Chapitre 33 : Boîtes aux lettres.

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- AAAAAAAAAAAH !!


Le hurlement strident fit écho dans la grande salle, faisant sursauter l'ensemble des élèves qui travaillait sur les préparations du bal. Chuck se dirigea en hâte dans la réserve et jeta des gros yeux à ses amis avant de s'y engouffrer. Il gloussa à la vue de Marry, en colère, face à l’étendue de roses blanches qui remplissait le hanga. Le rouge des fleurs manquantes lui monta aux joues :


- N'avais-je pas demandés deux sortes de fleurs ? Où sont mes roses rouges ?!

- Il doit y avoir une erreur, s’en alla le jeune livreur, regardez, ici il est noté que…

- Je me contrefous de ce qu’il est noté ! Je vous dis que ce n’est pas ce que j’ai commandé ! Est-ce que vous vous rendez-compte que c’est avec le budget de… Chuck ! cria-t-elle quand elle aperçut son ex admirer la scène. Je peux savoir ce qui te fait rire ?

- Excuse-moi, qu’est-ce que je peux faire pour t’aider ? reprit-il son sérieux de suite.

- Je peux savoir qui était censé s’occuper de la commande ?

- Moi, apparut alors Pris de derrière son bien aimé.

- Oh tiens, pourquoi est-ce que ça ne m’étonne pas ? Chuck, tu veux m’aider ? Arrange les coups bas et les saloperies de cette bonne à rien !

- Quand on veut faire les choses bien, on les fait par soi-même, au lieu de l’ordonner aux autres, lui renvoya-t-elle.

- Alors que quelqu’un me rappelle de t’éradiquer par moi-même !!


Dans une série de gestes énervés, Marry décampa du hangar pour laisser le couple s’expliquer. Chuck sembla fortement déçu du comportement de sa partenaire, débutant une leçon de morale qui n’affectait pas la jeune marquise. Il abandonna ensuite son monologue pour appeler le fournisseur.

Le bal de fin d’année arrivait à grand pas et les préparations avait débuté bien avant les examens. Ceux-ci passés, il ne restait plus qu’un week-end aux terminales pour s’assurer que la fête soit une réussite.

Bien que Chuck présidât l’événement, la reine de l’organisation avait pris les rennes et se flagella d’insultes pour avoir bien voulu donner un rôle à Pris Dechâteau. Alors que la peste trouvait toujours de quoi lui mettre des bâtons dans les roues, elle avait fait une concession pour Chuck. Il lui avait attribué la tâche par dépit, car peu de poste restait à combler. En effet, le bal s'organisait par l'entierté des Richess, dans l’espoir de partager de derniers souvenirs ensemble. La réunion des sept familles et de leur nouveaux partenaires avait fait beaucoup de bruit au sein de l’école. Mais une trêve avait été signée, le temps d’élaborer “le bal le plus grandiose de tous les temps”.

Du moins, c’est ce que Marry souhaitait et elle ne laisserait pas cette vipère gâcher ses plans. Elle rejoignit la salle de préparation, grommelant des insultes entre ses dents. Katerina qui peignait le fond qui servirait aux photos se délecta de cette vue. La rencontre des deux attira l’attention de Dossan qui triait avec Louis et Alicia, les clichés de l’année qu’ils y accrocheraient.


- Je vais la tuer ! J’ai besoin de ses fleurs, sans les roses rouges comment est-ce qu’on peut prétendre être dans le thème de la passion ?!

- Oh le drame, s’en alla Katerina qui déposa une main sur sa taille apparente.


La belle brune se pavanait depuis la matinée dans un vieux jean et un simple top noir qui laissait voir son ventre. Marry la dévisagea, agacée de son insolence, puis s’arrêta sur sa tenue.


- Je te pardonne, mais c’est bien parce que t’es sexy, fit-elle en lui donnant un coup de hanche. Et si tu prenais une pause dans la peinture ? Je crois qu’ils ont besoin d’aide là-bas, souleva-t-elle en montrant du doigt l’équipe la plus inattendue du monde.

