La poupée qui voulait devenir humaine

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Il était une fois, dans un petit village sans histoire, une vieille femme dont la passion était la création de poupées. Un jour, elle parvint enfin à terminer ce qu’elle appelait son chef-d’œuvre : une poupée de taille humaine, ressemblant à une petite fille. Elle avait un teint de porcelaine, de magnifiques cheveux bouclés et blonds, et deux grandes billes de verres couleur émeraude étaient ses yeux. Cette poupée était même douée de parole.

A peine la vieille femme avait-elle terminé les derniers arrangements de sa poupée, que cette dernière lui posait déjà plein de questions. Pourquoi est-ce qu’il faisait jour ? Pourquoi le ciel était bleu ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi…

La pauvre vieille avait bien du mal à lui répondre de manière satisfaisante.

Margot. C’est ainsi que la vieille femme appelait la poupée qu’elle considérait comme son propre enfant. Et Margot savait que quelque chose n’allait pas. Elle jouait souvent avec les enfants du village, et avait remarqué que ceux-ci grandissaient, changeaient… Pourquoi pas elle ? Elle posa la question à celle qu’elle appelait sa mère :

  • Ma mère, pourquoi est-ce que je suis la seule à ne pas grandir parmi mes amis ?
  • Tu n’es pas vraiment une enfant Margot, tu es une poupée… Mais je te considère vraiment comme ma fille, tu sais !
  • Comment puis-je faire pour devenir comme mes amis ?
  • Il te faudrait un cœur, une âme et un corps, ma chérie…
  • Mère, pourrais-je devenir humaine un jour ?
  • Je suis désolée Margot, mais ce n’est pas possible…

Et la vieille détournait la tête pour cacher ses larmes. Margot était bien décidée à devenir humaine. Et ce, par tous les moyens.

Un matin, on retrouva les restes du corps d’une petite fille dans les environs du village. Elle avait été mutilée de telle façon qu’elle en était méconnaissable. La vieille femme l’avait reconnue : il s’agissait d’une petite fille qui jouait souvent avec Margot. D’ailleurs, cette dernière la trouvait très jolie. La vieille se dit que ce n’était qu’une simple coïncidence.

Le lendemain, ce fut le corps sans vie d’un petit garçon que l’on retrouva. Il avait un trou béant dans la poitrine, et son cœur avait disparu. La vieille femme l’avait reconnu : il s’agissait d’un petit garçon avec lequel Margot jouait souvent. D’ailleurs, cette dernière trouvait qu’il avait bon cœur. La vieille se dit que ce n’était qu’une simple coïncidence.

Le surlendemain, ce fut le prêtre du village que l’on retrouva sans vie. Il n’avait aucune blessure et semblait dormir paisiblement, mais il était bel et bien mort. La vieille femme le connaissait bien : Margot parlait de lui comme d’un homme dont l’âme était la plus belle du monde. Elle soupçonna alors sa petite poupée.

Cela faisait des heures que Margot s’était enfermée dans sa chambre, et la vieille eut beau l’appeler, elle ne répondait pas. C’est lorsque la nuit fut tombée sur le petit village, qui pleurait trois des leurs, qu’elle consentit à sortir de sa chambre. Elle alla voir sa mère, un large sourire illuminant son nouveau visage.

  • Regarde mère, regarde mon nouveau corps, regarde mon nouveau coeur, regarde ma nouvelle âme ! Je suis devenue humaine à présent ! Je pourrais grandir comme les autres enfants !

La vieille, horrifiée par ce qu’elle venait d’entendre et de comprendre, tomba raide morte sur le sol : Margot venait de faire sa quatrième victime.

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