Il était tard. Très tard. Et la lumière de l'appartement était éteinte depuis un certain temps déjà. Mais Gabriel restait devant. La femme du bar était une flic. Il en était intimement convaincu. Elle l'avait trouvé trop vite, répondu trop vite, payé trop vite. Mais surtout, elle n'avait pas tourné autour du pot comme le font les nouveaux, dans l'espoir vain de se défausser de leurs responsabilités en ne disant jamais clairement les mots qui font d'eux des meurtriers tous comme lui. Elle savait. Elle savait qu'elle était comme lui. Et Gabriel était sa proie car elle savait et lui non. il ne l'avait remarqué que seulement devant cet appartement. Et pourtant, il allait le faire. Où du moins, il lui mettrait la pression, il la charcuterait pour obtenir la vérité. Parce que quoi qu'il se passe, il ne savait faire que ça. Alors la peur d'être arrêté ne l'inquiétait pas. Il aurait se qu'il méritait. Il tuait. Et oui, il y avait beaucoup d'argent. Mais il se foutait de l'argent. Ce qui comptait, c'était le sang, le vide et la souffrance. Pour être moins seul dans sa peine. Oui quand il tuait, Gabriel se sentait enfin accepté. Et c'est pour toutes ces bonnes raisons qu'il avança, rentra dans l'immeuble, dans l'appartement, dans la chambre. Il pointa son arme. Tira.

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 Ina hurla. Sa jambe l'a faisait atrocement souffrir. Elle se tourna et aperçu sa silhouette dans l'obscurité de la chambre. Il était venu et avait tiré. Mais dans sa jambe et non dans sa tête.

'Même ça, tu n'es pas capable de le faire correctement ?!'

L'homme fronça les sourcils avec un mouvement de recul. Mais Ina sut que ce n'était pas son ton dur et sec qui l'avait fait reculer. C'était parce qu'il l'avait reconnu.

'Finit au moins proprement ton travail imbécile.'

Ina se recoucha avec un spasme de douleur. Elle ferma les yeux et attendit que l'homme l'abatte. Elle l'entendit avancer, elle sentit pointer son canon. Et rien.

'Tu es flic ? '

Ina ouvrit de nouveau les yeux et le regarda surprise. Il la toisait avec sérieux et froideur. Ina fut prise d'une irrésistible envie de sourire et son fou rire fit reculer imperceptiblement l'homme. Sa jambe la ramena sur terre et le son mourut dans sa gorge. Il ne dit rien jusqu'a que le silence revienne.

'Bien sur que non. Je veux juste que tu me tues.'

L'homme se détendit, désarma son arme, recula, partit de la chambre, de l'appartement, de l'immeuble, de la vie d'Ina, après avoir lâché dans un souffle :

'Sale folle.'