Chapitre 6 : Baby-Shower.

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Parmi ces dix adolescents torturés, certains me faisaient plus confiance que d’autre et notamment : Marry, Elliot, Alicia et Eglantine. Je peinais à installer une vraie relation de confiance avec le reste d’entre eux.

C’est la raison pour laquelle Michael doutait de moi lorsque je lui affirmais que je n’avais pas donné un rendez-vous à Eglantine dans le but qu’ils se croisent. Au contraire, j’évitais généralement de leur faire du mal supplémentaire en espaçant le plus possible leurs séances. Je ne lui en voulais pas d’être suspicieux à mon égard, car il se protégeait de cette manière. Cependant, il y avait bien une raison valable à cet arrangement :

Alors que je devais voir Eglantine en fin de semaine, elle me demanda de sa douceur habituelle pour décaler la date initiale. Autrement, elle ne pourrait assister à la première visite chez le pédiatre de son petit garçon. Nouvelle qu'elle m'annonça fièrement.

Lorsque je lui confiais qu'elle passerait avant Michael, je ne fus pas surprise de lui découvrir un sourire. Ça signifiait qu'elle le verrait. Je lui trouvais un air plus détaché qui ne m'étonnait pas davantage. Elle venait de donner la vie. La jeune fille fragile que je connaissais était devenue une mère deux semaines plus tôt. Et elle était déjà de nouveau sur les rails.

Entre l'accouchement, les jours à l'hôpital, puis heureusement pour elle, quelques jours à la maison en la compagnie de son fils et son retour à l'école, je la trouvais courageuse. La fatigue marquait son visage d'enfant, mais son assurance la rendait femme. Et avant même de devenir maman, c’est la grossesse qui lui offrit le droit de s’épanouir. La séance qui précédait son accouchement en témoignait :

- Tu as déjà répondue à cette question quelques mois plus tôt, mais maintenant que tu arrives au terme de cette grossesse, comment te sens-tu ? Est-ce que tu appréhendes l’accouchement ? La venue du bébé ? Si tu as des craintes à ce sujet, j’aimerais que tu les partages.

- Je mentirais si je disais que je n’ai pas un peu peur, gloussa-t-elle en déposant ses mains sur son gros ventre, mais je suis impatiente. Peut-être que je me trompe et que je changerais d’avis en le portant dans mes bras le mois prochain, mais je l’aime déjà de tout mon cœur, avoua-t-elle en se dotant d’un sourire tendre. Vous savez, fit-elle en prenant du recul presque émue, ce petit garçon dans mon ventre, après autant de souffrances, je me dis que c’est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Même s’il est né de ses lois grotesques, il n’en ait pas la cause. Alors même si je regrette de ne pas pouvoir faire ma vie avec Michael, je l’ai au moins lui. Et je le traiterais avec respect, je serais une bonne mère pour mon enfant, affirma-t-elle les larmes aux yeux.

De tous, Eglantine avait ce don de m’apaiser et de m’émouvoir. J’avais parfois difficile à garder mon professionnalisme et je dus battre plusieurs fois des cils pour éviter de verser une larme. Son sourire compatissant me permis de continuer mon interrogatoire.

- Vis-à-vis de Michael, commençais-je en me raclant la gorge, je n’ai jamais osé poser cette question de peur que ce soit mal interpréter. Elle vous concerne tous, pourquoi ne pas avoir tout plaquer pour faire ta vie avec lui ? Ce n’est pas une suggestion ou une incitation, mais une réelle question. Maintenant que tu as fait ton choix par toi-même, je me permets de te la poser.

- Parce que, réfléchit-elle, parce que c’est la loi et je n’ai jamais eu le courage d’affronter mes parents. La rupture avec Michael m’a fait beaucoup réfléchir, vous le savez. Et même si j’en ai souffert, j’ai décidé que je ne voulais pas jeter tout de cette vie. Pour mon futur, pour le bien de mon enfant, c’est ce que je pensais avant même d’être enceinte, je souhaite obtenir mon héritage. Dans cette situation où je suis soumise à mes parents, je crois que c’est ma seule porte de sortie. Ils sont tellement cruels, ajouta-t-elle en prenant une expression douloureuse, je ne voulais pas d’une vie avec Michael où nos parents nous harcèlent. À la place, j’ai choisie celle-ci. Bientôt mon bébé sera là, je monterais les échelons de la société et je serais une femme libre qui aura élevé son enfant dans de meilleurs conditions. Cet avenir là m’intéresse bien plus : celui ou quand je serais une adulte accomplie, je pourrais choisir d’être qui je suis vraiment.

- Je te sens très sûr de toi, épanouie, je t’avoue que ça me touche beaucoup, dis-je en clignant encore quelques fois des yeux. Honnêtement je pense que notre travail ensemble touche à sa fin, mais je te laisse le choix de cette décision. Nous pouvons encore prendre rendez-vous dans les jours à venir, ou même plus tard, ma porte reste grande ouverte, tu le sais.

- Je crois que j'aurais encore besoin de vous après l’accouchement, mais je le pense aussi. Je me sens bien et c’est en partie grâce à nos discussions. Merci beaucoup, on ne vous le dit pas assez.

L’émotion me gagna lorsque je la vis sortir de mon bureau. De dos on aurait presque pu croire qu’elle n’était pas enceinte, juste une jeune fille de dix-sept ans comme les autres. Finalement, elle accoucha deux semaines plus tôt que prévu et je la remerciais de me faire confiance pour la suite, prenant rendez-vous pour discuter des chamboulements que provoquait cet heureux événement dans sa vie.

