Chapitre 13 : Le sacrifié.

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(PS : Katerina en couverture, ça fera pas de mal quand même :3)

L’intuition de Katerina se voulut être réelle. Comme elle l’avait prédit, elle accoucha une semaine à l’avance de la date prévue. Alors que son fils devait arriver pour le quinze décembre, la nuit du neuf pendant que les premières neiges tombaient du ciel, elle se réveilla prise de contractions. “Il arrive”, traversa son esprit et la frayeur l’empêcha dans un premier temps de faire quoi que ce soit. Mais dès la contraction suivante, elle poussa un grognement et se leva, courbée en deux, pour rejoindre le couloir. Elle cria après la domestique qui accourut en robe de chambre, paniquée.

- Dépêchez-vous d’appeler une ambulance, rugit-elle entre deux plaintes.

La gouvernante s’empressa de sauter les marches de l'escalier pour exécuter son ordre à l'aide du téléphone fixe dans la cuisine. Ses parents se réveillèrent à leur tour et sa mère fonça sur sa fille, l’aidant à enfiler un manteau et ses chaussures pendant que le père envoyer valser des affaires dans une valise. Le temps semblait à la fois si long et rapide à la fois pour Katerina. L’ambulance tardait, mais le bébé lui n’attendrait pas. Il s’agissait là de peurs infondées pour une jeune maman qui allait vivre son premier accouchement.

***

Dix heures de travail, une journée fatigante de visite familiale et un apprentissage pour les deux parents plus tard, Katerina eut enfin un moment de répit. Elle donnait le sein à son fils, soutenu par Armin qui s’émerveillait devant le petit bonhomme à la peau hâlée. Une caresse dans la frange de sa future femme, un bisou sur la joue de celle-ci et l’émotion le prenait encore. Des coups à la porte les sortirent de cette paix dont ils profitaient. Armin ouvrit la porte sur la défensive et fut soulagé lorsqu’il vit Alicia s’engouffrer dans la chambre, un énorme bouquet à la main. Une personne dont on ne voyait que les yeux bleus l’accompagnaient, recouverte d’un gros bonnet de laine et d’une écharpe qui couvrait la moitié de son visage.

- Ça a été compliqué, soupira Alicia. Armin, tu pourrais divertir la domestique ? Parce qu’elle est vachement au taquet ! Heureusement qu’elle a eut la bonne idée de se couvrir autant, ajouta-t-elle en montrant Eglantine du pouce qui retirait ses couches de vêtements.

- Je vous laisse entre filles, dit celui-ci ravi d’aller mettre des bâtons dans les roues de la jeune gouvernante.

- Ne range pas ton sein, on est entre nous, rit Eglantine en sueurs qui s’approcha doucement du lit.

- Vous êtes sûr que ça ne vous dérange pas ? s’inquiéta-t-elle en recouvrant légèrement sa poitrine.

- Il faut bien qu’il mange le petit ! Alors c’est lui ? Il est tout bronzé ! s’exclama Alicia en se penchant au chevet de Katerina.

- Il a hérité ça de son père, répondit-elle d’un doux sourire.

- Et comment le vis-tu ? s’inquiéta Eglantine.

- Vous aviez raison, basané ou non, ça n’a pas grande importance, dit-elle, émue. Selim Hodaïbi, qu’il ressemble à son père ou à sa mère, je l'aime tellement que je donnerais ma vie pour lui.

- Mais bien sûr que tu l’aimes, l’étreignit Eglantine.

- Où est Marry ? s’étonna-t-elle soudainement.

- Oh, c’est vrai, tu ne sais pas, lâcha Alicia tristement. Elle a eu un accident ce weekend, une glissade à cause du verglas et… elle est hospitalisée ici aussi, nous venons de lui rendre visite. Elle dit qu’elle passera une fois qu’elle ira mieux.

- Est-ce que tout va bien ? Pour elle et pour le bébé ? trembla-t-elle en serrant un peu plus Selim.

