Carlos Et Les Femmes

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(10h)

C’était la pause « Chez Bruno ». Depuis deux jours, Carlos souffre de bizarres irritations aux mollets. Elodie, toujours au petits soins pour lui, est partie à la pharmacie du quartier en quête d’onguents, de pansements et divers produits dignes d’un hôpital militaire de campagne, pour soulager les petits bobos de son inaccessible catalan.

A dix heures pile, Carlos assiste aux retrouvailles des deux serveuses Emma et Julie. Pas possible, c’est presque lesbien, leurs embrassades. Julie a un petit copain asiate, Kenzo ou quelque chose, Emma couche avec tout ce qui bouge, « Et ce n’est pas moi qui vais la lui reprocher sa joyeuse frivolité », songe-t-il ; « Quoique perso, c’est Julie que je trouve bien plus appétissante ». Toutes les deux se laissent complaisamment draguer par toute la clientèle mâle sans distinction d’âge, plus hétéro que ça tu meurs. Et pourtant Carlos s’attend à voir un jour s’exprimer au grand jour leur mutuelle sortie du placard.

En allant chercher un T-shirt de rechange dans sa chambrette au sous-sol, il surprend au passage une conversation animée entre les deux serveuses dans leur vestiaire. C’est la deuxième ou troisième fois que Julie parle d’un rêve récurrent à propos d’une toile aperçue au musée d’Angers. Une recherche rapide sur Wiki a permis au champion d’épluchage de connaître l’objet des cauchemars de la jolie blonde. Allégorie de la Similitude ou quelque chose du genre...

- T’es où ? crie Elodie, de retour après avoir dévalisé une pharmacie.

- J’arrive, j’arrive, répond l’objet de son désir à sens unique.

Au cours de la réunion préparatoire , pompeusement appelée "briefing" par Frau Krieg, Julie se voit félicitée – une première – par sa ponctualité. Chacun a droit à son petit laïus gentil ou sévère ; tout le monde s’attend à une réprimande à l’égard du casseur d’assiettes digne d’un restaurant grec. Rien. Les serveuses gloussent, Elodie est soulagée, le responsable est dans les nuages, comme d'hab.

Comme d’hab, justement, Carlos esquive la collation en commun pour préparer, dans son cagibi équipé pour, des nouilles instantanées, effet secondaire déplorable d’une trop grande dépendance aux séries coréennes.

(11h30)

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