Gabriel avait d'abord entendu les cris. Puis en passant devant la ruelle accolée au bar, il les avait vus. Mais au moment où il allait passer son chemin avec mépris, il la reconnut. Elle était en pleurs et gémissait de douleur. Elle leva les yeux et le vit, à l'entrée de la ruelle. Tout était devenu silencieux pour lui. Elle s'était tue et le fixait avec un regard neutre. Les autres hommes continuaient leurs déboires mais elle ne le lâchait pas des yeux. En attente de quelque chose, d'un signe. Parce qu'il comprit à ce moment là qu'il était son seul espoir.

 Il la regarda et se souvint de leur dernière dispute. Elle voulait mourir certes, mais devait-elle souffrir ? elle cherchait de l'aide, à cet instant comme dans toute sa vie. Et personne n'était venu à elle, personne ne l'avait prise dans ces bras et amenée dans un foyer chaud et calme. Si Gabriel le faisait, elle allait le prendre pour son sauveur. Elle ne le lâcherait plus. Elle ne lui apporterait rien de bon. Elle détruirait sa vie.

 Alors Gabriel la fixa une dernière fois et continua sa route vers le pub. Mais après avoir bu son whisky, lorsque les trois hommes entrèrent dans le bar. Il craqua. Il sortit son arme et les tua tous les trois d'une balle dans la tête. A la vue de tous. C'est bon, elle avait détruit sa vie.

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 Ina était seule. Terriblement. Dans son appartement, le regard vide, elle ne pouvait plus attendre. Elle avait reporté dans l'espoir secret que quelque chose se passe. Que quelqu'un la fasse changer d'avis. Mais cette fois, c'était trop. Trop dur. On lui avait toujours reproché quelque chose. Trop maigre, trop grosse. Trop bête, trop intelligente. Trop laide, trop belle. Trop hypocrite, trop sincère. Trop hétérosexuelle, trop lesbienne. Ils ne lui reprocheraient pas d'être trop lâche. Ils étaient tous pourris. Combien de fois l'avait-on rabaissé juste par le fait qu'elle était une femme ?

 Rien n'est à sauver dans ce monde. Ina se leva et se dirigea vers sa salle de bain. On reproche tout à tout le monde. Il y aura toujours un problème. Elle n'arriverait jamais à se fondre dans la masse. Elle se mit nue dans sa baignoire et activa l'eau. Elle était née avec la pensée que le but ultime était de faire le bien autour de soi. On s'occupait de sa vie et si par hasards on rentrait dans la vie de quelqu'un d'autre, on travaillait à faire le bien...mais dès sa dixhuitième années, les choses avaient changé.

 Ina s'était aperçu que personne ne travaillait pour le bien. Chacun travaillait pour lui même. Elle devait donc se plier à la règle, elle devait donc mourir. Elle engloutit une dose excessive de somnifère. L'eau atteignit le rebord de la baignoire. Mais elle n'arrêta pas le robinet. Elle plongea sa tête. Elle était fatiguée.