- Oui oui, ils ont fait les examens nécessaires. Elle a eu un décollement du placenta mais tout va bien maintenant, expliqua Eglantine.

- Je crois que c’est moi qui irais la voir tout à l’heure, et Blear ? demanda-t-elle en connaissant déjà la réponse.

- Elle n’a pas su se libérer, répondit tristement Alicia.

- Je m’en doutais un petit peu, ce n’est pas grave, répondit-elle sincèrement.

- Alors tu veux nous raconter comment ça s’est passé pendant que nous sommes là ? lui demanda Eglantine.

Katerina débuta un long récit sur les derniers jours qu’elle venait de vivre, des premières contractions à la vision de Selim dans ses bras. Elle avait ressenti tant de peurs et de joies, mais le sentiment qui restait le plus fort, fut celui de l’amour en regardant son fils pour la première fois. La vie prenait tout son sens.


En soirée, alors que les filles avaient quittés les lieux depuis des heures et qu’elle n’attendait pas ses parents, elle fut surprise d’entendre à nouveau des coups à sa porte. Une infirmière apparut avec une tête corrompue, suivit de Chuck qui semblait parfaitement à l’aise. Elle devinait très bien qu’il lui avait retourné la tête pour entrer alors que les heures de visites avaient pris leurs termes quelques heures plus tôt. Il tenait une cage tout droit sorti d’un refuge et dont des miaulements s'échappaient en crescendo. Elle attendit que la jeune femme soit sortie pour le blâmer.

- Qu’est-ce que tu as encore fait comme folie ? demanda-t-elle sur la défensive en voyant la boite tanguer dans tous les sens.

- Il est agité, je suis sûr qu’il va te rappeler quelqu’un, fit-il en déposant la cage sur le grand rebord de la fenêtre. Et vooilà la bête, ricana-t-il en sortant un minuscule petit chat roux qui semblait soulager de se retrouver à bras.

Chuck s’avança pour le tendre à Katerina qui le saisit à la manière dont elle avait prise son fils pour la première fois : avec un peu d’appréhension, mais aussi avec beaucoup d’amour. Le petit chat se lova directement sur son ventre et ne s’arrêta plus de ronronner à ses caresses.

- Tu ne penses pas que j’avais déjà assez avec un bébé ? Il a fallu que tu me prennes un chat ! Merci, Chuck, tu es vraiment le meilleur ami qu’on puisse avoir, enchaîna-t-elle en lui rendant un grand sourire tout en cajolant la boule de poils.

- Il ne l’avouera pas, mais c’est Dossan qui a eut l’idée de ce cadeau original. Quand on a vu le roux, on s’est dits, tu vois, qu’il était parfait, sourit-il en jouant de ses sourcils. Et puis vu l’avenir qui attend le petit Selim, dit-il en se penchant sur le berceau où celui-ci dormait à point fermé, il aura bien besoin d’un compagnon.

- C’est le cadeau parfait, merci à vous deux. Je suppose que Dossan ne se montrera pas ? Un chat, ça ne m’étonne pas de lui, c’est le plus imaginatif et le plus attentionné d’entre nous. C’est dommage qu’il prenne autant de distance. Blear n’ont plus n’est pas venue, ajouta-t-elle dans un soupir.

- Ils s’en remettront, j’en suis persuadé. Il leur faut simplement du temps pour saisir à nouveau ce genre de petit de moment de bonheur.

- Et je suppose aussi que tu n’es pas venue uniquement pour me voir, déduit-elle après ce que les filles lui avaient raconté.

- C’est vrai que j’ai appris aujourd’hui pour l’accident de Marry, mais j’ai toujours prévu de venir te voir et ton adorable bout de chou aussi, fit-il en prenant un air niais au-dessus du berceau.

- Je n’en doute pas, alors ne traîne pas. Il se fait déjà tard, répondit-elle en lui faisant signe de partir.