En effet, on y trouva Michael, Eglantine et son Islandais, sans compter Alice Meverald, fabriquant des guirlandes de fleurs. Cette dernière, enceinte jusqu’au cou, semblait se perdre dans d’atroces bouffées de chaleurs et s’arrêta pour s’octroyer le droit de respirer.


- Louis, tu prends ma place ? lui demanda Katerina en lui donnant son pinceau presque de force.

- Tant que le travail se fait ! s’exclama Marry.

- Et toi qu’est-ce que tu fais au juste ? plaisanta Dossan en faisant un clin d’œil à Alicia.

- Je vous supervise, bandes d’incapables !


Katerina s’éloigna de la dispute pour se rendre jusqu’au “stand de confection”, prenant une bouteille d’eau fraiche sur son passage, pour la déposer devant Alice. la jolie blonde s’étonna, puis la remercia d’un grand sourire. Eglantine s’illumina en voyant sa copine s’installer à la table et sauta à ses côtés pour lui montrer comment associés les fleurs. Elle pouffa en voyant son amie galérer à la tâche, la peinture et les déchargements s’avérait plus simple pour cette dernière. De son côté, Alice semblait souffrir, s’attribuant quelques gorgées de l’eau qu’elle lui avait apporté. Katerina se sentit obligé de dire quelque chose :


- La grossesse est compliquée ? demanda-t-elle en arrangeant ses bouquets.

- Plutôt oui, bredouilla-t-elle, surprise. Heureusement que les grandes vacances arrivent, je n’aurais pas eu à prendre de pause scolaire.

- Et est-ce qu'on peut savoir le sexe du bébé ? Elliot ne m'a encore rien dit ! s'outra Michael.

- Aaaah, c’est un secret ! Je plaisante, nous nous gardons la surprise, ajouta-t-elle dans un petit rire.

- Je parie sur une fille, dit une fille à proximité.

- Mais non, ce sera un garçon ! Tu as vu son ventre ?

- Et Elliot ? Il n’a toujours pas fini avec les branchages à l’extérieur ? demanda alors Eglantine pendant que le débat prenait de l'ampleur.

- Le voilà, sourit Michael.


Le grand roux débarqua dans la salle, le t-shirt collant de sueur. Il vint déposer ses mains sur les épaules d’Alice et lui fit un joli sourire. Son regard se porta alors sur Katherina qu’il ne put s’empêcher de dévisager, des flammes dans les yeux. Il savait qu’elle n’était pas indifférente à la transpiration qui le rendait si sexy. Celle-ci baissa les yeux et fut soudainement très rapide dans sa confection. Lui, s’installa auprès de son meilleur pote qui n’hésita pas à le charrier.


- Alors comme ça on fait des secrets ?

- Jamais pour toi, mon bébé, dit-il en passant son bras autour de Michael.

- Du coup tu peux me dire si c’est une fille ou un garçon ?

- Ah ça ! Je ne peux pas te le dire si je ne le sais pas moi-même ! Et toi alors ? Vous en êtes-ou ? demanda-t-il sans réserve.

- Eh bien, commença-t-il timidement, la gestation de notre mère porteuse s’est avéré positive. Nous l’avons appris il y a quelques jours, ajouta-t-il à la surprise collective.

- Mec ! Alors ça y est ? On va avoir un bébé Challen ! s’exclama-t-il en l’attrapant dans ses bras.


