Sans sourire

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Un homme riche avait une femme qui tomba malade. Cette dernière mourut, le laissant désormais seul avec leur fille unique. Une fois l’hiver passé, quand le printemps revint et avec lui le soleil, l'homme prit une autre femme. Cette dernière avait amené avec elle ses deux filles. Elles étaient belles d’apparence, mais laides de coeur. Alors de bien mauvais jours commencèrent pour la pauvre belle-fille.

  • Faut-il que cette petite idiote reste avec nous ? dirent-elles. Qui veut manger du pain se doit le gagner. Allez ouste, souillon !

Elles lui enlevèrent ses beaux habits, la vêtirent d'un vieux tablier gris et lui donnèrent des sabots de bois. La pauvre enfant dû alors faire du matin au soir de durs travaux, se lever bien avant le jour, porter de l'eau, allumer le feu, faire la cuisine et la lessive. Jamais un sourire ne s’était esquissé sur son visage depuis la mort de sa mère. Elle vivait donc ainsi, travaillant sans relâche tous les jours.


Peu après qu’elle eut passé ses seize ans, elle apprit que le roi donnait une grande fête. Toutes les jeunes filles du pays y étaient invitées, afin que son fils pût se choisir une fiancée. Les deux horribles sœurs furent toutes contentes, et appelèrent leur souffre-douleur, lui ordonnant :

  • Peigne nos cheveux, brosse nos souliers et ajuste les boucles, nous allons au château du roi pour la noce.

Tout en obéissant, la demoiselle osa demander à sa belle-mère si elle pouvait les accompagner.

  • Toi, dit-elle, mais tu es pleine de poussière et de crasse, et tu veux aller à la noce ? Tu n'as ni habits, ni souliers, et tu veux aller danser ? C'est peine perdue, tu ne viendras pas avec nous, car tu n'as pas d'habits et tu ne sais pas danser ! Nous aurions honte de toi !

Là-dessus, la belle -mère lui tourna le dos et partit à la hâte avec ses deux filles superbement parées. Lorsqu’il n’y eut plus personne à la maison, la pauvre enfant se dirigea vers la cuisine.


Les deux sœurs et leur mère se rendirent donc au palais royal. Elles étaient magnifiquement parues, comme toutes les jeunes filles présentes. C’est alors que le prince apparut en haut d’un grand escalier de marbre. Il avait un visage sombre et semblait contrarié par cette histoire de mariage. Il ne fit pas une seule fois un sourire aux jeunes filles qui s’étaient rassemblées pour le voir et qui gloussaient en lui lançant des regards langoureux. Son attitude laissait penser qu’il s’ennuyait. Ce qui n’était pas loin de la vérité.

La fête battait son plein lorsqu’une demoiselle pauvrement vêtue pénétra dans la salle. Elle était si insignifiante que les personnes présentes pensaient qu’il s’agissait d’une simple servante. Le visage pâle et inexpressif se tournait de tous les côtés, cherchant quelqu’un. Elle se fichait bien du prince et du bal. Pour le moment, elle n’avait qu’un seul but en tête.

La belle mère et ses deux filles se trouvaient près du buffet. Leur discussion tournait autour du beau prince qui leur semblait bien charmant. Elles n’avaient pas vu la jeune fille se rapprocher. Elles n’avaient pas vu la lame brillante du couteau. La pauvre Cendrillon se jeta sur l’aînée qu’elle égorgea d’un coup bien placé, avant de faire la même chose à la cadette, sous les yeux horrifiés de sa belle-mère. Elles n’eurent pas le temps de s’enfuir ou de se défendre pour sauver leurs vies. Le cri déchirant de la belle-mère coupa court à la fête, et déjà l’on s'agglutinait autour d’elles pour contempler le massacre.

Un silence pesant s’installa doucement, et alors que personne ne bougeait ou ne parlait, quelqu’un s’était mis à applaudir. Il s’agissait du prince. Il s’approcha de la meurtrière sans aucune peur et prit sa main dans la sienne. Un large sourire se dessina sur leurs visages. Le prince avait enfin trouvé celle qu’il prendrait pour épouse.

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