Il la félicita une dernière fois, se plaisant à la voir caresser le tout petit chat, tandis qu’elle gardait un œil sur son fils dans le berceau à côté de son lit. Il s’éclipsa de la chambre comme un voleur pour rejoindre de la même manière celle de Marry. L’infirmière qu’il avait acheté d’un gros billet le regarda d’un mauvais œil. Il entra pratiquement tout de suite après avoir frappé, surprenant Marry en train de s’empiffrer en cachette d’un donut à la fraise.

- Et après tu t’étonnes que tu es énorme, éclata-t-il de rire.

- Kesque tu fé ici ? peina-t-elle à dire la bouche pleine, les yeux ronds.

- Je suis venue voir Katerina, je n’ai donc pas pu m’empêcher de venir te voir aussi, avoua-t-il.

- Tu n’aurais pas dû, soupira-t-elle en frottant les mies aux coins de ses lèvres. Même si ça me fait plaisir, ajouta-t-elle d’un franc sourire.

- Comment vas-tu ? lui demanda-t-il alors en s’asseyant sur le rebord du lit.

- Quelle question, souffla-t-elle. J’ai failli perdre mon fils ce week-end, je n’ai jamais eu aussi peur. Ce n’est pas censé te faire rire, s’agaça-t-elle en le voyant glousser.

- Excuse-moi, c’est juste que j’apprécie le fait que tu sois beaucoup plus honnête qu’avant.

- C’est la grossesse qui fait ça, ronchonna-t-elle.

- Et ça te va merveilleusement bien, dit-il en déposant sa main sur son gros ventre. Qui aurait cru qu’on en serait arrivé là ?

- Bats-les pattes, je ne veux pas que mon fils soit maudit, fit-elle en chassant sa main qu’il prit dans la sienne.

- Même maudit, je suis certain qu’il se débrouillera très bien dans la vie…

- À qui le dis-tu, Alex Stein, ça claque non ? Mon fils te surpassera peut-être, qui sait ? Je crois même que j’en suis sûre !

- Pas s’il a affaire à ma fille, rétorqua-t-il en glissant un baiser sur le dos de sa main.

- Oh alors c’est une fille, comment avez-vous décider de l'appeler ?

- Laure Ibiss, annonça-t-il comme s’il s’agissait du plus beau nom au monde, puis en se rapprochant de Marry pour rattraper une de ses mèches de cheveux.

- Chuck, c’est bien parce que tu fais ce genre de chose que ta si gentille femme me déteste, dit-elle ironiquement.

- Elle ne sait pas que je suis ici, rassure-toi.

- Et qu’elle ne le sache jamais, parce qu’elle me hait… C’est une femme, elle sent que tu ne lui appartiens pas totalement.

- Je l’aime beaucoup, mais effectivement, je ne lui appartiendrais jamais entièrement.

- Il faut que tu arrêtes de venir me voir, nous avons un accord : plus de gentillesse, seulement de la compétition, cita-t-elle.

- Aujourd’hui était exceptionnel, parce que tu as failli perdre la personne la plus importante à tes yeux, dit-il en déposant sa main contre sa joue.

- Je l’espère car je ne supporte plus ses regards et ses réflexions… Tu n’as vraiment pas fait le bon choix, ou plutôt ta gentillesse te l'aura fait perdre.

- Je l’ai toujours eu, rectifia-t-il.

- Tu aurais pu avoir Alice Meverald, mais il a fallu que tu te sacrifies, comme à chaque fois. C’est toujours toi qui sauve les autres, mais où est ton bonheur ?

- Cette personne était faite pour Elliot et il semblerait que j’ai un penchant pour les femmes compliquées, fit-il en déposant un baiser sur son front. Bonne nuit, Marry. Saches que malgré notre petit arrangement, tu pourras toujours compter sur moi.

Il lui avait glissé ces derniers mots dans un murmure, caressant son ventre d’un geste et lui jeta un dernier regard avant de partir. Lorsqu’il fut sorti, seule et assise dans son lit, Marry marmonnait :

- Je sais.

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