Le fil de la vie

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Il était une fois, un enfant qui vivait dans un petit village reculé au bas d’une immense montagne. Il avait perdu ses parents très tôt, et c’était sa grand-mère qui s’était occupée de lui.

Depuis, le petit garçon était devenu un jeune homme apprécié de tous. Il rendait facilement service à son prochain, aidant autant qu’il pouvait, comme on le lui avait appris.

Un jour, sa grand-mère vint à tomber malade. Se sentant proche de la mort, elle appela son petit-fils à son chevet. De sa voix presque éteinte, elle lui fit promettre de lui ramener des fleurs sur sa tombe. Mais pas n’importe quelles fleurs : celles qui ne poussaient qu’en haut de la montagne. Tout le monde savait que c’était un endroit dangereux, et ceux qui s’étaient risqués à aller là-bas n’en étaient jamais revenus. Malgré tout cela, le jeune homme promit. Sa grand-mère mourut peu après, le laissant désormais seul. Il devait se résoudre à tenir sa promesse coûte que coûte. Il prépara un baluchon rempli de vivres, sa bourse remplie de pièces, puis se mit en chemin pour atteindre le sommet de la montagne.

Sur sa route, il rencontra une toute jeune fille qui ne devait pas avoir plus d’une dizaine d’années. Elle portait une jolie robe lavande, ainsi qu’une couronne dorée ornée de sept étoiles. Lorsqu’elle le vit, elle lui demanda de sa petite voix :

  • Est-ce que c’est au sommet de la montagne que tu te rends ?
  • Hélas, j’ai fait la promesse d’en revenir avec des fleurs que je déposerais sur la tombe de ma grand-mère.
  • Si jamais tu vas là-bas, ton œil droit tu perdras !

Et sur ses mots, elle disparut. Sourd aux mises en garde de la jeune fille qu’il pensait être un lutin de mauvais augure, il continua sa route.

Moins d’une heure après sa rencontre étrange avec la jeune fille, le voyageur fit face à deux bandits qui en voulaient à sa bourse qui, ma foi, était plutôt bien remplie. Il réussit à les mettre en fuite, mais il perdit son œil droit dans la bataille.

  • Je suis encore vivant, alors pourquoi me plaindre d’un œil perdu ?

En continuant son chemin, le jeune homme rencontra une jeune femme. Elle portait une robe parsemée d’étoile. Elle était très belle, mais son regard était rempli de tristesse. Elle lui demanda de sa douce voix :

  • Est-ce que c’est au sommet de la montagne que tu te rends ?
  • Hélas, j’ai fait la promesse d’en revenir avec des fleurs que je déposerais sur la tombe de ma grand-mère.
  • Si jamais tu vas là-bas, ton bras gauche tu perdras !

Et sur ses mots, elle disparut. Sourd aux mises en garde de la jeune femme qu’il pensait être une fée de mauvais augure, il continua sa route.

Peu de temps après cette rencontre, le voyageur fut attaqué par un énorme loup. Il avait fini par le mettre en fuite, mais avait perdu son bras gauche pendant la bataille.

  • Je suis encore vivant, alors pourquoi me plaindre d’un bras perdu ?

En continuant son chemin, le jeune homme rencontra une vieille femme toute de noir vêtue. Elle lui demanda de sa voix railleuse :

  • Est-ce que c’est au sommet de la montagne que tu te rends ?
  • Hélas, j’ai fait la promesse d’en revenir avec des fleurs que je déposerais sur la tombe de ma grand-mère.
  • Si jamais tu vas là-bas, c’est ta vie que tu perdras !

Et sur ses mots, elle disparut. Sourd aux mises en garde de la vieille femme qu’il pensait être une sorcière de mauvais augure, il continua sa route.

Le voyageur arriva finalement au sommet de la montagne. Cela lui avait pris des journées entières pour la gravir, mais il y arriva. Et devant lui se tenaient les fleurs qu’il recherchait. Elles lui avaient coûté son œil droit et son bras gauche. Tandis qu’il se penchait pour les ramasser, il aperçut les trois femmes qui l’avaient mis en garde sur son chemin. La plus jeune tenait une quenouille, la jeune femme mettait un long fil rouge qui en découlait sur le fuseau, et la vieille tenait une paire de ciseaux. Cette dernière était prête à le rompre. Il suffisait d’un coup. Elle s’adressa ainsi au voyageur :

  • Nous avons essayé de te prévenir toutes les trois, mais tu n’as pas voulu prêter ton oreille à nos justes paroles. Quand j’aurai tranché le fil de ta vie, alors tu ne seras plus…

Le ciseau coupa le fil, et le jeune homme tomba raide mort sur le sol. Les nornes avaient pourtant tenté de le prévenir, mais il ne les avait pas écoutés.

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