La chambre 128

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— Vous verrez, Monsieur, vous serez bien ici, me dit la jeune femme qui m'a conduit jusqu'à la chambre.

Le bâtiment est ancien, plus d'un siècle, style « Belle Époque ». Les noms des entreprises et des mécènes qui ont contribué à sa rénovation il y a quelques années sont gravés sur une plaque de marbre à l'entrée.

La chambre est petite, elle n'a pas de salle de bain.

— Ce n'était pas possible d'en construire, le bâtiment est protégé, explique la jeune femme. Vous trouverez une baignoire et des toilettes dans le couloir. Je vous laisse, n'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quelque chose.

Elle sort. Je regarde machinalement mon visage dans le miroir au-dessus du lavabo. Suis-je si pâle ou est-ce la lumière blafarde de l'ampoule économique ? Les volets sont déjà fermés, la nuit tombe tôt en ce mois de novembre pluvieux. La météo annonce du beau temps pour demain, j'espère pouvoir redécouvrir le parc, et même faire le tour du petit lac à pied.

En attendant de descendre à la salle à manger pour le souper, je vide ma valise. Je range soigneusement mes habits dans l'armoire de bois peinte en gris. Je n'en ai pas pris beaucoup. Je me suis renseigné, on peut les faire laver. Je sens le matelas du lit, il est de bonne qualité, mon sommeil sera paisible.

Je n'étais pas revenu ici depuis ce mois de juillet, j'étais en vacances avec mes parents et mon petit frère. Nous faisions de longues randonnées, nous nous levions très tôt le matin, alors que j'aurais préféré faire la grasse matinée. Que ne donnerais-je pas pour revivre ce temps de l'insouciance et des premiers émois ?

J'ai fait la connaissance de Dominique, nous jouions ensemble. Je suis allé dans sa chambre un soir après le repas pour lui montrer une bande dessinée. Nous avons découvert nos corps, tendrement et innocemment. Nous avons ri après avoir fait l'amour. Je ne l'ai jamais revu après la fin des vacances.

Je me suis toujours rappelé du numéro de la chambre de Dominique, c'était la 128, et c'est celle où je suis en ce moment. C'est ici que je passerai les derniers jours qui me restent à vivre.

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