L’intégralité des élèves présent applaudirent la nouvelle, Alicia et Louis courant pour le féliciter à leur tour. Dossan recouvert de peinture après une bagarre fit de même. Un poids lourd s’enlevait des épaules de Michael qui partagea un regard très doux avec Eglantine. Elle lui souriait, sincèrement heureuse que son âme sœur puisse enfin connaitre les joies d’avoir un enfant. La douleur serait toujours présente, mais elle lui souhaitait de s’épanouir en tant que père. Son compagnon lui glissa un bisou sur la joue pour récupérer son attention, puis la laissa partager ce moment entre amis. Le joli blond fit un signe de tête à Chuck qui revenait d’un appel fastidieux. Il s’arrêta devant Blear et John-Eric qui nous faisait aussi grâce de leur présence. Marry les lui arracha, attendant avec impatience les nouvelles de l’orchestre.

 

- Tout est en ordre et je vais te donner leur contact, la rassura Blear.

- Super ! Enfin quelque chose de boucler ! Tu ne devineras jamais ce que cette garce à encore manigancer…


Les deux amies firent leur chemin jusqu’à la table bras dessus dessous, laissant John-Eric se satisfaire de la vue des filles. Il s’assit avec le restant du monde, analysant d’un regard amusé le petit gratin qui s’offrait devant lui : Blear, Marry et Chuck échangeaient sérieusement à propos du restant des préparations, pendant que Louis, Alicia et Dossan s’attaquaient joyeusement à la confection de guirlande. D’un autre côté, nous avions Elliot et Michael qui plaisantaient avec Eglantine, Katerina et Alice. Ils attiraient l’attention des autres étudiants que l’organisatrice chassait par des ordres. Quand tout le monde fut assis autour de la table, jouant de leur petits doigts pour assembler les fleurs, il sembla que la paix planait.

De très bonne humeur, Dossan se mit à fredonner la chanson en fond. Les filles le regardèrent toutes, craquant, avec ses cheveux fraîchement coupés.


- Tu as enfin recouvert la vue, l’embêta Chuck.

- Marry m’a dit que je ne serais pas élégant au bal avec mon ancienne longueur, imita-t-il la blonde en se dandinant sur sa chaise.

- Et elle a raison, ça te va dix fois mieux comme ça ! s’exclama Alicia.

- Tu parles, il aurait pu couper encore un peu plus, fit Katerina.

- Jamais ! Pas à un sex symbol ! s’écria Elliot.

- Et ça n'a rien avoir avec ta cavalière ? émit Louis qui attira l'attention sur lui et notament celle de Blear.

- Je n’en ai pas, dit-il simplement.

- Non ?! Même pas une petite fan ? s'étrangla presque Marry.

- Tu sais ce qu’on dit, vaut mieux être seul que mal accompagner, répondit-il.

- Mais tu ne peux pas y aller seul,s'indigna la blonde, il te faut une partenaire...

- On ne peut pas tout avoir dans la vie, rétorqua-t-il sur un ton léger avant de déposer ses yeux sur Blear pendant que John-Eric relevait la tête.


Un silence parsemé de petits rires gagna la table, tandis que Blear devenait aussi rouge que le vernis de Marry. Entre fierté et malaise, le groupe ne savait quelle émotion exprimer. Au petit sourire que John lui rendit, l’atmosphère se détendit, comprenant que la remarque avait été digérée.

Ils reprirent leurs activités de suite, comme si rien ne s’était passé, se jetant des regards les uns et les autres. Ils avaient l’impression de revenir à l’époque où tout allait encore bien pour eux, à peu de choses prêt. Très vite, les deux nouveaux partenaires ne se sentirent plus à leur place. Alice feigna de devoir prendre l'air et agrippa l'épaule de John-Eric au passage.


- Est-ce que ça t’embêterait de m’accompagner ?

- Pas le moins du monde, répondit-il en l’aidant à se lever.

- Hey, gentleman ! Veille sur ma femme, compris ? lui lâcha le roux avant qu’ils ne les laissent seuls.

- Cela faisait longtemps, soupira presque tout de suite Louis en s’accoudant à la table.

- Un sacré bail, ouais, acquiesça Elliot.

- Depuis la promesse, répondit doucement Eglantine qui leva tristement les yeux vers Dossan.

- Et dire qu’il pensait se débarrasser de nous, ricana Chuck en attrapant le cou de son ami.

