elle nous voit aussi, elle était peut-être un peu intimidée.

- Moi, ce qui m'intrigue, renchérit son mari, c'est ce que Mickaël m'en avait dit simplement au téléphone. C'est étrange de ne pas pouvoir lui parler du pays d'où elle vient. Ce n'est quand même pas le bout du monde !

- Mickaël avait dit qu'il nous en parlerait plus tard, non ?

- Oui. Je pense qu'il voulait qu'on se fasse une opinion, simplement. Mais je me demande bien ce que cela cache...

- Il a dit qu'il viendrait déjeuner mercredi midi, comme il n'est pas de criée. Je pense qu'on en saura plus à cette occasion... Tu pourras rentrer aussi, n'est-ce pas ?

- Normalement, oui. On fera vite, mais, de toute façon, lui aussi devra se rendre au travail...

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