Episode 38 : En cavale (partie 1)

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Leo flânait nonchalamment entre les rayons de la supérette en remplissant son chariot de chips, soda et autres petits plaisirs de la vie. Il fit également le plein de cigarettes sous le regard désapprobateur d’Hana. Il lui adressa un sourire éclatant en jetant un autre paquet sur le tas.

Les clopes c’est la vie !

Elle leva les yeux au ciel puis se détourna pour voir ce que fricotaient les jumeaux et Mo. Cette dernière déambulait un peu plus loin, une expression de profond ennui sur le visage.

Leo la trouva presque mignonne dans sa robe à fleurs.

Il n’arrivait toujours pas à croire que Mo soit bel et bien la Mort. C’est vrai qu’elle était creepy et tout, mais Leo avait vraiment du mal à l’associer à la Grande Faucheuse. A cette chose qui l’avait longuement fixé avec intérêt cette nuit là. Là maintenant, il ne voyait juste… qu’une jolie petite gamine aux airs coincés. Une Miss secrétaire quoi !

Le jeune homme lâcha un petit rire. C’était quand même ironique ! Depuis le temps qu’il essayait de lui échapper, voilà qu’il était en train de côtoyer quotidiennement la Mort. Non, mais sérieux ?

Tout en ricanant, il ajouta un pack de bière dans son caddie puis se dirigea vers le guichet, une main dans la poche. Arrivé devant le comptoir, il s’empara d’une boite de préservatifs qu’il posa négligemment devant le caissier. Ce dernier le regardait bizarrement, mais Leo n’y prêta pas trop attention, distrait par l’arrivée d’Hana et les autres. La jeune femme rougit en voyant la boite et Leo lui adressa un clin d’œil charmeur.

La dernière fois, ils avaient complètement zappé ce détail. Maintenant, elle ne pourra pas lui reprocher de ne pas être prévoyant ou un truc du genre. Enfin… s’ils recouchaient ensemble bien sûr. C’était il y a trois jours et ils n'avaient pas encore eu le temps d’en parler, trop occupés à mettre le maximum de distance entre eux et cette foutue ville fantôme.

Leo jeta un petit coup d’œil vers la jeune femme et se sentit un peu bizarre. Toutes ces années et elle n’avait pas changé : toujours aussi belle, douce et parfaite… Comment pouvait-elle encore s’intéresser à un connard comme lui ? Mais il n’avait pas rêvé, cette nuit là, il avait vu le désir, mais aussi du bonheur dans ses iris marrons. Elle s’était blottie contre lui, contente… Et pour la première fois depuis longtemps, Leo aussi s’était senti… heureux.

Tout en rêvassant de cette nuit, ses yeux se posèrent machinalement sur la télé installée en hauteur derrière le vendeur.

Il se figea en voyant les infos, puis croisa le regard paniqué du caissier. Ce dernier glissait précipitamment une main tremblante sous la table, mais Leo parvint à la saisir juste à temps.

« N’y pense même pas », ricana-t-il en dégainant aussitôt son pistolet caché sous son blouson. Il pointa l’arme entre les deux yeux de l’autre qui se liquéfia immédiatement sur place. « Les mains sur le comptoir vite ! »

« Mais qu’est-ce que tu fais ? », s’exclama Hana, effarée, tandis que les quelques clients de la supérette s’agitaient avec effroi autour d’eux.

Sans répondre, le jeune homme recula vers la porte du magasin de manière à bloquer la sortie et sortit tranquillement son deuxième flingue.

« Tout le monde vient par ici et je veux voir toutes les mains en l’air, bien en vue », lança-t-il à la cantonade en agitant négligemment ses armes. « Et surtout que personne n’essaie de jouer les héros d’accord ? »

« Leo, c’est quoi ce cirque ? » demanda Kaleb en s’approchant, les bras plein de snickers et autres barres chocolatées. « On va braquer la supérette ou quoi ? Parce que moi j’ai encore un peu d’argent pour payer… »

« Les infos », aboya l’interpellé et les autres levèrent enfin la tête vers la télé.

Une chaine locale était en train de diffuser les photos d’un fugitif activement recherché… qui n’était autre que Leo ! Ce dernier était annoncé comme très dangereux, mais aussi qu’il tenait trois otages, dont les héritiers Sykes.

Le trio ouvrit grand la bouche lorsque les clichés dévoilèrent leurs têtes. Un journaliste apparut ensuite pour encourager les citoyens à prévenir immédiatement la police si jamais ils avaient des infos qui permettraient de retrouver et attraper Leo, mais surtout de sauver les « pauvres » otages.

« Eh bien, notre brave (Leo s'interrompit et jeta un œil sur le badge du caissier) Stan que vous voyez là était sur le point de se comporter en citoyen modèle… donc j’ai dû sortir mes flingues. Voilà, vous connaissez toute l’histoire. »

Puis il se tourna vers les quelques clients de la supérette qui s’étaient amassés près de la caisse en écarquillant les yeux de frayeur.

« Ecoutez, on n’est pas là pour braquer le magasin et encore moins pour tuer qui que ce soit, d’accord ? Donc personne ne sera blessé TANT que vous n’essayez pas de faire comme ce bon vieux Stan et prévenir la police. On va juste emporter nos courses tranquilles et partir loin d’ici. Tiens Stan, on a même de quoi payer ! »

Leo fourragea difficilement dans une des poches de son blouson. Il en sortit une liasse de billets verts qu’il jeta négligemment vers le comptoir.

Du coin de l’œil, il vit un type dans la foule glisser discrètement une main suspecte dans sa veste… Le jeune homme lui pointa alors son pistolet dessus et tira.

« J’ai dit : personne ne joue les héros », dit-il sèchement en le regardant droit dans les yeux, tandis que les autres criaient et gémissaient d’épouvante autour d’eux.

Le regard écarquillé, l’autre avait désormais les mains en l’air, un Smartphone dans l’une d’elles. La balle était passée à quelques millimètres de son visage, lui blessant très légèrement la joue.

« A ta place, j’écouterais ce qu’il dit humain », commenta brusquement Mo, faisant sursauter tout le monde. Elle était apparue comme par magie derrière le pauvre type et le fixait de ses grands yeux dorés sans ciller, la tête légèrement penchée sur le côté et les mains derrière le dos.

Elle était tout simplement flippante.

« Il y a une semaine, cet… enragé (elle fit un signe de tête méprisant vers Leo) a tué de sang-froid deux personnes qui l’ont énervé. Tu pourrais être le prochain… dans ce cas ce serait vraiment dommage, parce que je ne pourrais pas faucher ton âme. Tu vas alors rester coincer sur Terre jusqu’à ce que je puisse reprendre mon travail de Grande Faucheuse. »

Son monologue fut suivi d’un long silence choqué et l’autre finit par lâcher son portable en la regardant comme si elle était folle.

Leo leva les yeux au ciel. Ce n'était pas cette brillante intervention de Mo qui allait aider à calmer tous ces malheureux. Il était pratiquement sûr que dès qu’ils seront partis, l’un de ces ploucs allait se faire une joie de prévenir la police. Or pas question d’avoir les flics sur le dos !

Enfin, pour l’instant.

Le jeune homme haussa les épaules en soupirant bruyamment. Il n’avait donc pas le choix. Il va falloir s’occuper de tous ces gens…

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