- D’accord, ça va ! C’est vrai que je ne me suis jamais excusé pour ça, mais, hésita-t-il, je retire tout ce que j’ai dit, ça vous va ? fit-il en essayant de ne pas apparaitre gêné.


Je les laissais se moquer encore un peu de lui, pour qu’il prenne conscience de ses erreurs. Je voulais aussi qu’ils profitent un maximum de cet instant, réunis et de bonne humeur. Plus les minutes passaient, plus le temps de réellement se dire au revoir viendrait. Après le bal, tout serait fini.

En tant que psy, je n’avais pas vraiment place parmi ces jeunes, mais je suivais la plupart d’entre eux. Tous, m’avait offert le cadeau de me réclamer comme chaperonne du bal. Parmi tous les professeurs, et alors que je n’en étais pas une, il m’avait choisi, moi. Emplie de fierté, j’attendis le bon moment pour m’inviter à leur table. Je vis alors dans leurs petits yeux une crainte que je vienne les bousculer. En effet, je souhaitais profiter de ce moment pour leur donner une nouvelle mission :


- Très bientôt, dans à peine deux trois jours, vous prendrez tous votre envol. Certains seront plus perdus que d’autres, au début, mais je suis certaine que vous excellerez dans le futur qui vous attend, quel qu’il soit. Cela fait déjà un moment que je ne suis plus certains d’entre vous, dis-je en m’attardant sur Eglantine qui me rendit un magnifique sourire, et pour d’autres, la coupure n’a été que récente. Voilà que pour ceux que je suis encore, fis-je en essayant de ne pas regarder les concernés, ça se termine. En ce qui concerne votre groupe, je dois dire que ça été difficile de vous gérer, souris-je en les voyant partager des rires. Mais ça été un grand plaisir de vous écouter. Je tiens à dire que j’ai appris beaucoup de vous et je vous en remercie. Jamais je n’avais rencontré de personnes aussi touchantes et passionnés que vous, les Richess, Alicia, Louis et Dossan. Vous m’avez donné de l’amour à travers vos histoires. Je les ai vécus intensément et je ne le regrette pas ! Et puisque nous nous quittons bientôt et que vous êtes tous réunis aujourd’hui, tel un miracle, ris-je, j’aimerais vous donner un dernier exercice avant de partir.


Ils me regardèrent tous avec curiosité, émotion, joie et à ce moment-là, je sentis que mon travail avait payé, même s’il en restait des dessous. Je déposais une boite aux lettres en carton au milieu de la table, un paquet de papier à lettres et une boîte à crayons. Tous, m’envoyèrent des signaux de réticence desquels je m’amusais.


- Ce que je vais vous demander aujourd’hui, c’est d’écrire une lettre à chacun d’entre vous. Pour que vous compreniez bien, voici l’exemple : Chuck ne va pas simplement écrire une lettre à Dossan, mais aux neufs autres d’entre vous. Vous pouvez y rédiger ce que vous voulez et dans un premier temps, elles resteront dans cette boîte que je conserverais. Si vous souhaitez réellement que vos lettres parviennent aux concernés, alors je vous conseille d’en faire une copie et les donner par vous même. Cette boite représente tout ce que vous n’avez pas encore pu dire à vos amis, c’est une manière de vous libérer de ce qui vous tracasse vis-à-vis des uns ou des autres ou de tout simplement déclarer votre amour ou votre amitié ! Elles ne seront pas lues, ni par moi, ni par vous, sauf si comme je vous l’ai dit, vous souhaiter les faire lire. Est-ce que c’est compris les petits chous ? leur demandai-je en me satisfaisant des expressions qu’ils m’offraient. Si c’est le cas, je laisse la boîte à disposition sur cette table et il sera encore temps d’y déposer vos lettres demain.


En cet instant, ils semblèrent tous me détester de la colle que je leur imposais, mais ils s’y attaquèrent tous immédiatement.

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