5. Chae

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Parce que nous n’avons pas eu d’autre choix que celui de nous adapter et que l’être humain finit par se faire au changement. Le temps est passé relativement vite.

Une année s’est déjà écoulée.

Un an que je n’ai plus vu ma famille ou mes amis.

J’oublie peu à peu le son de leur voix et leur visage, comme un cauchemar qui s’effacerait avec le temps.

Un an que nous sommes sur cette île : c’est passé tellement vite.

Mes cheveux ont poussés : j’ai envie de les couper.

Les bleus que j’ai un peu partout sur mon corps me donnent une légère fièvre, il faut vraiment que j’arrête de me cogner dans les meubles.

C’est vaguement ce à quoi je pense en jouant distraitement avec une de mes mèches noires et lisses, le regard perdu dans les vagues de la mer déchaînée.

La tempête ne devrait pas tarder.

« -Chae. »

Je me dirige vers le canapé sur lequel il est installé. Même après douze mois de cohabitation nous ne connaissons toujours pas leurs noms.

Je m’installe entre ses jambes, froissant quelque peu le kimono en satin vert et aux motifs d’oiseaux bleus que je porte aujourd’hui.

Je sais ce qu’il veut alors je le lui donne. Je l’embrasse comme l’amante que je suis. Douceur, tendresse, une pointe de séduction à la fin en lui mordillant légèrement la lèvre inférieure.

Il sourit et appuie sur le bouton de la télécommande du vibromasseur.

« -J’aime ce son, me dit-il en entendant mes gémissements.

-S’il te plaît, le suppliais-je. »

Il m’embrasse tendrement le front et augmente l’intensité. Je suis au bord de l’orgasme quand il arrête l’engin avant de venir frôler mon clitoris de son pouce.

Cela suffit pour me faire jouir.

Amorphe d’endorphines, je m’écroule contre son torse la respiration haletante.

Ces derniers temps, j’espère toujours qu’il va s’arrêter là ou que s’il veut continuer il va me porter jusqu’à la chambre, mais j’ai comme l’impression qu’il fait absolument tout ce qu’il faut pour que Voix Nasillarde et Alan tombent sur ce genre de scène.

Je ne suis pas une exhibitionniste, cela me met mal à l’aise de le faire dans le salon en plein jour.

Je le sens défaire mon obi et ouvrir les pans du kimono.

Je ne porte pas de sous-vêtement, il n’aime pas devoir me les enlever.

Dans un bruit mouillé, il me retire le vibromasseur et le pose sur la petite table à côté du canapé. Je suis morte de honte, je n’ose même pas le regarder, m’accrochant comme une désespérée à sa chemise de grande marque.

Je le sais parce qu’il aime bien que je l’habille le matin et inversement le soir. La soie ou le lin en fonction de ses envies sont toujours si doux sous mes doigts.

Il attrape mon menton et me redresse le visage de manière à pourvoir planter ses yeux dans les miens, notre échange dure bien une dizaine de secondes avant que je ne détourne le regard, le visage cramoisi.

Il sait bien que cette situation me met mal à l’aise mais il continue à le faire, parfois quand il me sourit, j’ai cette vague impression qu’il prend plaisir à me tourmenter.

Les mains un peu tremblantes, je défais sa ceinture, puis sa braguette avant de sortir son sexe. Il souffle de plaisir lorsque son membre est libéré de la prison trop compacte de son pantalon.

Une main en appuie sur son épaule pendant que l’autre guide, je m’empale sur lui.

Nous gémissons ensemble avant que ses mains ne remontent jusqu’à ma taille pour m’imposer le rythme qu’il souhaite suivre.

Il est toujours aussi gros et bien que cela fasse un an, j’ai mal au début.

La cadence s’intensifie et je l’entends murmurer mon prénom comme un mantra.

« -Je vais jouir, l’informais-je haletante sachant pertinemment qu’il détesterait que je le fasse sans son accord.

-Ne le fais pas, m’ordonne t-il en accélérant. »

Je lutte contre la vague de plaisir mais elle me submerge sans que j’y puisse quoique ce soit. Mon orgasme provoque le sien.

Le plaisir commence à peine à retomber que je m’excuse en pleurant.

« -Je suis désolée, j’ai échoué.

-Tu seras punie, m’assure t-il avant de me prendre dans ses bras pour m’emmener dans la chambre. »

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