Le roi au coeur brisé

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Il était une fois, dans un royaume qui connaissait la guerre pour la vivre sans cesse depuis des années, un prince. Ce fils de roi, las des batailles, avait réussi à réconcilier les anciens ennemis qui étaient à présent ses alliés.

Il y eut des fêtes et des festins pendant des mois pour célébrer le prince, mais ce dernier était rongé par la tristesse et l’amertume. Et rien n’y changeait, que ce soient les somptueux présents qui lui furent faits, ou les incessantes demandes en mariages de belles jeunes filles de bonne famille. Il n’avait que faire de tout cela et préférait rester des heures dans sa chambre à soupirer à en fendre le cœur. Personne ne savait pourquoi il se comportait ainsi.

Les jours, les mois, les années passèrent doucement, et le prince était toujours aussi triste. Et sa tristesse redoubla lorsque ses parents moururent, lui laissant le royaume entre les mains. Ils étaient bien vieux, et face à la tristesse de leur enfant, voyant qu’ils ne pouvaient y remédier par quelconque moyen, ils s’étaient laissé mourir de chagrin.

Le nouveau roi régnait sur un royaume paisible, mais il se lassa très vite. Alors il trouva une nouvelle occupation lorsqu’il découvrit un serviteur lui voler des pommes : il l’avait fait pendre dans la forêt, au milieu des animaux sauvages. Inutile de préciser qu’au bout d’une heure il était déjà dévoré. Le jeune roi trouva cela amusant, et cela apaisait la tristesse de son cœur.

Désormais, tous les moyens étaient bons pour torturer ceux qui se trouvaient sur son chemin. Qu’ils fussent innocents ou coupables, il trouvait toujours le moyen d’accuser quelqu’un. Ceux qui se rebellaient étaient enfermés dans les cachots en attendant leur funeste sort. Cachots qui furent très vite remplis, et le roi ordonna la construction d’autres cachots, plus grands. Au fur et à mesure, il n’y eut plus personne pour servir le jeune roi. Tout le monde avait fui. Chacun craignait pour sa vie. Alors le prince restait seul, sa tristesse l’envahissait à nouveau. Il se jura que la prochaine personne à se présenter devant lui le paierait de sa vie.

Un jour, une belle jeune fille arriva dans le royaume. Elle s’arrêta dans une ville pour se reposer, car elle avait beaucoup marché. Comme il était rare de voir une beauté si exquise dans la contrée, on lui demanda d’où elle venait et ce qu’elle allait faire ici. Ce à quoi cette dernière répondait :

  • Je vais au château. Il me faut voir le roi de cette contrée.
  • Mais c’est à la mort que vous courrez ! Notre roi n’est plus lui-même depuis qu’il a mis fin à la guerre. La tristesse a envahi son cœur et il ne trouve de joie que dans la torture. Aller là-bas signifie votre mort!
  • Je le sais, mais il me faut absolument aller là-bas.

Et souriant aux personnes qui étaient là, incrédules devant tant d’innocence, elle se remit en route vers le château du roi.

Il était là, seul dans la grande salle du trône. Il ne l’avait pas entendue entrer, et c’est avec deux grands yeux écarquillés par la surprise qu’il la regardait. La voix du roi résonna alors dans la salle du trône :

  • Ah ! Te voilà enfin ! Je t’ai attendu si longtemps… Mais il est beaucoup trop tard à présent vois-tu. C’était lorsque je t’avais libérée qu’il fallait me rejoindre. Je me rappelle t’avoir suppliée de venir avec moi et de devenir ma reine. Mais tu as refusé. Pourquoi venir me rejoindre maintenant, petite ingrate ?
  • Mon doux prince, si je suis venue jusqu’à vous, c’est pour mettre un terme à votre folie. Par votre faute, le royaume tout entier souffre.
  • Je n’ai que faire de ce royaume. C’est toi que je voulais.

La jeune fille sentit son cœur se serrer dans sa poitrine, mais il fallait qu’elle le fasse. Elle fit mine de s’approcher du roi, et sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit, lui planta un poignard dans le cœur. Un mince filet de sang s’était mis à couler le long de ses lèvres, et la dernière chose qu’il vit était les yeux remplis de larmes de celle qu’il avait aimée. Elle resta près de lui jusqu’à ce qu’il rendre son dernier souffle, ce qui n’arriva qu’à la tombée du jour. Puis elle le laissa là, seul dans son château, et repartie comme elle était venue.

Seule une immense tristesse habitait son cœur et ne la quittera jamais plus.

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