Ne pleure pas Azel

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La belle princesse pleurait toutes les larmes de son corps. Et ce n’était pas la première fois. Depuis la mort de sa mère, elle subissait presque tous les jours les assauts outrageux de son père. Elle passait la plupart de ses journées à pleurer dans sa chambre, sous les yeux tristes et bleus de Yan, son valet. Ce dernier lui demandait d’une voix douce, comme à chaque fois :

  • Ma princesse Azel, est-ce-que tout va bien ?
  • Mon fidèle Yan, je pourrais pleurer ainsi jusqu’au matin.

La voix de la princesse tremblait à chaque fois qu’elle prononçait ses mots. De longs sanglots s’échappaient de ses lèvres. Ses yeux étaient gonflés et rougis par les nombreuses larmes versées. Et Yan, le valet fidèle, la trouvait toujours aussi belle.

C’était ainsi tous les jours.

Une fois de plus, le roi l’avait prié de sortir de la chambre. Une fois de plus, il avait vu les yeux agrandis par la terreur de la jeune fille. Encore une fois, elle pleurait. Et Yan, de sa douce voix, lui demandait encore une fois :

  • Ma princesse Azel, est-ce que tout va bien ?
  • Mon fidèle Yan, je pourrais pleurer ainsi jusqu’au matin.

Et elle s’était remise à pleurer. Mais Yan s’était juré que ce serait la dernière fois. Il ne supportait plus de voir sa tendre princesse dans cet état. Dans ses larmes, elle se disait maudite, elle se pensait monstrueuse, et le fidèle valet eut du mal à la faire se calmer.

  • «Yan, mon fidèle valet, je vais brûler en enfer !
  • Ma princesse Azel, cet homme est un monstre, ce n’est plus votre père !
  • Je ne le sais que trop bien, mais que pourrais-je faire ?
  • Princesse Azel, je serais votre lumière…

Cette nuit-là, la lune était cachée par de gros nuages noirs. Comme d’habitude, Yan, le fidèle valet, allait retrouver la princesse pour s’enquérir de sa santé. Et encore une fois, ce fut en larmes qu’il la retrouva. La princesse Azel était méconnaissable. Ses longs cheveux étaient emmêlés, ses yeux semblaient vides de toute vie. Elle avait l’air épuisée. Il la secoua doucement en prononçant son nom. La princesse avait relevé la tête vers lui, doucement, et sa main tremblante s’approcha doucement du visage du valet et se posa sur sa joue.

  • Yan, mon fidèle Yan, pour moi, tu es venu…
  • Ma princesse Azel, la fuite à présent est notre seul but…

Alors, dans la nuit noire, la princesse Azel et son fidèle valet avaient pris la fuite. Fuir cet enfer pour Azel, et fuir la tyrannie du roi pour Yan. Hélas, mille fois hélas… Ils furent rattrapés par les gardes du roi et leur escapade n’avait duré que quelques heures. Et tandis qu’on les ramenait au palais sous bonne escorte, Yan, de sa voix douce, demanda à sa princesse :

  • Ma princesse Azel, est-ce que tout va bien ?
  • Mon fidèle Yan, je pleurerais ainsi jusqu’au matin.

Ils furent menés au-devant du roi qui les dévisageait d’un grand sourire des plus sadiques. Il s’adressa à ses hommes qui se trouvaient là :

  • Qu’on lui donne deux cents coups de fouet, ainsi, il paiera l’affront qu’il a fait la princesse et à la famille royale !

Face à tant de cruauté gratuite de la part de son père, la princesse Azel osa protester.

  • Père, je vous en supplie, arrêtez !
  • Tu veux que je le laisse en vie, alors qu’il t’a enlevée ?
  • Arrêtez ça, c’est trop cruel ! Arrêtez !
  • Tu es amoureuse de lui ? Un simple valet ?
  • Père, vous avez tellement changé…
  • Si tu n’étais pas tombée amoureuse de ce valet, tout cela ne serait jamais arrivé !
  • Père vous me dégoûtez !

A la suite de cet entretien plus que houleux, Azel fut enfermée à double tour dans sa chambre. Et elle pleurait à nouveau toutes les larmes de son corps en pensant à son pauvre valet.

Yan avait été emmené dans les cachots. Il fut torturé de mille et une façons différentes, le roi prenant plaisir à le voir souffrir.

Au bout de trois jours, il fut condamné à être pendu à midi. Yan n’avait rien dit. Il était beaucoup trop épuisé par les multiples souffrances qu’on lui avait infligées. Il se contenta de lever la tête, les yeux triste et bleu. Il repensa à la douce princesse Azel.

Le roi alla retrouver cette dernière dans sa chambre pour lui annoncer la mise à mort de son valet. Cette fois-ci, contre toute attente, la princesse ne versa pas une seule larme. Comme il en avait été décidé, Yan fut pendu à midi, sous un magnifique soleil. Ses dernières pensées étaient pour sa princesse.

  • Ma princesse Azel, est-ce que tout va bien ?

Mais elle n’était pas à ses côtés pour lui répondre cette fois-ci. Et lorsque le roi fut assuré que le valet n’était plus qu’un cadavre, il monta dans la chambre de sa fille pour lui annoncer la nouvelle. Il tourna doucement la poignée, et ce qui l’attendait le pétrifia de surprise. Face à lui se balançait au bout d’une corde, le corps sans vie de la princesse Azel.

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