***

Nous les filles, nous avions un code de copine : une espèce d’accord non verbal que nous devions respecter. Quelques règles de plus ou de moins, en tant que Richess ça ne me faisait rien. Parmi les nouvelles qui suivirent nos ruptures, il y en avait une stipulant que nous devions éviter de parler de nos ex petits-amis lorsque nous passions nos soirées toutes les cinq réunies. Et pour contrer celle de nos parents disant que les Richess ne pouvaient se côtoyer, nous avions choisi la maison d’Alicia comme terrain neutre. Et son père nous faisait toujours l’honneur de disparaitre lorsqu’elle nous invitait dans sa jolie demeure. Ils avaient une maison modeste, en campagne. J’adorais m’y rendre et profiter des paysages offrant des champs à perte de vue. La ville n’était qu’à vingt minutes de voiture, là où son père tenait sa boutique d’antiquaire.

Cela faisait longtemps que nous avions prévus cette petite fête qui était censé réunirent cinq futures mamans aux nerfs d’acier. Nous voulions célébrer nos grossesses tant que nos bouts de chou dormaient encore à l’intérieur de nos ventres et pas question d’invités nos hommes. Notre plus grande règle consistait à profiter un maximum de ces moments entre filles avant le passage à l’âge adulte. Malgré nous, il y aurait bien un invité qui se mêlerait à cette célébration et de marque !

Je m’installais à l’arrière de la voiture de location, attachant mon fils avec précaution dans le siège-auto. Je ne voulais prendre aucun risque, tant pour sa sécurité que pour ma discrétion. Jamais je n’aurais pris la limousine si je voulais passer inaperçu, surtout à la campagne.

Le trajet de chez moi jusque chez Alicia prit plus d’une demi-heure. Je m’inquiétais que le temps soit long pour lui, mais il n’en était pas à sa première fois dans la voiture alors qu’il n’avait que trois semaines. En arrivant, mon chauffeur m’aida à sortir le siège de la voiture après que je l’ai couvert. Nous étions en novembre, mais par chance, nous avions droit à une petite éclaircie. Ce jour me parut être le plus beau de toute ma vie, après sa naissance. Mes meilleurs copines allaient rencontrer la chaire de mon sang.

À mon grand étonnement c’est Blear qui m’ouvrit la porte, elle m’accueillit avec un grand sourire, le découvrant dans son siège. Elle me poussa presque jusqu’au salon tout décoré de blanc et de bleu. Les filles y avaient mis tous leur cœur. Alors que c’était notre fête à toutes les cinq, je voyais son nom en lettre de ballons. J’eus un rire en voyant Katerina et Marry assises l’une à côté de l’autre, en train de se chamailler à propos de leurs gros ventres. Elles retinrent toutes les deux un cri lorsque je leur présentais avant de fouiller la pièce du regard.


- Où est Alicia ? m’étonnais-je.

- Elle va arriver, elle est aller chercher quelques boissons supplémentaires, suite à un petit accident, ricana Blear.

- Bon sang, on s’enfiche, il est tellement adorable ! s’écria Marry en se relevant difficilement pour l’admirer de plus près.

- Eh bien en attendant, les filles je vous présente Loyd Akitorishi, dis-je en le prenant dans mes bras pour le donner à Katerina.

- Si petit, souffla-t-elle en le prenant maladroitement.

- Et il te ressemble tellement, tu ne nous avais pas dit qu’il avait hérité de ta couleur ? s'étonna Blear.

- Je voulais garder la surprise, gloussais-je en remettant en place son bonnet qui dissimulait sa chevelure argentée.

- J’y crois pas, elle remet ça, pouffa Marry de rire.

Katerina criait aux hormones à chaque fois que les larmes lui venaient, mais je voyais à ses yeux qu’elle était réellement émue. C’est mon fils qu’elle tenait dans ses bras et elle glissait un doigt sur sa petite joue toute molle avec tant de douceur que je me régalais de la vue. Et puis, enceinte de huit mois, elle stressait énormément.


- Il est si beau, murmura Blear en s’asseyant à ses côtés. C’est pour bientôt n’est-ce pas ? Tu as peur ? ajouta-t-elle en glissant sa main sur son ventre.

- Il est censé arrivé pour le quinze décembre, mais je sens que ce sera plus tôt. Je suis terrifié à l’idée et égoïstement je voudrais qu’il me ressemble autant qu’il te ressemble.

- Tout se passera bien, tu es forte, la rassurais-je en lui faisant un semblant de câlin retenant Loyd de mon autre main.

- Et puis ce sera mon tour le mois d’après ! Vivement qu’il sorte, je n’en peux plus de ressembler à une vache !! s’écria Marry qui s'empiffrait d'un autre gâteau.

- Alors ce sera quatre garçons, dit tout simplement Blear.

- Non ? Toi aussi ?!

- J’attendais la fête pour vous l'annoncer, dit-t-elle en caressant son ventre de quatre mois.

- Quatre garçons, répéta Marry d’un air réprobateur. À croire qu’on ne pond que des petits mecs !

- Ce n’est pas le cas de tout le monde, nous interrompu Alicia qui revenait chargés de sac rempli de sodas. Pour ma part, ce sera une fille !

- Arrête de dire ça tant que tu n’as pas fait les tests ! rétorqua Blear de suite.

- Tu verras que j’aurais raison, je le sens !

Elle déposa les boissons sur la grande table à manger et s’empressa de sauter dans mes bras pendant que Blear roulait des yeux. Je sentis la bosse de son tout petit ventre contre le mien et rit lorsqu’elle fit une blague à ce sujet. Lorsque je lui tendis Loyd, je m’impressionnais du naturel avec lequel elle le prenait dans ses bras. Si nous les copines Richess avions toutes eut peur de donner la vie, elle n’en montrait aucun signe. Je pensais qu’elle était faite pour être mère et je voulais croire au fait que ce serait une fille.

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