Le carnet de croquis

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Comme d’habitude, ce fut Jorge qui m’accueillit chez mon grand-père :

— Ah, voici notre petit Julio. Tu as encore grandi.

— Non, Jorge, ma croissance est terminée. Malheureusement.

— Aussi les "cojones" ?

Jorge était l’homme à tout faire de mon grand-père : jardinier, chauffeur, secrétaire, cuisinier et, si l’on en croyait la rumeur, son giton.

— Le Maître est occupé, il m’a dit de te préparer.

— Je me suis trompé de jour ?

— Non, c’est Miguel qui est là, il a pu venir malgré son emploi du temps très chargé.

— Miguel ?

— Oui, le jeune toréador prodige dont tout le monde parle.

Miguel, bien sûr, qui n’en avait pas entendu parler ? Il n’aurait pas pu refuser une invitation de mon grand-père. Jorge me conduisit dans ma chambre, celle où je passais mes vacances lorsque j’étais enfant. Le slip noir était posé sur le lit.

— Tu connais les lubies du Maître, il n’aime pas les caleçons colorés et vulgaires que tu portes d’habitude.

— Oui, je sais… On pardonne toutes les lubies d’un génie.

Le rituel commença. Jorge resta dans la chambre pendant que je me déshabillais, me faisant mille compliments sur la beauté de mon corps, la grosseur de ma bite et la chance qu’aurait mon ami, oui, mon ami, il n’aurait jamais imaginé que je puisse tomber amoureux d’une femme. Moi non plus, d’ailleurs.

Je me rendis dans l’atelier, sur la pointe des pieds, restant timidement dans le fond. Miguel posait, assis, le buste dénudé, l’air fier et bougon.

— Ah, voici notre petit Julio, dit mon grand-père. Tu as encore grandi.

— Sauf les "cojones", grand-papa.

— Ce sera la dernière fois, alors ?

— C’était convenu, j’ai eu dix-huit ans.

— Miguel, nous faisons une pause, Jorge va vous apporter une limonade.

— Bien, Maître, fit le jeune toréador.

Jorge avait devancé les désirs de mon grand-père et il était déjà là avec le verre. Il ne quitta plus la pièce. Mon grand-père sortit le carnet de croquis d’un tiroir en me disant :

— Tu le mettras dans un coffre à la banque, tu connais sa valeur.

— Je ne le vendrai jamais, je te le promets.

— On dit ça, je connais la cupidité de l’âme humaine. Enlève ton slip.

J’hésitai :

— Euh, devant ton modèle ?

— Miguel a déjà vu des bites, celle des taureaux si ce n’est celles des hommes.

Mon grand-père n’avait pas l’habitude de faire de l’humour lorsqu’il travaillait. Cela détendit l’atmosphère et nous rîmes de bon cœur. J’ôtai mon slip, Jorge s’empressa de le prendre et il étira ma bite pour la rendre plus présentable.

— Elle est belle, dit-il à Miguel. Vous ne trouvez pas ?

— Je ne permettrais pas de porter un jugement sur le petit-fils du Maître.

— Silence, maintenant ! fit mon grand-père.

Il ouvrit le carnet à la dernière page. Il dessinait très rapidement : en un quart d’heure, il eut fini, sans qu’un seul bruit ne l’eût dérangé. J’eus de la peine à faire abstraction des spectateurs, surtout de la présence de Miguel. Je bandai.

Mon grand-père me tendit ensuite le carnet en souriant, je le pris, je tremblais en tournant les pages. Il contenait dix-huit croquis, du premier où j’étais un bébé, jusqu’au dernier de ce jour. C’était la première fois que je les voyais, et, oh divine surprise, mon grand-père ne m’avait pas seulement dessiné en pied, il avait également fait chaque fois un gros plan de mon entrejambe. Je rougis en voyant le dernier.

— Merci, grand-papa, dis-je, ému aux larmes.

Je lui sautai au cou pour lui faire la bise. Miguel se rapprocha de moi.

— Je peux aussi le voir ?

— Pose ton verre de limonade avant, dis-je, je ne veux pas d’accident.

Miguel feuilleta délicatement le cahier, il regardait mon pénis pour comparer avec les dessins.

— Maître, pourriez-vous aussi me dessiner entièrement nu ? demanda-t-il à mon grand-père.

— Vos désirs sont des ordres, enlevez vos pantalons.

Miguel obéit, il avait aussi mis un slip noir qu’il baissa rapidement. Je vis pour la première fois les "cojones" de mon amant.

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